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Communauté JuiveIdentité nationale: refuser ce débat, par Tzvetan TodorovJe rappelle d'abord que l'expression «identité nationale» recouvre plusieurs réalités bien distinctes. Il existe une culture nationale, culture française en l'occurrence, qui partage les caractéristiques de toutes les cultures de ce type. A savoir: elle est en perpétuelle transformation (le pays que nous appelons la France, pour ne prendre que cet exemple, a une population qui s'est réclamée d'abord du paganisme, ensuite du christianisme, enfin de la laïcité); et elle est plurielle, car tous les membres d'une société ne partagent pas les mêmes convictions: par exemple, cohabitent aujourd'hui en France des catholiques, des protestants, des juifs, des musulmans et, bien sûr, de nombreux athées. La culture ne se réduit évidemment pas à la religion, en font partie aussi la langue, l'histoire, les codes de comportements, les traditions, les ?uvres d'art. Un ministère est chargé de transmettre à tous les habitants du pays une sélection de ces caractéristiques culturelles, c'est celui de l'Education nationale (par un enseignement, obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans). Mais cette sélection elle-même n'est pas inamovible, et tous les dix ou vingt ans le ministère fait réviser par des spécialistes les programmes d'enseignement. En deuxième lieu, existe une appartenance civique et administrative: on est citoyen d'un pays ou on ne l'est pas. Alors que l'acquisition d'une culture est un processus lent et progressif qui connaît le plus et le moins, qui au fond ne s'arrête jamais, l'acquisition d'une citoyenneté est un acte ponctuel: ou bien on est né dans le pays, et alors elle est automatique, ou bien on vient d'ailleurs, et elle vous est octroyée par un décret de la République. On peut choisir d'être le citoyen de tel pays plutôt que de tel autre, on ne choisit pas de naître au sein de cette culture-ci plutôt que de celle-là. Tous les citoyens sont obligés de se soumettre aux lois en vigueur dans le pays: ils ont des devoirs, contrepartie de leurs droits. En revanche, cette appartenance-là ne dépend en rien de leurs sentiments, lesquels, sauf dans les Etats totalitaires, relèvent de la sphère privée. On ne demande pas aux citoyens d'aimer leur pays (beaucoup de Français de souche ne le font pas), mais de respecter ses lois. Retenons enfin un troisième type d'identité, celle qui provient de notre attachement à un ensemble de valeurs morales et politiques. Par exemple, en France, on tient aux principes fondamentaux de la démocratie, à l'Etat de droit, à la protection des minorités, au respect de la dignité de chacun. Mais, la plupart du temps, ces valeurs ne sont pas une caractéristique propre au pays. D'abord parce que sa population est hétérogène et que tous ne partagent pas les mêmes idéaux, comme en témoigne la pluralité des partis politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, ou l'existence d'autres groupes idéologiques. Ensuite parce que les valeurs ont, en elles-mêmes, une vocation universelle, et, de fait, se retrouvent dans les différents pays de l'Union européenne, voire, souvent, bien au-delà. La confusion rend le débat impraticable Ce sont ces trois ordres de réalité (et peut-être d'autres encore) qui se trouvent confondus derrière la formule «identité nationale». Or la confusion rend le débat impraticable. La citoyenneté ne relève pas d'un débat, on l'a ou non. La culture peut faire l'objet de discussions, on voit bien en quoi pourraient être éclairantes les contributions des historiens et des sociologues, mais non en quoi cela pourrait ou devrait changer la politique du gouvernement: l'évolution de la culture ne dépend pas des administrateurs. Enfin le débat sur les valeurs n'a pas besoin d'être institué, puisqu'il se poursuit quotidiennement, dans les assemblées et dans les médias; la vie publique n'est, en un sens, rien d'autre. La confusion des ordres nous aveugle: s'il faut empêcher que des femmes soient battues en France, ce n'est parce que cette pratique est contraire à l'identité française (du reste, elle ne l'est pas...), mais parce qu'elle est contraire aux lois du pays et aux valeurs qui les inspirent. A moins qu'il s'agisse, dans l'initiative présente, de tout autre chose que de l'identité nationale, comme le suggère d'ailleurs l'inclusion de cette expression dans l'intitulé d'un ministère qui s'occupe uniquement des rapports avec les étrangers - comme si cette identité en dépendait exclusivement. Il n'en est pourtant rien: l'identité française a changé bien plus profondément par l'accession des femmes au vote ou, vingt-trois ans plus tard, au droit à la contraception, que par la présence, sur le sol français, de minorité polonaise, portugaise, algérienne ou malienne. La stigmatisation des étrangers, bouc émissaire commode pour tous les démagogues, peut être utile pour gagner une élection; mais je refuse de m'y associer. Tzvetan Todorov, historien et essayiste Image de une: bandeau Wikipedia littérature Si vous avez aimé cette contribution, vous pouvez lire les autres, de chroniqueurs ou de lecteurs. Vous aimerez peut-être aussi «Jean-François Copé: Identité nationale, réussir le débat» et «Les raisons du retour du débat sur l'identité nationale». N'hésitez pas à participer au débat en nous envoyant vos contributions: etrefrançais.slate @ gmail.com 14 commentaires
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Il faudrait peut-être se poser la question:"pourquoi un tel débat, à un tel moment?"
Il est évident que nous vivons un véritable "déni de l'identité nationale", non à cause de l'évolution, normale, du temps, mais "contraints et forcés" par une véritable agression contre les valeurs traditionnellement reconnues comme "françaises".
A commencer par la religion, dont des sauvages veulent à tout prix "effacer" les traces: construction de + en + de mosquées pour concurrencer/éliminer les églises en place. Prières dans les rues où des "sans-gêne" étalent des tapis au vu et au su de la population, l'empêchant de passer par là à ces moments-là, perturbant la circulation, etc.. sans que ces manifs non autorisées ne gênent les autorités, qui préfèrent "regarder ailleurs".
Et je ne parle même pas des synagogues, "jetées aux oubliettes" et à peine protégées par la république...
Ce débat n'est, à mon avis, qu'un leurre de plus pour "imposer" le culte muzz tout à fait officiellement, cette fois-ci. Une sorte de constat de "fait accompli", en quelque sorte... A méditer...
AM ISRAEL HAY
Il faut arrêter d'assimiler la critique des immigrés maghébins avec l'insertion pacifique des Juifs. Les prisons n'ont jamais été saturées de Juifs ! Les tribunaux rabbiniques ne se substituent pas aux tribunaux républicains. Le débat pose des questions tabous que les lâches se refusent à débattre. Ira-t-il jusque là ?
Pour M.Todorov, je lui signale qu'Hitler est mort comme Pétain et qu'il ne faut pas être anxieux pour une remise à plat des comportements collectifs. Je souhaite que l'on répéte la notion de devoirs occultée par les prédateurs du pays. Aimer son pays est une nécessité. Les générations qui ont combattu pour le confort des bobos actuels ont donné leur sang. Quelle meilleure preuve d'amour ! Que feront les immigrés à double nationalité ? Merci de me répondre sans apriori.
AM ISRAEL HAY
Ryad.
A ta place, il y a longtemps que je me serais "tiré".
Mais, tu dois être "une figure de marbre" comme on dit, et il faut bien "faire le rapporteur" à tes ma...quereaux.
Continue à courir et à mentir, c'est ta destinée....
AM ISRAEL HAY