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Ticha Béav : comment ressentir la perte du Beth-hamikdach ?

Ticha Béav : comment ressentir la perte du Beth-hamikdach ? - © Torah Box

 La période que nous traversons est marquée par de nombreuses interdictions et coutumes de deuil. Par exemple, depuis roch 'hodech av jusqu'après tich'a béav, nous ne prenons plus de viande ni de vin (à l'exception du chabbat). De plus, à partir de la sortie du chabbat précédant tich'a béav, jusqu'à la fin du jeûne, il est interdit de se laver à l'eau chaude ou de mettre des habits frais [il faut donc "préparer" les habits que nous porterons, en portant chaque tenue pendant au moins une heure]. Notons que certaines communautés ont des coutumes encore plus strictes, et on ne doit pas se référer à ses quelques lignes pour changer son habitude.

Ces lois nous aident à sentir le deuil que nous portons sur la destruction du temple. Elles ont le potentiel d'éveiller en nous la véritable tristesse : celle d'avoir perdu une approche avec D' et de savoir la gloire divine en exil.

A priori, on peut se demander à quoi servent toutes ces lois.  En effet, le principal travail au cours de cette période est de s’attrister sur le manque de proximité avec D', alors pourquoi doit-on le faire par des actes "extérieurs", tels que les interdits mentionnés plus haut ?

La réponse à cette question se trouve dans le messilat yecharim (« La voie des justes », disponible en français). Dans le septième chapitre, l’auteur (le Ram'hal) explique comment éveiller sa motivation pour la thora et les mitsvot. [En effet, on peut être conscient de la nécessité et de la grandeur d’accomplir les mitsvot avec amour et entrain, mais un véritable éveil des sentiments reste difficile.]

Le Ram'hal  explique que cet exploit est possible en soumettant notre corps au service divin. En effet, il est plus facile de se forcer à certaines actions physiques et "extérieures" que d'intensifier un sentiment. Or, puisque « notre cœur est entraîné par nos actions », nous réussirons à acquérir un puissant amour de D' et des mitsvot.

Imaginons par exemple que l'on désire réciter les bénédictions avec ferveur et dévotion. Nous avons compris (dans l’intellect) qu'une "belle bénédiction" est un moyen de remercier le Créateur pour ce qu'il nous a donné et nous désirons la réciter avec concentration. Mais voici que lorsque nous arrivons à la pratique, nous ne sentons pas cette merveilleuse sensation de reconnaissance et nous ne savons pas comment y remédier. Le messilat yecharim nous conseille alors de réciter la bénédiction avec un ton d’émerveillement et de joie. Ainsi, il nous sera plus facile d'arriver à ressentir le sentiment désiré. Ce conseil peut nous aider à aimer la thora et chaque mitsva. Dans le même sens, le rav Aïzik Scher, recommandait à ses élèves de s'habituer à presser le pas au moment d'aller à la maison d'étude.

Cependant il est possible de constater que certains comportements ne mènent à aucun  sentiment provenant de l'intériorité. De nombreuses personnes respectent les coutumes de D' sur la destruction du temple, mais ne ressentent pas pour autant un véritable chagrin sur cette catastrophe. Il faut donc comprendre la raison de ce manque.

J'ai entendu du rav Ya'akovson une explication qui saurait nous répondre: il est vrai que nos actions ont le pouvoir d'influencer notre intériorité, mais il faut pour cela que nous désirions et que nous éveillions ce changement. Si l'on adopte une attitude positive en étant contraint, il peut y avoir deux sortes d'impact : si l'on n'est pas intéressé à grandir à travers ce nouveau comportement, on ne peut pas s'attendre à un progrès dans l'intériorité. Mais si l'on profite de cette opportunité pour progresser et travailler sur soi-même, alors on méritera de se renforcer intérieurement.

C'est la raison pour laquelle certaines personnes ne ressentent pas le deuil malgré toutes les coutumes et interdictions qu'ils observent. Ce n'est qu'avec un travail personnel sur soi qu'il est possible de transformer notre cœur.

Cet enseignement concerne de nombreux domaines de notre vie. Nous accomplissons de nombreuses mitsvot et comportements car nous sommes dans un entourage ou une situation particulière qui nous « forcent » à agir ainsi. Il ne faut pas mépriser ces agissements, mais au contraire,  les utiliser pour nous améliorer. Ainsi, même lorsque nous serons éloignés de cet entourage, nous réussirons à continuer les bonnes actions que nous faisions habituellement.

En continuant ainsi à observer le chabbat, la tsniout et à accomplir les mitsvot, nous pourrons mériter de voir prochainement la venue du messie, amen. Prions pour tout notre peuple, afin que nous méritions tous de faire téchouva et d'être des véritables serviteurs de D', nous et nos descendants, amen.


Rav Emmanuel Mimran

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 1 minute