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Culture Israël

Dix lieux incontournables pour faire du tourisme cinématographique

Parfaitement conscients des retombées financières que peut engendrer un best-seller ou une série à succès, états et municipalités mettent aujourd'hui le paquet pour attirer les scénaristes et autres réalisateurs. La mairie de Paris avait par exemple joué les tour-opérateurs l'année dernière, invitant, tout frais payés, les scénaristes hollywoodiens les plus en vue à découvrir la Ville Lumière sous ses plus belles coutures.

Avec l'espoir qu'ils écrivent à leur retour un scénario ayant la capitale française pour toile de fond... Pourtant, c'est parfois l'inverse qui se produit et un film à succès peut donner envie aux touristes du monde entier de découvrir le théâtre des aventures de leurs comédiens fétiches, pour le meilleur comme pour le pire. Slate a passé en revue dix places touristiques qui sentent fort le cinéma.

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Borat, le Kazakhstan et le petit manuel de publicité touristique gratuite

Borat fait visiter son village. Extrait non inclus dans le final cut.

Sacha Baron Cohen, génial comédien britannique, affectionne se grimer en des personnage improbables et toujours sujet à polémiques. En campant le personnage de Borat, journaliste d'état kazakhe, sexiste, homophobe et antisémite en mission quasi évangélique aux Etats-Unis, il livre un portrait étonnant d'une Amérique face à ses préjugés à l'heure de se confronter à un ambassadeur dont le Kazakhstan se serait sans doute passé.

Dès 2007, soit quelques mois après sa sortie, plusieurs agences de voyages online internationales enregistraient une hausse providentielle de plus de 300% des demandes de réservations d'hôtels. La compagnie nationale Air Astana a même dû affréter un vol hebdomadaire supplémentaire depuis Londres à destination d'Astana, la capitale. Le phénomène ne semble pas s'essouffler.

Le gouvernement, très en colère à la sortie du film de Sacha Baron Cohen intitulé Borat: Leçons culturelles sur l'Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, se frotte désormais les mains de la publicité gratuite drainée par cette parodie de documentaire. Le ministre kazakhe du tourisme en personne reconnaissait d'ailleurs en novembre 2008 l'engouement touristique entraîné par le comédien. Non sans oublier de préciser à ce propos qu'il attendait toujours que Borat honore son invitation officielle. Car c'est là sans doute le plus drôle de l'histoire : la partie du film se déroulant au Kazakhstan a en fait été tournée en... Roumanie.

Into the wild, l'Alaska et l'aventure intérieure et inconsciente

Inspiré du livre de Jon Krakauer, Into the Wild retrace l'histoire vraie de Christopher McCandless, un brillant étudiant américain qui choisit à l'entrée de la vingtaine de se défaire de toute convention sociale et familiale et traverser seul l'Amérique afin d'atteindre un but ultime: rejoindre l'Alaska. Le film de Sean Penn, sorti en 2007, dépeint une magnifique et tragique ode à la liberté dans laquelle le héro touche à son but, mais sans doute par manque de préparation, meurt dans un refuge de chasseurs, «le Bus Magique»,  après plus de cent jours d'isolement dans des conditions météorologiques extrêmes. Depuis, le bus magique (voir l'emplacement sur Google Maps) est devenu un repère de casse-cou qui se sont appropriés le rêve de Christopher McCandless. Mus par l'espoir de poster les vidéos de leur exploit sur Youtube, nombre de jeunes gens tentent de manière souvent inconscientes de rejoindre à leur tour ce qui restera à jamais comme le tombeau de ce héraut du sentiment de liberté absolue.

Ce n'est rien de dire que les autorités de l'Alaska se passeraient bien de cette forme de tourisme sauvage qui coûte plus au contribuable qu'elle ne lui rapporte. Pas plus tard qu'il y a quelques jours encore, un équipe de sauveteurs a ainsi dû s'employer pour la énième fois afin de sauver un jeune américain et un Chinois qui avaient entrepris l'aventure avec des vêtements de ville et très peu de nourriture.

Harry Potter, l'Angleterre et la poule aux ?ufs d'or

Destruction du Millenium Bridge à Londres tirée de Harry Potter and the Half Blood Prince.

Il a été très difficile, au cours des douze dernières années, d'ignorer les aventures d'Harry Potter, l'apprenti sorcier et de ses petits camarades tant l'?uvre de J.K Rowling s'est transformée en vache lait. Sept livres dont les ventes dépassent les 400 millions d'ouvrages vendus, une pléiade de produits dérivés, et bien entendu des adaptations cinématographiques en veux-tu en voilà, avec à ce jour déjà six films au compteur.

Bien conscients du potentiel économique de la poule aux ?ufs d'or, les professionnels du tourisme du monde entier n'ont pas raté le coche et proposent, chacun à leur sauce, des parcours touristiques plus ou moins long, qui invitent le lecteur ou cinéphile passionné à suivre les pas de son sorcier préféré. On trouve désormais au Royaume-Uni des dizaines d'opérateurs qui proposent chacun un parcours arrangé au détour desquels on peut visiter une vingtaine d'endroits dans Londres dans lesquels Harry traîne ses guêtres. Pour ceux bénéficiant de plus de temps, il est carrément possible de dédier entre trois jours et une semaine entière à leur passion, selon la formule choisie.

Les agences de voyage les tirent ainsi littéralement à travers toute l'Angleterre, de Londres à Oxford, de Gloucester à North Yorkshire. Et pour ceux qui résident,  à l'autre bout du monde, en Asie par exemple, pas de problème, des Tours Harry Potter au départ de Bangkok en passant par Doha ne sont même plus du ressort de la magie. Juste une histoire de porte-monnaie bien garni.

Star Wars, Matmata (Tunisie), et l'éternelle question du poids des traditions face à la modernité

Luke Skywalker sort de son habitation pour contempler la lune

Situé dans le sud de la Tunisie, Matmata est un village atypique dont la particularité tient à son architecture troglodytique, un condensé d'habitations creusées dans les flancs de la montagne autour d'un large puits circulaire. L'endroit serait sans doute resté une curiosité touristique sans grande visibilité internationale si Georges Lucas n'avait décidé un jour de 1976 de délocaliser une partie du tournage de Star Wars dans ce recoin du Sahara tunisien afin de capter ce qui deviendra un des paysages lunaires les plus célèbres de l'histoire du cinéma.

Lieu de tournage récurrent des six épisodes de Star Wars au cours des trente dernières années, Matmata devient Tatooine dans le film, le village d'origine de Luke Skywalker. Depuis, le tourisme a remplacé l'agriculture au rang des activités constituant les sources de revenus de ce village. Les quelques résidents permanents travaillent désormais en tant qu'hôteliers, restaurateurs, vendeurs de souvenirs, guides touristiques ou encore loueurs de chameaux. L'afflux touristique représenterait une moyenne de mille visiteurs quotidiens, induisant une manne financière conséquente. Pourtant, là où les jeunes générations se délectent de cet afflux d'argent gagné facilement, les générations plus anciennes regrettent l'érosion d'une part de leur héritage culturel et de valeurs au profit d'une invasion d'étrangers qui se passionnent pour une série de films que la majorité des autochtones n'a tout simplement jamais vu.

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Napoleon Dynamite, Preston (Idaho) ou l'étape indispensable dans la quête de l'über-geek

Un trailer de fan, choisis parmi les dizaines disponibles sur Youtube

Preston est une petite bourgade américaine d'à peine 5.000 habitants située dans l'Idaho, un bled paumé comme on en trouve des milliers aux Etats-Unis. Pourtant, contrairement à de nombreux endroits du même standing qui resteront à jamais anonymes, Preston s'est transformé en lieu de pèlerinage des nerds du monde entier suite au succès de Napoleon Dynamite, un film de série B devenu mythique dans leur imaginaire collectif.

Réalisé en vingt-deux jours avec un ridicule budget de 400.000 dollars par Jared and Jerusha Hess, régionaux de l'étape, le film raconte l'histoire de Napoleon Dynamite, énième prototype du pauvre mec martyrisé par le gros méchant du lycée que les filles ne regardent pas. Comme toujours l'histoire bascule. Son meilleur pote a la bonne idée de se présenter à l'élection de président du lycée et finalement la geek attitude triomphe. Mais plus qu'un autre, le film a su saisir ce moment alors que porter des lunettes carrées et revendiquer son addiction numérique n'avaient rien de hype.

Résultat, la chambre de commerce de Preston s'est emparé du succès du film et organise depuis 2004 un festival annuel en hommage à Napoleon. Le «Napoleon Dynamite Festival» propose tout un panel d'activités en relation avec les scènes et les lieux mythiques du film et draine chaque année une foule de plusieurs milliers de participants. Les revenus financiers ne sont pas non plus pharaoniques mais ont le mérite année après année de drainer des fonds, par exemple alloués à l'entretien de l'école dans laquelle a été tournée le film.

Slumdog millionnaire, Bombay, pour plonger quelques heures dans la pauvreté et se sentir vivant

Jamal saute dans une mare de boue pour récupérer un autographe

Quoi qu'on en pense, «Slumdog Millionnaire» du Britannique Danny Boyle s'est assurément imposé en 2008 comme le film de l'année avec pas moins de huit récompenses à la 81e cérémonie des Oscars, quatre Golden Globe et sept récompenses lors de la traditionnelle cérémonie des British Academy of Film and Television Arts. Depuis, Bombay voit débarquer chaque jour des bataillons d'occidentaux qui rêvent de se sentir quelques heures dans la peau de Jamal Malik, un orphelin très pauvre qui surprend un pays tout entier en réalisant un parcours étonnant dans la version locale de «Qui veut gagner des millions».

Bien conscient de l'attente de ces individus souhaitant «expérimenter» la pauvreté du héros, nombre d'entreprises proposent désormais des «reality tours» qui les invitent à se plonger quelques heures dans le quotidien des pauvres de Bombay. Au cours de ces excursions surnommées «Slum Tourism» («Tourisme de Bidonville»), ces agences de voyages d'un genre spécial proposent ainsi à leurs clients de passer trois heures dans Dharavi, le plus grand bidonville du pays à afin d'explorer le mode de vie des pauvres. Entre une virée dans les taudis, un passage dans un ensemble de six toilettes desservant 16.000 personnes ou encore une promenade le long d'une rivière noire de pollution, rien n'est trop beau pour le touriste en mal de sensations fortes.

Si l'on omet le fait que l'excursion possède le mérite de montrer que la réalité des bidonvilles indiens est encore plus noire et minable que dans le film, on ne peut s'empêcher de constater que parfois le touriste occidental ne sait visiblement plus quoi faire de son argent.

James Bond, Londres, et le plaisir de jouer les agents secrets

Poursuite en bateau, extrait de Quantum of Solace

Le contrat est clair. Rien ni personne ne peut garantir que vous aurez autant de succès auprès de la gente féminine que le célèbre agent secret britannique. A défaut de devenir des tombeurs, les fans de James Bond peuvent toujours se consoler en écumant les endroits londoniens favoris de leur espion préféré et de Ian Fleming, son créateur. Un peu comme pour Harry Potter, plusieurs agences londoniennes proposent de suivre des parcours type à travers les rues de la capitale anglaise avec en point d'orgue, la possibilité de faire une virée en bateau de course sur la Tamise.

Le Musée Impérial de la Guerre offre la possibilité aux plus férus en matière d'espionnage d'apprendre quelques trucs de l'agent 007 et le Musée National de l'Automobile dédie même une exposition permanente aux voitures utilisées au fil des films par James Bond; de quoi ravir les amateurs de voitures de course. Certains tours-opérateurs jusqu'au-boutiste proposent même à leurs clients de les emmener acquérir un costume chez Savile Row - le tailleur de Ian Fleming et désormais de Daniel Craig ? dont l'échoppe est d'ailleurs mentionnée dans le film «007 contre Dr. No».

Si l'intérêt du cinéma est indéniable du point de vue du rayonnement culturel d'une ville, les Britanniques, à l'inverse des Kazakhes par exemple, semblent toutefois incapables d'évaluer jusqu'à quel point James Bond constitue un vecteur touristique. Inutile de préciser que jouer les James Bond pendant un week-end peut coûter, très, très cher...<!-- pagebreak -->

Le Seigneur des Anneaux, la Nouvelle-Zélande, pour vivre une vie de Hobbit

Scène en extérieur, extrait des Deux Tours

En apprenant que la trilogie du Seigneurs des Anneaux serait exclusivement tournée en Nouvelle-Zélande, le gouvernement local pris instantanément conscience de la manne financière qui se présentait à lui et nomma un «ministre des anneaux», en charge de maximiser les profits que les trois films engendreraient au plan touristique comme au niveau des emplois générés par le tournage. C'était avoir le nez creux! Depuis 2001, date du premier des trois volets réalisés par Peter Jackson, l'afflux touristique de la Nouvelle-Zélande est passé de 1,7 million de visiteurs annuels à 2,4 millions soit une hausse de 40% très largement imputable aux films.

Pourtant, cette masse touristique se retrouve souvent isolée des réalités et de la culture locales. Surnommé les «touristes Tolkien », en référence au nom de l'écrivain ayant inspiré les films, ces visiteurs souvent déguisés comme les personnages du film, parcourent sans relâche quelques uns des 150 endroits utilisés durant le tournage, les choisissant souvent en fonction de leur affection pour un genre fantaisiste particulier (elfes, chevaliers, hobbits, sorciers etc.).

Ne lésinant pas sur les moyens, ils ont par exemple souvent recours à l'hélicoptère pour rejoindre d'obscurs lieux inaccessibles autrement. Bien entendu, comme la majorité des cas précédemment cités, de nombreux tours opérateurs ayant saisi la manne potentielle représentée par le «tourisme Tolkien» proposent une gamme très complète de parcours variés et parfois personnalisés, nécessitant selon les formules une condition physique plus ou moins bien affutée, à des tarifs évidemment plus ou moins onéreux. Sans surprise, ils repartent bien souvent avec une perception tronquée du pays, mais visiblement peu importe, tant que tout le touriste comme l'opérateur est comblé...

Lost in Translation, Tokyo, pour goûter la hype japonaise

Bill Murray, qui joue le rôle d'une star internationale dans «Lost in Translation» de Sofia Coppola (2003), a sans doute davantage contribué au rayonnement touristique mondial du Japon que n'importe quelle autre campagne de communication. Difficile à mesurer, l'effet de Lost in Translation en terme économique est pourtant évident, tant le film vainqueur de l'Oscar du meilleur scénario en 2004 a reçu un accueil international unanime.

Jouant la carte du dépaysement et de l'immersion, un groupement d'agences de voyage basé aux Etats-Unis - plusieurs agences asiatiques et européennes ont ensuite emboité le pas - s'est largement inspiré du film de la fille de Francis Ford pour proposer des parcours à travers certaines scènes et certains endroits de Tokyo et Kyoto mis en avant dans le film. Les voyageurs peuvent ainsi découvrir les boutiques trendy du quartier de Rippongi à Tokyo, se mêler avec les jeunes délurés de Shibuya, acquérir les appareils électroniques dernier cri à Akihabara ou encore se prêter au jeu du karaoké, à l'instar de la scène mythique du film, dans un des bars branchés de Shinjuku.

Finalement, si on exclut la majorité des Japonais qui n'ont pas prêté un grand intérêt au long-métrage ? y faisant tout juste parfois référence pour rire des stéréotypes à leur propos ? Lost in translation a indéniablement changé le regard de nombreux occidentaux sur le pays du soleil levant. Ah.... quand le cinéma rapproche les peuples...

Hollywood, Los Angeles, et le paradoxe californien

(Film de promotion pour l'un des parcs des studios Universal)

Difficile quand on parle cinéma de ne pas penser à Los Angeles, Hollywood et aux centaines de productions qui chaque année sortent des studios de cinéma de la mégapole californienne. Los Angeles est avec Bombay la ville qui produit les plus de films au monde. Alors certes les boutiques d'Hollywood Boulevard ou les Studios Universal profitent de cette situation en or et dégagent de substantiels revenus de la manne touristique qui en découle, mais globalement, Los Angeles ne tire pas parti à fond de son image de destination touristo-cinématographique. Le problème tient au fait que, d'une part, les cinéphiles ne se rendent pas compte que des films aux accents exotiques sont en fait tournés dans l'Etat le plus riche des Etats-Unis.

Ainsi, le succès mondial Mémoire d'une Geisha, dont l'intrigue se déroule au Japon, a en fait été tourné en grande partie dans les jardins Descanso de La Cañada, dans la librairie Huntington de San Marino ou en encore dans le restaurant Yamashiro à Hollywood. D'autre part, le problème d'exploitation commercial résulte directement du fait que les autorités locales comme les commerçants semblent avoir trop tendance à se reposer sur leurs lauriers, oubliant inconsciemment les principes commerciaux de base qui rendent une destination attractive.

Pour autant, le phénomène n'est pas exclusif à Los Angeles. Nombre d'Américains se ruent chaque année à la découverte des paysages sauvages du Wyoming, découverts à travers le film «Brokeback Mountain» alors qu'il a en fait été tourné... au Canada. On est content pour eux, les marketeurs ont encore du boulot...

Loïc H. Reichi

Image de une: Into The Wild / Pathé distribution

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Dernière mise à jour, il y a 60 minutes