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Culture Israël

Guédigian, Tarantino: le retour du film de guerre

Des Juifs qui tuent des nazis. C'est le programme de deux des films les plus populaires de la rentrée. A priori, tout oppose Inglourious Basterds de Quentin Tarantino et L'Armée du crime de Robert Guédiguian. Mais leur thématique les rapproche. Ces deux longs métrages ressuscitent un genre cinématographique, le film de guerre, qui avait progressivement disparu de nos écrans depuis la fin des années 60.

Les exploits des soldats américains et des résistants français semblaient bien anecdotiques après la série Holocauste et des films comme Shoah, La liste de Schindler ou Le Pianiste. Comme si l'héroïsme militaire avait été vaincu par l'horreur des Camps.

Pour refaire des films de guerre une seule solution, semble-il: que les héros soient les victimes. C'est-à-dire que les résistants comme les soldats alliés soient juifs. C'était déjà le propos des Insurgés d'Edward Zwicken, film avec Daniel Craig sorti au tout début de 2009, qui racontait l'histoire vraie d'un maquis juif à la frontière russo-polonaise.

De même dans L'Armée du crime Robert Guédiguian choisit de se pencher sur le parcours d'un groupe de résistants emblématiques. Les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - Main-d'Oeuvre Immigrée) constitués de juifs polonais, hongrois ou roumains, d'Arméniens comme leur chef Missak Manouchian, d'Espagnoles ou d'Italiens anciens combattant républicains de la guerre d'Espagne... A partir de 1942 ces partisans communistes ont défié l'occupant. Après leur capture, début 44, ils  furent stigmatisés sous ce nom d'Armée du crime par L'Affiche rouge les présentant à la population française comme une bande de terroristes étrangers.

 

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Inglourious Basterds, le film de Quentin Tarantino sorti à la fin de l'été s'avère d'une nature bien différente, puisqu'il se présente comme une pure fiction précédée du carton. «Il était une fois dans la France occupée...» Il met en scène un commando de soldats américains tous juifs, «les bastards», charger de provoquer l'effroi au sein des troupes d'occupation en scalpant le plus grand nombre possible de soldats allemands. C'est une fable post-moderne, aux personnages archétypaux où l'on croise un «Ange de la vengeance juive» (Mélanie Laurent) et un «ours juif» (Elie Roth) qui aime à tuer les nazis à coup de batte de base-ball. Un cocktail détonnant d'humour potache, de références cinématographiques et d'ultra violence chorégraphiée. Dans le New York Times Richard Bernstein s'inquiète d'ailleurs que ce film puisse établir une équivalence morale entre les juifs et les nazis.

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Et il aurait sans doute plus apprécié le regard de Robert Guédiguian, son approche quasi documentaire, son goût pour une certaine lenteur descriptive à hauteur d'homme. Un souci de la vérité historique qui le pousse à envisager toute la complexité de personnages confrontés à des questions éthiques sur la violence. Pour le réalisateur français, le cinéma est un outil au service d'un propos. Il lui permet de montrer comment des juifs et des apatrides ont lutté dignement contre le sort que leur réservait le régime Nazi. Pour lui, ils sont porteurs d'une forme d'espérance à un des moments les plus noir de l'Histoire. Son récit s'astreint à un certain ordre des choses: le commando Manouchian tue des soldats allemands, puis se fait prendre et fusiller. Alors que le projet de Tarantino est tout autre: son film commence par le meurtre d'une famille juive et s'achève (trois semaines après la sortie on peut le révéler sans trahir un grand secret) par l'exécution d'Hitler... Bouquet final en forme de pied de nez qui fait du cinéma un antidote à la réalité, capable de venger les juifs du nazisme. C'est attendre beaucoup de lui.

Jacques Braunstein

Image de une: L'Affiche Rouge de Robert Guédiguian, photo officielle.

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Dernière mise à jour, il y a 28 minutes