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Israël : Défense au Moyen-Orient

Pourquoi il faut aider les chrétiens d'Irak

Quand cessera donc le calvaire
des chrétiens de Bagdad' Dix jours seulement après le carnage
à la cathédrale syriaque-catholique de Notre-Dame du Perpétuel Secours -
qui a fait quarante-six morts (dont deux prêtres) et des dizaines de blessés
parmi les fidèles venus assister à la messe du dimanche 31 octobre, treize
bombes et deux obus de mortier ont encore été lancés, mardi 9 et mercredi 10
novembre, contre des maisons et des magasins appartenant à des chrétiens,
faisant au total six tués et trente-trois blessés. Une nouvelle église a été
endommagée. Une spirale de la terreur a commencé et personne ne sait jusqu'où
elle produira ses effets et pendant combien de temps.

La guerre est déclarée à une
population chrétienne présente sur place depuis deux mille ans et qui est un
facteur de paix et de civilisation, dans un pays que la guerre n'épargne plus
depuis des années. Le 3 novembre, la branche irakienne d'Al-Qaïda avait annoncé
ces nouvelles attaques contre une population qui n'a plus pour elle que son
courage et sa foi. «Les centres,
organisations, institutions, dirigeants et fidèles chrétiens sont des cibles
légitimes pour les moujahidines», avait menacé cette organisation, après
l'expiration de son ultimatum adressé à l'Eglise copte d'Egypte pour la
libération de deux chrétiennes, prétendument «emprisonnées dans des monastères» pour s'être converties à l'islam.

Cible récurrente de telles attaques, la communauté
chrétienne de Bagdad, qui comptait 450.000 fidèles en 2003, avant la chute de Saddam
Hussein, n'en comprend plus que 150.000, en raison de l'exode massif vers le
Kurdistan ou les pays voisins - Syrie, Jordanie, Liban, vers l'Europe,
l'Amérique du nord et l'Australie. Pour l'ensemble de l'Irak, la population
chrétienne n'est plus que de 650.000 fidèles, soit 3% de la population contre
20% à l'époque de la monarchie. Les attentats de ces derniers jours vont probablement
ralentir le léger mouvement de retour qui semblait suivre une relative
amélioration de la situation économique du pays. L'exode va reprendre, s'il ne s'est
jamais arrêté vraiment. Il se produit un effet de seuil au-delà duquel les
familles installées hors d'Irak attirent inexorablement à elles celles qui
restent encore.

«Aider les
musulmans à oublier le désir d'imposer la charia»

Les chrétiens d'Irak sont
traumatisés par les événements sanglants de ces derniers jours. Ils ont déjà payé
un lourd tribut à la guerre, savent qu'ils sont devenus un enjeu dans la lutte
que se livrent encore les extrémistes chiites et sunnites. Leurs églises ont
été attaquées à Bagdad, à Kirkouk, à Mossoul. L'évêque chaldéen de Mossoul, Mgr
Raho, en 2008, et plusieurs prêtres ont été assassinés. Réputés riches, des
chrétiens ont été enlevés. «Il faudrait pouvoir dire nos différences et nos
peurs mutuelles, a expliqué Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk,
lors d'un récent
synode au Vatican consacré aux chrétiens d'Orient. Il faudrait aider les
musulmans à oublier le désir d'imposer la charia. La religion est un choix
personnel et non une obligation politique».

Malgré les élans de sympathie
venus du monde entier, les chrétiens d'Irak se sentent seuls. Personne ne les
protège du terrorisme et du chantage crapuleux. Personne et surtout pas leur
gouvernement. Non pas que le pouvoir irakien veuille leur élimination, mais
parce qu'il est faible et que les chrétiens d'Irak représentent à ses yeux une
quantité numériquement négligeable. Le souci de sécurité dans cette population est
donc évident, urgent, immédiat. Les Eglises d'Irak dénoncent publiquement
l'incurie des autorités, leur incapacité à protéger efficacement les chrétiens.
Elles exigent une protection renforcée, des changements législatifs en vue de
mettre fin aux discriminations et des initiatives pour renforcer le dialogue
avec les musulmans modérés, avec lesquels les chrétiens disent vouloir
continuer à vivre comme ils l'ont toujours fait. 

Les autorités françaises
tentent de rompre la solitude de ces chrétiens d'Irak. Depuis 2007, la France a
accueilli quelques 1.300 d'entre eux. Après le dernier bain de sang de la
Toussaint à Bagdad, elle a accepté d'un prendre en charge 150 supplémentaires.
Blessés le 31 octobre dans l'attaque contre la cathédrale syriaque-catholique, trente-quatre
chrétiens et un garde du corps musulman ont été accueillis en France et sont
actuellement soignés dans des hôpitaux de la région parisienne. Ils ont reçu une
carte de demandeur d'asile valable pour six mois. Eric Besson, ministre de
l'immigration, a affirmé que l'asile en France leur serait «très généreusement accordé» s'ils en faisaient la demande.

Contrepoids à l'extrémisme juif et musulman

Certains s'étonnent de cette
aide de la République laïque sur une base communautaire, alors que la politique
de l'immigration reste aussi rigoureuse et si injuste pour tant de catégories
d'étrangers. Pourquoi
tolérer une exception en faveur des chrétiens d'Irak, alors que la guerre a
fait tant de victimes dans toutes les parties' La France ne choisit-elle
pas ses victimes' Les raisons humanitaires n'expliquent pas tout. Il en va de
la tradition d'accueil de la France, pays de tradition chrétienne, répondent
les autorités. Les attentats visent toutes les populations irakiennes,
rappelait le 4 novembre Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, en
recevant des délégués des Eglises irakiennes en France. Mais, précisait-il, «la France se refuse à abandonner les
chrétiens à leur sort». Il ajoutait que sa diplomatie ne ménagerait aucun
effort pour que la communauté internationale se mobilise en faveur des minorités
chrétiennes d'Irak.

Car il en va aussi d'un enjeu
de civilisation. Défendre les chrétiens d'Irak et plus largement de tout le
Proche-Orient, c'est augmenter les chances de faire contrepoids à la montée de
l'extrémisme islamiste dans la région. C'est sortir d'un jeu international,
binaire et pervers, qui veut opposer Israël et Palestine, extrémisme juif et
extrémisme musulman, Occident et islam. La présence des chrétiens au Proche-Orient
est un facteur d'équilibre. On ne peut se résigner à leur disparition. Accepter
leur exode, c'est laisser le champ libre aux forces d'intolérance et de mort.

Malgré leurs communautés
divisées et émiettées, malgré leurs rites archaïques qui peuvent faire sourire,
s'inquiéter de leur avenir est une obligation politique et morale. On doit renoncer
au fatalisme, refuser à ces chrétiens un destin de fossiles ou de survivances
folkloriques. Comment oublier que les chrétiens ont été les catalyseurs de la
modernité arabe et qu'ils sont d'autant plus chez eux en terre d'islam que leur
présence y est bien antérieure à celle de l'islam'

Henri Tincq

1 commentaire
En effet, ces chrétiens sont aussi un rempart contre l'Islam.
Envoyé par Jérémy - le Vendredi 12 Novembre 2010 à 10:12
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 42 minutes