Israël : Défense au Moyen-Orient

Le CIA et le Mossad sont derrière l'élimination du commandant du Hezbollah Imad Mughniyeh dans une explosion en Syrie en 2008, a rapporté vendredi le Washington Post.

Citant d'anciens responsables du renseignement, le journal a rapporté que les Etats-Unis et Israël ont travaillé ensemble pour cibler Mughniyeh le 12 février 2008, alors qu'il quittait un restaurant dans la capitale syrienne, Damas.

Il a été tué sur le coup par une bombe placée dans un pneu de secours à l'arrière d'une voiture garée, projetant des éclats dans un petit rayon.

La bombe, construite par les Etats-Unis et testée en Caroline du Nord, a été déclenchée à distance par des agents du Mossad à Tel Aviv, qui étaient en communication avec des agents de la CIA sur le terrain à Damas.

"La manière dont cela a été mis en place, les Etats-Unis pouvaient s'opposer et annuler l'opération, mais pas l'exécuter," a déclaré au journal un ancien responsable des renseignements américains.

Un des plus important responsables du Hezbollah, Mughniyeh était soupçonné d'avoir orchestré l'enlèvement d'otages occidentaux au Liban dans les années 1980, ainsi que l'attentat contre l'ambassade d'Israël en Argentine qui a tué 29 personnes en 1992.

Il était également lié à l'attentat contre la caserne des marines américains à l'aéroport de Beyrouth en 1983, où 241 militaires américains sont morts, ainsi qu'au détournement du vol TWA 847, dans lequel un plongeur de la marine américaine a été tué.

La CIA a refusé de commenter les informations données par le Post.

Selon le journal, l'autorité nécessaire pour tuer le terroriste passait par le président George W. Bush. Plusieurs hauts responsables, dont le procureur général, le directeur du renseignement national et le conseiller à la sécurité nationale, ont eut à signer l'ordre.

Les anciens responsables qui ont parlé au journal ont dit que Mughniyeh était directement impliqué dans l'armement et la formation des milices chiites d'Irak qui prenaient pour cible les forces américaines, et même si son élimination s'est produite dans un pays avec lequel les Etats-Unis n'étaient pas en guerre, son assassinat pouvait être considéré comme un acte de légitime défense.

"Ils réalisaient des attentats suicides et des attaques d'IED," a déclaré un ancien responsable, se referant aux opérations du Hezbollah en Irak.

Il a ajouté que l'obtention de l'approbation des échelons plus élevés du gouvernement américain pour mener à bien l'attaque contre Mughniyeh était un processus "rigoureux et fastidieux", devant prouver qu'il était une véritable menace.

"Nous avons eu à démontrer qu'il était une menace permanente pour les américains," a dit un responsable au Post.

"La décision était que nous devions avoir une confirmation absolue que c'était de la légitime défense."

Le journal a indiqué que durant la guerre en Irak, l'administration Bush avait approuvé une liste d'opérations visant le Hezbollah, et selon le responsable, elle comprenait l'élimination de Mughniyeh.

"Il y avait une licence ouverte pour trouver, fixer et terminer Mughniyeh, et qui que ce soit qui lui était affilié," a déclaré un ancien responsable américain qui a servi à Bagdad.

Selon le journal, les responsables du renseignement américain avaient discuté des moyens possibles pour cibler le commandant du Hezbollah depuis des années, et des agents spéciaux américains ont tenu une réunion secrète avec les responsables du renseignement militaire israélien en 2002.

"Lorsque nous avons dit que nous serions prêts à explorer les possibilités de le cibler, ils sont pratiquement tombés de leurs chaises," a déclaré un ancien responsable américain.

Bien qu'il ne soit pas clair quand les agences ont réalisé que Mughniyeh vivait à Damas, un ancien responsable a déclaré au journal qu'Israël a approché la CIA à propos d'une opération conjointe pour le tuer dans la capitale syrienne.

Les agences ont collecté des informations sur son mode de vie et ont utilisé la technologie de reconnaissance faciale pour établir son identité après qu'il soit sorti d'un restaurant la nuit où il a été tué.