Israël : Défense au Moyen-Orient

Avec la victoire de la Syrie sur Alep qui risque de provoquer un remodelage de la région, Israël s'inquiète de la portée étendue de Téhéran, d'un flux accru d'armes aux forces des Gardiens de la Révolution ou aux groupes terroristes chiites tels que le Hezbollah. "L'Iran a un plan stratégique. Cela pourrait rapprocher les troupes iraniennes d'Israël," dit un responsable.

La chute d'Alep aux mains des forces "gouvernementales" syriennes soutenues par la Russie et l'Iran a accentué les inquiétudes en Israël au sujet de menaces potentielles à ses frontières et d'un remodelage plus large de la région.

Le premier ministre Benyamin Netanyahou n'a laissé aucun doute mercredi sur la profonde préoccupation d'Israël à l'égard de Téhéran, dont la position et celle de ses représentants en Syrie a été renforcée par l'écrasement de la résistance rebelle à Alep.

Lors d'une réunion à Astana avec le président kazakh Nursultan Nazarbayev, Netanyahou s'est vu demander s'il avait un message pour le président iranien Hassan Rouhani, qui doit visiter le Kazakhstan la semaine prochaine.

"Ne nous menacez pas, nous ne sommes pas un lapin, nous sommes un tigre," a déclaré Netanyahou à Nazarbayev, en message à l'Iran. "Si vous nous menacez, vous vous mettez en danger."

Demandé par Nazarbayev s'il croyait sérieusement que l'Iran voulait détruire Israël, Netanyahou a répondu "oui je le crois".

La guerre civile de plus de cinq ans en Syrie a permis à l'Iran, dont le guide suprême appelle à la fin de l'état juif, d'augmenter progressivement son influence dans la région.

Qu'il s'agisse de ses propres forces de la Garde Révolutionnaire ou de ses représentants chiites, en particulier le groupe terroriste libanais Hezbollah, la portée de Téhéran s'étant de l'Afghanistan à la mer Méditerranée.

Israël craint que le Hezbollah, encouragé par le mécénat de l'Iran, ne lance de nouvelles attaques sur son territoire, ainsi que des inquiétudes concernant un flux accru d'armes maintenant que l'Iran a un accès au port de Tartus en Syrie.

Alors que le Hezbollah a durement souffert en Syrie, avec des estimations allant de 1700 à 2500 combattants tués, ainsi que 7000 blessés, le groupe s'est réapprovisionné en armes et conserve un arsenal d'au moins 100 000 roquettes et missiles, selon plusieurs analystes israéliens et étrangers.

Ces dernières semaines, des raids aériens ont visé le sud de la Syrie, près de Damas. La Syrie a pointé du doigt Israël, qui n'a fait aucun commentaire.

Avi Dichter, président du comité des affaires étrangères et de la défense d'Israël, et ancien chef de l'agence de renseignement Shin Bet, a déclaré que l'Iran avait tenté à plusieurs reprises de transférer des forces dans les hauteurs syriennes du Golan.

Ces mouvements ont été repoussés, a déclaré Dichter à Reuters. Mais il a dit qu'avec l'argent récupéré par l'Iran avec la fin des sanctions, il était possible que de nouvelles tentatives soient faites pour tester les réponses d'Israël.

"L'Iran a un plan stratégique," a-t-il dit. "Cela pourrait rapprocher des troupes iraniennes d'Israël, soit des Gardiens de la Révolution, qui sont des purs iraniens, soit d'autres, comme le Hezbollah ou la milice Basji, ce qui pourrait être une excellente couverture pour eux."

Au-delà de la menace de l'Iran et de ses mandataires, Dichter a dit qu'Israël ne devait pas trop mettre de confiance en la Russie. Le gouvernement israélien voit Moscou comme un allié, mais Dichter a dit que les russes pourraient changer de position si leurs intérêts étaient menacés.

Dichter croit que la Russie a des aspirations à long terme au Moyen Orient, qui pourraient apporter des changements fondamentaux aux frontières de la région, en grande partie en fonction de la manière dont le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump interagiront.

"Ces deux dirigeants pourraient ne pas que penser, mais agir pour créer ce que nous appelons un nouveau Moyen Orient," a dit Dichter.

Il a qualifié la Russie de "décideur suprême" en Syrie, mais a précisé que les préoccupations immédiates étaient l'Iran et le Hezbollah.

"Nous n'avons aucune intention de permettre au Hezbollah de tester leurs armes sophistiquées, parce qu'il n'y a pas d'autres cibles au Moyen Orient qu'Israël quand le Hezbollah et l'Iran pensent à une offensive," a dit Dichter. "Par tous les moyens, Israël va l'empêcher, peu importe comment."