Zakaria Zubeidi, chef notoire des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, affiliées au Fatah, à Jénine pendant la Seconde Intifada, a admis dans une interview au New York Times que des décennies de violence, de militantisme et d'activisme politique n'ont pas permis la création d'un État palestinien.
Zubeidi, 49 ans, a été libéré d'une prison israélienne en février dans le cadre d'un accord de prise d'otages. Reconnu coupable de multiples crimes violents et accusé d'avoir ordonné des attaques meurtrières contre des civils israéliens, il est considéré par beaucoup en Israël comme un dangereux terroriste qui n'aurait jamais dû être libéré. Bella Avraham, dont le mari a été tué dans l'une des attaques qu'il aurait ordonnées, a déclaré aux médias israéliens après sa libération : « Je m'attends à ce que l'État le traque jusqu'à son dernier jour. »
Selon le portrait du New York Times, au début des années 2000, Zubeidi s'est fait connaître lors de la vague d'attentats-suicides et de fusillades qui a fait environ 1 000 morts en Israël. À la tête de la branche de Jénine des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, il a été accusé d'avoir dirigé des fusillades, dont une contre le siège d'un parti politique qui a fait plusieurs morts. Bien qu'il ait nié toute implication dans ces meurtres, les autorités israéliennes l'ont inculpé de 24 infractions liées à la violence. « Je ne me rendrai jamais », s'est-il vanté un jour lors d'une scène relayée par la presse, ajoutant : « Je préférerais mourir.»
En 2007, Zubeidi a accepté une amnistie israélienne en échange de son dépôt des armes et a cofondé le Théâtre de la Liberté à Jénine avec des militants étrangers. Pourtant, il a insisté auprès du New York Times sur le fait que son travail culturel n'avait jamais signifié un renoncement à la violence. « Les médias ont dit que Zakaria était passé de la lutte armée à la lutte culturelle », a-t-il déclaré. « Mais il ne s'agit pas d'une chose ou d'une autre. Comment ai-je ouvert la porte du théâtre ? Je l'ai cassée avec mon fusil. »
Arrêté de nouveau en 2019, Zubeidi s'est évadé de prison en 2021 par un tunnel, mais a été rattrapé quelques jours plus tard. Son évasion, saluée par les médias palestiniens, a entraîné un durcissement des conditions de détention pour tous les prisonniers de sécurité. Revenant sur son évasion, il a déclaré dans l'interview : « Le prisonnier qui ne pense pas à s'évader ne mérite pas la liberté. » Pourtant, il a admis que cela n'avait finalement abouti à rien : « J'ai toujours su que cela finirait par la mort ou une nouvelle capture. »
Aujourd'hui, des mois après sa libération, Zubeidi reconnaît que les stratégies, violentes comme non violentes, ont échoué. « Nous devons reconsidérer nos outils », a-t-il déclaré. « Nous avons essayé le fusil, nous avons essayé de tirer. Il n'y a pas de solution. » Il a également rejeté les conséquences de la résistance culturelle : « Nous avons fondé un théâtre et nous avons tenté la résistance culturelle – qu'est-ce que cela a donné ? »
Malgré ses aveux, Zubeidi continue de rejeter la légitimité d'Israël. « Il n'y a ni solution pacifique ni solution militaire », a-t-il affirmé. « Pourquoi ? Parce que les Israéliens ne veulent rien nous donner. Il est impossible de nous expulser d'ici, et nous n'avons aucun outil pour les expulser. »
Le New York Times rapporte que depuis sa libération, Zubeidi a entamé un doctorat en études israéliennes à l'université de Birzeit. Il affirme que ces recherches l'aideront à « mieux comprendre les complexités du conflit », même si ses déclarations passées suggèrent que son opposition à Israël reste inchangée.
