|
Diplomatie : Israël & le Moyen-OrientLa diplomatie turque à la mode ottomaneAhmet Davutoglu marque une pause, respire un bon coup, puis se lance dans l'un de ses exercices préférés. Devant un parterre d'auditeurs triés sur le volet, l'invité exceptionnel de l'académie diplomatique internationale de Paris, énumère la bonne dizaine de pays dans lesquels il s'est rendu durant les quinze jours précédents. A l'issue de l'exercice, le ministre turc des affaires étrangères cache mal sa jubilation. Pas besoin d'être un as en géographie pour comprendre le message. La Turquie, membre de l'Otan depuis 1952, l'alliée indéfectible durant la guerre froide, qui définissait sa politique en fonction des intérêts occidentaux, regarde de plus en plus vers l'Est: la Russie, l'Asie centrale, le Caucase et le Proche-Orient. Sommes-nous pour autant en train de «perdre la Turquie», ainsi que certains le suggèrent à Washington et à Paris? Troublée par la politique américaine dans la région, dépitée par les rebuffades de l'Union européenne, la Turquie privilégierait désormais le monde arabe et musulman, au premier rang desquels ses bien peu fréquentables voisins syriens, iraniens et même libyens, ainsi que la Russie et le Caucase. Une nouvelle impulsion dès 1998Ce n'est pas 2002, l'arrivée au pouvoir du gouvernement du parti de la Justice et du développement (AKP), musulman-conservateur, qui marque le tournant de la politique étrangère turque. Mais 1998, avec le Premier ministre de l'époque Bulent Ecevit, un laïc social-démocrate, et Ismaïl Cem, un Turc d'origine juive, aux commandes des affaires étrangères. Cette année-là, une énorme brèche s'ouvre dans la mentalité d'assiégés qui a longtemps déterminé les orientations turques. La Syrie vient d'expulser l'ennemi numéro 1 d'Ankara, Abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ouvrant ainsi la voie à la normalisation entre les deux Etats. Un an plus tard, en 1999, s'esquisse le rapprochement turco-grec après que deux violents séismes ont frappé les deux pays, créant pont de solidarité entre les deux peuples. Et puis la même année, l'Union européenne reconnaît la «vocation européenne» de la Turquie. Comme ce fut le cas pour les réformes en matière de démocratie et de Droits de l'Homme, le mouvement est donc lancé avant l'arrivée au pouvoir de l'AKP. De la même façon, le gouvernement de Tayyip Erdogan l'amplifie et l'étend. «Plus qu'un véritable dessein, plus qu'un supposé projet établi à l'avance par l'AKP, la nouvelle politique étrangère de la Turquie est avant tout une affaire de conjoncture», explique l'éditorialiste turc et fils de diplomate Semih Idiz. «La Turquie ne tourne pas le dos à l'Ouest, ce sont plutôt les nouvelles réalités de l'après-guerre froide et de la politique américaine dans la région, l'attitude de la Russie et la démocratisation de la Turquie qui modifient la donne», explique Soli Ozel, non sans un certain sens de la litote. Car lorsque ce chroniqueur turc dit «démocratisation de la Turquie», il signifie surtout «affaiblissement du pouvoir des militaires». L'armée turque a en effet longtemps considéré la politique étrangère comme son «domaine réservé». D'où son positionnement fermé et défensif, hérité de la guerre froide, vis-à-vis des pays voisins hostiles à cette Turquie, alliée des Etats-Unis et d'Israël. «Les Arabes' on ne peut pas leur faire confiance!», me confiait crûment un général turc à la retraite, dans les années 90. Or depuis une dizaine d'années, sous la pression européenne, l'Etat-major a dû réduire son champ de man'uvres. Il reste influent mais n'a plus l'exclusivité de la politique étrangère, laquelle, plus volontariste, porte désormais aussi la signature des civils. La Turquie d'abordLe premier d'entre eux se nomme, justement, Ahmet Davutoglu, l'homme à l'agenda voyageur. Universitaire, il fut, dès 2002, le conseiller diplomatique très écouté des Gül (ancien ministre des affaires étrangères et actuel président turc) et Erdogan. Nommé ministre des affaires étrangères en mai dernier, Davutoglu est perçu comme l'artisan du renouveau diplomatique turc qu'il définit lui-même comme celui «de la conciliation et de la paix». Sa ligne ? «profondeur stratégique» et «zéro problème» avec les voisins des anciennes marches de l'Empire ? lui vaut parfois l'étiquette de «néo-ottoman», même s'il la réfute. «Ahmet Davutoglu est un musulman pratiquant, avec ce mélange de romantisme, de moralisme et de souci de la justice que présentent parfois certains croyants, explique Beril Dedeoglu, universitaire spécialiste des relations internationales à l'université francophone de Galatasaray. Il a donc, comme au temps de l'Empire ottoman, l'envie d'étendre l'influence régionale de la Turquie aux autres pays musulmans. Mais ce n'est pas une démarche impérialiste, l'idée c'est d'être le grand frère pour la région, un peu comme votre président Nicolas Sarkozy aimerait que la France le soit pour l'Union européenne!» Puisque les intérêts vitaux de l'Occident ne sont plus en danger ainsi qu'ils le furent pendant la guerre froide, le gouvernement turc, avec l'Etat-major militaire, n'hésitent désormais plus à faire passer les intérêts du pays avant ceux de Washington. On l'a vu dès 2003 lorsque le parlement d'Ankara s'est opposé à ce que l'armée américaine utilise le territoire turc pour envahir l'Irak. Ou en initiant un rapprochement avec l'Iran - le récent refus de nouvelles sanctions contre Téhéran lors d'un vote récent à l'AEIA (Agence internationale de l'énergie atomique). Une action délicate à gérer pour Washington. Tigres d'Anatolie et nouveaux moujiks russesCondamner Ankara, c'est se priver d'un canal; fermer les yeux, c'est risquer l'incompréhension de l'opinion publique alors que Barack Obama tente de créer un front uni contre l'Iran. De même du durcissement turc à l'égard de son allié israélien. Le Premier ministre turc est en train de voler à l'ennemi perse l'exclusivité de la critique vis-à-vis d'Israël, et de gagner... la popularité arabe qui va avec. Ce qui n'est pas nécessairement négatif pour la coopération américano-turque dans la région. Les intérêts propres à la Turquie sont d'abord économiques. Le pays a terriblement souffert du boycott occidental de l'Irak, quoiqu'il l'ait allègrement détourné. Ankara a été confrontée à une immigration irakienne importante et coûteuse pour sa stabilité et son image. Une intervention occidentale en Iran sonnerait comme un «Irak bis». Et il suffit de compter le nombre d'hommes d'affaires turcs qui accompagnent en voyage le Premier ministre Tayyip Erdogan pour comprendre que les intérêts économiques priment sur la fabrication de la politique étrangère. Ainsi en Iran, le mois dernier. Ou encore en Russie: «Côté fricotage d'affaires, les nouveaux tigres d'Anatolie, comme on surnomme les nouveaux entrepreneurs turcs, proches du gouvernement AKP, doivent se sentir tout à fait à l'aise avec les nouveaux moujiks russes», commente un observateur qui connait bien les deux pays. 1 2 next ? last » | Membre Juif.org
2 Mai 2025 - Le Figaro
2 Mai 2025 - Times of Israel
2 Mai 2025 - Kountrass
29 Avril 2025 - Le Figaro
4 Avril 2025 - Slate .fr
29 Avril 2025 par Blaise_001
28 Avril 2025 par Blaise_001
28 Avril 2025 par Guillemette
21 Avril 2025 par Claude_107
18 Avril 2025 par Claude_107
28 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
27 Juillet 2014
21 Juillet 2014
|