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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Benoît XVI et le difficile dialogue avec les juifs

Benoît XVI sera-t-il éternellement condamné à n'être que la pâle figure de son prédécesseur Jean Paul II' Dimanche 18 janvier, dans la synagogue de Rome où le pape faisait son entrée pour la première fois, le nom de Jean Paul II a été vivement applaudi, en mémoire de la visite historique qu'il avait faite dans ce même lieu et qui allait durablement imprégner de cordialité les relations entre l'Eglise catholique et le monde juif.

Le 13 avril 1986, le pape polonais avait osé le premier faire ce qu'aucun de ses prédécesseurs à la tête de l'Eglise catholique n'avait fait avant lui: prier dans une synagogue à côté d'un rabbin, échanger avec lui des mots de fraternité, de pardon et de paix. Beaucoup de commentateurs avaient écrit que de tous les voyages de Jean Paul II à travers le monde, le kilomètre franchi de la basilique vaticane à la synagogue de Rome, de l'autre côté du Tibre, avait sans doute été le plus long.

«Frères aînés, frères préférés»

Un voyage de deux mille ans dans une histoire pavée de malentendus, d'humiliations et de persécutions. A l'intérieur de la synagogue, les mots très forts de Jean Paul II avaient touché au c'ur la population juive. D'abord, il avait fait un mea culpa qui allait précéder toutes les formes de «repentance» à venir vis-à-vis du monde juif: «L'Eglise déplore la haine, les persécutions, les manifestations d'antisémitisme dirigées contre les juifs, quelle que soit l'époque et par quiconque». Ensuite, il avait montré la relation unique et singulière qui unit juifs et chrétiens: la religion juive «ne nous est pas extrinsèque, mais dans une certaine mesure elle est intrinsèque à notre propre religion chrétienne. Avec le judaïsme, nous avons une relation que nous n'avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et, d'une certaine manière, on peut dire que vous êtes nos frères aînés».

Benoît XVI est précédé d'une réputation moins consensuelle, plus sulfureuse dans la communauté juive. Il avait soulevé la stupeur en réhabilitant le rite ancien de la messe catholique selon Saint-Pie V, chère aux traditionalistes, qui comprend toujours une prière ? très légèrement amendée ? pour la «conversion» des juifs. La levée de l'excommunication de Mgr Richard Williamson, évêque intégriste et négationniste, avait ensuite soulevé une tempête autrement plus grave, calmée après les apaisements qu'avait dû donner Benoît XVI à ses partenaires de dialogue juifs.

Les «vertus héroïques» de Pie XII

Lors de sa visite à Jérusalem en mai 2009, l'opinion israélienne ne s'était pas enflammée comme elle l'avait fait pour Jean Paul II en l'an 2000. Le pape allemand n'avait pas su trouver les mots pour décrire, à Yad Vashem, la souffrance juive, ni pour renouveler les marques de repentir qu'avait su exprimer dans l'émotion son prédécesseur.

Il a enfin provoqué la consternation en relançant la polémique sur la béatification du pape Pie XII (1939-1958), dont il a reconnu, le 19 décembre 2009, les «vertus héroïques». En accélérant le processus de béatification du pape de la Deuxième Guerre mondiale, il a indigné une communauté juive qui ne peut oublier les «silences» de ce pape, à partir de 1942, quand toutes les sources diplomatiques alliées et celles du Vatican convergeaient pour certifier qu'un crime inouï se perpétrait au c'ur de l'Europe. Depuis quatre décennies, le projet de béatification de Pie XII soulève la colère du monde juif et d'une partie des rangs catholiques.

Il oppose ceux qui pensent que, par son mutisme, ce pape a manqué à son devoir moral le plus élémentaire et ceux pour qui il a évité des représailles aux catholiques allemands.

La mémoire de ces événements est revenue, dimanche 18 janvier, à la synagogue de Rome. Il aura fallu l'obstination du grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, pour que la visite de Benoît XVI, prévue de longue date, soit maintenue, mais le rabbin Laras, président de l'association des rabbins italiens, et une partie de la communauté juive italienne avaient décidé de boycotter la cérémonie.

Un silence qui fait mal

Le moment le plus émouvant a eu lieu devant la plaque qui rappelle que, le 16 octobre 1943, plusieurs centaines de soldats allemands ont arrêté, dans ce quartier juif, 1.023 juifs romains, parmi lesquels 200 enfants, pour les déporter vers le camp d'extermination d'Auschwitz (Pologne). Seuls seize d'entre eux sont revenus. Parmi les griefs adressés le plus fréquemment à Pie XII, il y a son silence devant ces rafles quasiment sous ses fenêtres du Vatican.

Président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici a été le seul à prononcer dimanche son nom devant Benoît XVI: «Le silence de Pie XII devant la shoah fait encore mal, comme un acte manqué. Peut-être n'aurait-il pas arrêté les trains de la mort, mais il aurait transmis un signe, une parole d'extrême réconfort, de solidarité humaine envers nos frères transportés vers Auschwitz.» Il ne lui sera pas répondu directement.

Pas de remise en cause du dialogue

Benoît XVI ne remet pas en cause le dialogue officiel de l'Eglise avec le judaïsme. Il l'a confirmé dimanche. Mais à vouloir rallier ses forces catholiques les plus conservatrices, tenantes d'une théologie traditionnelle et réservée, voire hostile au dialogue avec les autres religions, il a réouvert une phase de soupçon et de scepticisme dans une communauté juive qui peine à reconnaître en lui le successeur de papes inspirés comme Jean XXIII qui, en convoquant le concile Vatican II (1962-1965), avait ouvert la voie au dialogue et à la réconciliation. Ou comme Jean Paul II qui, faisant des juifs ses «frères aînés», avait été le premier pape à admettre que l'Alliance de Dieu avec le peuple juif était «irrévocable», à reconnaître l'Etat d'Israël et à s'y rendre, enfin à demander pardon pour les fautes commises dans l'histoire chrétienne contre le peuple juif.

Alors à la synagogue, devant un tel auditoire, Benoît XVI s'est employé à désamorcer les craintes d'un retour en arrière dans la relation de l'Eglise avec le peuple juif. Il a situé son action résolument dans la continuité de son prédécesseur. Pour lui, le concile Vatican II, qui a inauguré cette phase nouvelle dans la relation entre juifs et chrétiens, reste un «point ferme». Le chemin alors ouvert au dialogue, à la fraternité et à l'amitié est «irrévocable».

Benoît XVI a aussi repris à son compte le message de repentance adressé par Jean Paul II pour les fautes commises contre le peuple juif et il a relu, mot à mot, le texte de la «demande de pardon» que, sous la forme d'un petit billet, le pape polonais avait glissé, en mars 2000, entre les fentes du Mur des Lamentations à Jérusalem. Le prix payé par le peuple juif aux «terribles idéologies qui se sont enracinées dans l'idolâtrie de l'homme, celle de la race, celle de l'Etat» fut le «drame singulier et bouleversant de la shoah» et de l'extermination du peuple juif.

Rome ne fut pas épargné par la tragédie, a ajouté Benoît XVI en évoquant, à son tour, les rafles de 1943 dans la capitale italienne:

En ce lieu, a-t-il demandé, comment ne pas se souvenir des juifs romains qui furent emportés de leurs maisons, devant ces murs et furent tués à Auschwitz' Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, leurs larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants' La mémoire de ces événements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour que grandissent toujours plus la compréhension, le respect et l'accueil.

Mais il restera muet sur le rôle de Pie XII et  l'ouverture complète des archives du Vatican, portant sur la dernière guerre, réclamée par le monde juif. Devant la tragédie, beaucoup sont restés indifférents, a-t-il seulement ajouté. D'autres ont pris des risques pour secourir des juifs. Il a au passage voulu écarter le stéréotype selon lequel le Vatican serait reste inactif. Au contraire, celui-ci «a procuré son assistance aux juifs, souvent de façon discrète et cachée». Les historiens apprécieront.

Pour finir, Benoît XVI a insisté sur les racines spirituelles communes aux juifs et aux chrétiens, qui se trouvent dans la Bible et les récits de l'Alliance passée entre Dieu et les hommes. Le Décalogue (Dix commandements) transmis par Dieu à Moïse reste un impératif absolu, qui s'impose à tous, la source essentielle d'une humanité à reconstruire. Les défis sont celui de la protection de la vie, celui de la lutte à mener contre toute injustice, pour la dignité, la liberté et les droits de l'homme. Juifs et chrétiens sont appelés à oublier leurs querelles et à collaborer pour le mieux-être de l'humanité. Des mots du pape réconfortants qui ont emporté l'adhésion de ses hôtes, mais n'ont pas chassé tous les nuages.

Henri Tincq

Image de une: Audience au Vatican, le 13 janvier 2009. Alessia Pierdomenico / Reuters

29 commentaires
Tellement cachee, que le Vatican depuis refuse l ouverture des archives et pour cause :

http://www.juif.org/communaute-juive/118925,israel-demande-l-ouverture-des-archives-du-vatican-sur-la-2eme-guerre.php
Envoyé par Elie_010 - le Dimanche 17 Janvier 2010 à 22:15
alors bravo pour la discrétion personne ne s'en est aperçu, il nous prend pour des cons celui la. Tiens il leve les deux bras en même temps autre temps autre meurs.
Envoyé par Joseph_015 - le Dimanche 17 Janvier 2010 à 22:47
"le vatican a aidé les Juifs "de façon cachée et discrète":

Elie 010, d'abord "welcome back".

Ensuite, tu m'as "ôté les mots du clavier". J'ai pensé exactement la même chose que ce que tu a écrit. Too late....

AM ISRAEL HAY Sourire Rigole Clin d'oeil Star
Envoyé par Viviane_005 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 06:14
avec le recul , l'histoire entre guillemets démontre que l'église ne s'est pas glorifiée durant cette période
trouver des arguments insidieux après coup , non , il faut avoir le courage de ses actes .....
il est temps que l'on ouvre les archives pour voir aussi la lie qui est dans nos sociétés ....
l'histoire ne doit servir qu'à éclairer l'avenir ....elle n'éclaire souvent que le chemin parcouru ....
oui on veut savoir pour pouvoir apprécier la barbarie à nos portes ;;;c'est demain le plus important ....pour nos enfants .....
Envoyé par Raymond_010 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 09:27
Si en 1939 Pie XII avait eu le courage de dénoncer les exactions du nazisme
il n'y aurait peut-être pas eu 6 millions de juifs assassinés.
La façon cachée et discrète du Pape pour sauver des juifs est à pleurer de honte
lorsque l'on sait aussi que le Vatican a aidé des nazis à fuire l'Europe pour l'Amérique latine
à la fin de la guerre.
Envoyé par Yvan_001 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 12:14
Merci Viviane

Avec une telle evidence, nous ne pouvons que penser la meme chose sur ce sujet, c est trop flagrant comme titre.

Ilsont en mis du temps au vatican pour declarer qu ils ont aidé discretement des juifs, à ce rythme, en 2500, qui sait, ils diront peut-etre que le vatican a "discretement" declare : "Mr Hitler, pouvez-vous siouplait, etre moins dur à l encontre des juifs".
Envoyé par Elie_010 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 12:21
L'Italie de l'époque était alliée au Reich. Dans un autre pays est-européen, également allié de l'Allemagne nazie, la Bulgarie, la hiérarchie religieuse ( orthodoxe ) s'est opposée à la déportation des Juifs bulgares, rejointe par d'autres forces, dans les milieux politique, universitaire, etc. Le résultat a été que la plus grande partie des Juifs bulgares a été sauvée. Le pape Pie XII ne voulait pas contrer ouvertement l'Allemagne parce qu'il la considérait comme un rempart contre le bolchévisme. Moyennant quoi, il s'est contenté d'interventions limitées et - on ne le fait pas dire au Vatican - " discrètes " .

On peut aussi rappeler que lorsque le gouvernement nazi a commencé à faire liquider les malades incurables et les malades mentaux, l'archevêque de Munich, le comte von Galen, a dénoncé, en chaire, cette politique. Cette dénonciation a eu pour effet que le gouvernement a interrompu les liquidations. Qu'on ne dise pas que si Pie XII, très introduit en Allemagne, où il avait été nonce, et où il disposait, notamment à la Wilhelmstrasse, de contacts et d'appuis, avait eu le courage de parler haut et fort, sa protestation n'aurait pas eu au moins autant d'effets que celle de Mgr von Galen.
Envoyé par Edmond_002 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 12:48
Bras dessous-dessous avec Vatikan et de la Croix Rouge a fournie le Laisse passez à Eichmann et a Dr.Men
gele aussi!!! ce la est un "secret ouvert"devant tout le monde!!!
Envoyé par Bar-oni - le Lundi 18 Janvier 2010 à 15:23
la vérité n'est pas toujours bonne à dire ... cela n'engage que moi mais tous les groupes à partir
d'un certain nombre fonctionnent de manière mafieuse ... l'église veut toujours régler ses comptes inconsciemment avec les juifs (jésus mort sur la croix ) de plus les allemands les débarrassaient d'adversaires de plus en plus influents ...dans ces groupes il n'y a que l'intérêt qui marche et il n'y eu aucune compassion
la compassion c'est pour le peuple ..le marketing politique .maintenant ils ont besoin de partenaires et réciproquement contre l'islam car on est en guerre il ne faut pas l'oublier ... simplement ne pas OUBLIER .l'histoire... et il y a des silences , des oublis qui en disent plus long que toutes les archives ;;;A bientôt.élie
Envoyé par Raymond_010 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 22:33
à edmond tout à fait d'accord
c'est pas le courage qui caractérise le pape pie xii
être courageux est une grande qualité
savoir que ce pape va être canonisé même si cela n'est pas mes oignons
me scandalise c'est une insulte à notre communauté ...et quand je vois combien ils se couchent devant certains extrémistes musulmans on se doit de faire corps sans discussion et se méfier du pape actuel ...
Envoyé par Raymond_010 - le Lundi 18 Janvier 2010 à 22:41
Membre Juif.org





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