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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

On ne peut pas accepter un Iran nucléaire

L'annonce par l'Iran de progrès dans son programme d'enrichissement de l'uranium -et donc d'un rapprochement potentiel de la fabrication de la bombe A- a suscité quatre types de réaction:

1.             Il faut attaquer l'Iran immédiatement, avant qu'il ne soit trop tard.

2.             Il faut convaincre le monde entier d'imposer tout de suite des sanctions à l'Iran, avant qu'il ne soit trop tard.

3.             Il faut dès à présent engager un dialogue diplomatique avec l'Iran, avant qu'il ne soit trop tard.

4.             On se détend: une bombe atomique iranienne ne représente pas un grand danger, et pourrait même contribuer à stabiliser le Moyen-Orient.

Chacun de ces quatre arguments présente des problèmes, mais commençons par le dernier, car après tout, si en effet nous pouvons réellement arrêter de nous en faire et aimer la bombe iranienne (pour paraphraser Kubrick et Southern), le reste n'a plus d'importance.

L'exemple le plus récent de cette école de pensée est un article publié par Adam Lowther, analyste de la défense à l'Air Force Research Institute, dans le New York Times du 10 février. Lowther y avance qu'une bombe iranienne pourrait bien servir les intérêts des États-Unis: les Saoudiens et les Égyptiens nous demanderaient de les protéger et de leur promettre des représailles contre l'Iran au cas où ce dernier les attaquerait. En contrepartie, nous pourrions insister pour qu'ils mettent en place de grandes réformes économiques et démocratiques, et pour qu'ils fassent la paix avec Israël. En outre, ajoute Lowther, les Palestiniens se hâteraient également de faire la paix, puisque les retombées radioactives d'une attaque iranienne sur Jérusalem les tueraient aussi.

C'est l'un des articles d'opinion les plus cinglés qui ait jamais été publié dans un grand journal américain. Quelques mots suffisent à le réfuter: aucun président américain ne va aborder une attaque du Caire ou de Riyad sur le même plan qu'une attaque contre les États-Unis. Même si un président affirmait le contraire, aucun dirigeant égyptien ou saoudien ne le croirait. Et même s'ils le croyaient, ils estimeraient que les États-Unis le font dans leur propre intérêt; ils ne verraient pas la nécessité d'adopter ni la démocratie ni le capitalisme, ou de se rapprocher d'Israël; il est certain qu'ils n'accepteraient jamais un marché de ce type. Cet argument est trompeur de la première à la dernière ligne.

Certains, plus malins-des «réalistes internationaux» comme Kenneth Waltz de l'université de Columbia et Barry Posen du MIT -avancent des arguments plus pondérés: selon eux, si l'Iran construisait des bombes atomiques, il serait possible de le dissuader de les utiliser grâce à une menace crédible de représailles par les États-Unis, Israël ou des pays arabes susceptibles de réagir en construisant leur propre arsenal nucléaire. D'aucuns estiment qu'une course aux armements au Moyen-Orient, dans ce sens, pourrait stabiliser les tensions, car chaque puissance dissuaderait les autres de tenter une agression nucléaire. Certains disent aussi que les régimes révolutionnaires ont tendance à modérer un peu leur comportement quand la bombe A entre dans le jeu. Sachant qu'en cas de guerre la surenchère est toujours possible, ils ont tout intérêt à étouffer les conflits dans l'?uf.

Cet argument est assez valable. Sans la bombe, la Chine et l'Union Soviétique se seraient sans doute déclaré la guerre à la fin des années 1960; les accidents de frontières entre Allemagne de l'Est et de l'Ouest auraient pu déboucher sur des affrontements pendant la Guerre froide, et les conflits entre Inde et Pakistan auraient sans doute été encore plus intenses au cours des dernières décennies. La bombe a réellement réduit la probabilité de conflit majeur entre grandes puissances.

Cependant, elle n'en a pas éliminé la possibilité. Moscou et Washington ne sont pas passés loin de la guerre atomique par deux fois au moins. Pendant la crise de Berlin de 1961, le Pentagone avait mis au point des projets très précis de frappe nucléaire contre l'Union Soviétique. Le dernier jour de la crise des missiles de Cuba de 1962, tous les conseiller du président John F. Kennedy, civils et militaires, le pressaient d'attaquer la base soviétique (JFK et Nikita Khrouchtchev mirent un terme à la crise en passant un accord secret). Si l'U.S. Strategic Air Command avait exercé un contrôle indépendant de l'arsenal atomique pendant ces crises ou à d'autres moments de tension des années 1950 et du début des années 1960 (quand les généraux Curtis LeMay et Thomas Power commandaient le SAC), il est fort probable que des bombes auraient été larguées sur l'Union Soviétique à un moment ou un autre. Et c'est peut-être valable pour les généraux soviétiques qui auraient tout aussi bien pu bombarder les États-Unis.

Pendant la crise cubaine et celle de Berlin, les dirigeants américains et soviétiques ont eu le temps de réfléchir au problème; et le président comme le Premier secrétaire avaient le contrôle de la bombe. Cela fait plusieurs décennies que les deux camps ont entrepris des démarches coûteuses pour rendre leurs armes moins vulnérables aux attaques (en plaçant les missiles dans des silos de béton souterrains, dans des sous-marins ou des bombardiers capables de décoller très vite). Ils ont aussi mis au point des technologies -bouton rouge, codes, et pléthore de liens de commande et de contrôle- réduisant au maximum les risques de lancements accidentels ou non-autorisés. Toutes les autres nations qui se sont ensuite construit des arsenaux nucléaires (Grande-Bretagne, France, Chine, Israël, Inde et Pakistan) ont adopté le même genre de système, parfois avec l'aide des États-Unis (pour la Corée du Nord, c'est une autre histoire, mais elle n'a pas encore d'arme nucléaire utilisable).

C'est là que les arguments des réalistes prônant l'insouciance devant une bombe iranienne ne tiennent plus debout. Si les Iraniens réussissent à fabriquer des bombes atomiques, il n'est pas certain du tout en fait, il est sans doute peu probable, qu'ils instituent ce genre de dispositifs de contrôle élaborés. Vu les schismes au sein même du régime, nous ignorons qui aura -ou arrachera- le pouvoir de les utiliser (et si c'est les Gardiens de la révolution, ce sera de mauvais augure).

Et si une bombe iranienne incite d'autres puissances de la région à élaborer leur propre bombe comme force de dissuasion, cela pourra en effet «stabiliser» les tensions -en donnant à chacun un pouvoir «dissuasif»- mais il est bien plus probable que cela ne fera qu'aggraver les choses. Les autres régimes ne disposeront sans doute pas non plus de dispositif de contrôle, en tout cas pas au début. Et il y a le facteur géographique: ces pays sont très proches les uns des autres, quelques minutes de vol suffiraient à un missile nucléaire pour atteindre sa cible. En cas de crise, un dirigeant pourra lancer une première attaque pour devancer une première frappe par le dirigeant d'un autre pays. (Si les frontières russes et américaines n'étaient qu'à 150 km de distance, nous n'aurions probablement pas survécu à la Guerre froide sans un «échange nucléaire.» C'est une des raisons, d'ailleurs, pour lesquelles les missiles soviétiques à Cuba et les missiles américains en Turquie étaient un tel sujet d'angoisse).

À un autre niveau, le danger d'une bombe iranienne n'est pas que les mollahs de Téhéran se réveillent un matin et atomisent Jérusalem. Ils doivent savoir que les représailles les réduiraient à néant. La dissuasion fonctionne à ce niveau très basique, en tout cas contre tout régime qui possède un instinct de survie (et les dirigeants iraniens n'en sont pas dépourvus). Le danger, ou un des dangers, est que des armes nucléaires ne poussent leurs possesseurs à prendre des risques, surtout à commettre des agressions à un moindre niveau. Un exemple: si Saddam Hussein avait fabriqué quelques armes nucléaires avant d'envahir le Koweït en 1990, le président George H.W. Bush et son secrétaire d'État, James Baker, auraient eu bien plus de difficultés à rassembler une aussi vaste coalition-voire une coalition tout court-pour le repousser. Au cours de cette guerre, Baker avait aussi déclaré que les États-Unis considéreraient une attaque chimique et biologique contre Israël comme équivalente à une attaque nucléaire contre les États-Unis, et qu'ils réagiraient en conséquence. Cette déclaration aurait semblé moins crédible si Saddam avait eu ses propres armes nucléaires pour négocier.

Cela ne signifie pas qu'un Iran nucléaire ne peut être maîtrisé; mais c'est une proposition plus risquée qui implique de passer des accords avec d'autres puissances, et des compromis avec d'autres intérêts, que nous préférerions éviter. En bref, il vaut la peine de se donner du mal pour éviter que la bombe ne tombe entre les mains des Iraniens. Mais jusqu'à quel point'

Cela nous ramène à ces trois autres propositions de réaction à la nouvelle que les Iraniens pourraient bientôt produire de l'uranium très enrichi, ce qui les mettrait sur le chemin de la fabrication des bombes atomiques.

Tout d'abord, il vaut la peine de souligner qu'ils n'en sont pas encore là, et qu'ils semblent connaître quelques problèmes techniques pour y parvenir. Deuxièmement, s'ils atteignent ce niveau -c'est-à-dire, une fois qu'ils auront enrichi leur uranium à 20%- il faudra un an ou plus pour l'enrichir à 80% ou 90%, le niveau nécessaire pour fabriquer des bombes. Troisièmement, s'ils y parviennent, transformer ce matériau en bombe, la concevoir et la miniaturiser pour la faire tenir dans un missile, c'est encore une autre histoire. Ca, c'est de la technologie des fusées.

En d'autres termes, la situation n'est pas aussi urgente que le laissent penser certains des défenseurs de chacune de ces possibilités. Nous avons du temps devant nous pour voir comment l'Iran se débrouille, non seulement d'un point de vue technologique, mais aussi politique, social et économique.

Lancer une attaque contre les équipements iraniens est une mauvaise idée, surtout sans preuve concrète que l'Iran est vraiment capable de fabriquer une bombe, et encore moins qu'il s'apprête à le faire. Une frappe aérienne ou une expédition commando ne ferait que consolider la puissance du régime (rien de tel qu'une agression étrangère pour unir la nation autour d'un régime aux abois.)

Pourtant, la perspective de discussions diplomatiques semble vaine, principalement parce qu'il n'y a personne là-bas avec qui discuter. Ou bien, quand certains représentants souhaitent s'engager, ils sont rapidement rejetés par d'autres qui y sont opposés. (C'est arrivé il y a quelques mois, quand l'Iran a annoncé qu'il envisagerait d'exporter son uranium pour le faire enrichir à l'étranger, comme l'avaient proposé les États-Unis et la Russie-avant de faire marche arrière peu après). La seule raison pour Obama de continuer à proposer de discuter (et c'est une bonne raison), est de pouvoir dire qu'il aura essayé la diplomatie si un jour les choses se gâtent.

Quant aux sanctions, elles sont délicates, particulièrement à un moment où des manifestants s'opposent à un gouvernement sur lequel nous essayons de faire pression. Les sanctions ne font pas dans la dentelle, elles punissent la population aussi brutalement que le gouvernement, alors que nous devrions plutôt chercher des moyens de creuser le fossé entre le peuple iranien et ses dirigeants. Beaucoup de pays occidentaux imposent des sanctions ciblées -par exemple l'arrêt des relations commerciales avec des entreprises entre les mains des Gardiens de la révolution. Ces mesures en valent vraiment la peine, bien qu'elles gagneraient en efficacité si la Chine pouvait être persuadée de se joindre aux autres. Étant donné l'approche mercantiliste de la Chine vis-à-vis de la politique étrangère, rien n'est moins sûr.

Un changement de régime serait une bonne chose, mais il convient de souligner quelques éléments. Tout d'abord, étant donné que nous ne pouvons pas vraiment discuter avec le gouvernement iranien pour l'instant, nous serions bien avisés de déclarer notre sympathie à l'égard des rebelles et d'exiger plus ouvertement que cessent tortures et emprisonnements.

Cependant, aider matériellement les rebelles (que ce soit ouvertement ou de façon mal dissimulée) ne fera qu'aggraver la situation, surtout en Iran, où le souvenir de 1953 -l'année où la CIA a aidé à renverser Mohammad Mossadegh et à installer le shah- reste vivace et politiquement exploitable. (Quand Condoleezza Rice, secrétaire d'État de George W. Bush, a annoncé publiquement que l'administration consacrerait 75 millions de dollars à aider les rebelles iraniens, beaucoup d'entre eux ont protesté, conscients que cela augmentait les risques d'être arrêtés en tant qu'espions de la CIA).

Enfin, même si des réformateurs démocratiques et pro-occidentaux prenaient le pouvoir en Iran, ils continueraient presque à coup sûr d'enrichir l'uranium -pas nécessairement pour fabriquer des bombes atomique. C'est devenu une question de fierté nationale, en partie à cause des pressions extérieures.

Pour se préparer à ce jour, ou à celui où il sera possible d'entamer des négociations, nous serions bien inspirés de fixer l'objectif de ces discussions -la fin de l'enrichissement (peu probable), ou des limites strictes à cet enrichissement, afin d'empêcher les Iraniens de transformer l'uranium en arme (plus probable mais très difficile à vérifier, surtout avec un régime hostile).

La vraie frustration que suscite toute cette histoire, la raison qui pousse même des gens raisonnables à envisager d'agir de manière dangereuse ou irréfléchie, c'est qu'au final nous n'avons que très peu de contrôle sur ce qui va se passer. C'est un exemple extrême de ce que nous vivons dans une grande partie du monde depuis la fracture des pouvoirs qui a suivi la fin de la Guerre froide. Et nous n'y sommes pas encore habitués.

Fred Kaplan est chroniqueur pour la rubrique «War Stories» de Slate. Il est l'auteur de 1959: The Year Everything Changed. Écrivez-lui à war_stories@hotmail.com.

Traduit par Bérengère Viennot

LIRE EGALEMENT SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN: Ces américains qui veulent attaquer l'Iran, Nucléaire: la guerre secrète entre Israël et l'Iran, Les risques d'une attaque israélienne contre l'Iran et L'Iran le doigt sur la détente.

Image de Une: Missile iranien à longue portée Seiji 2 qui pourrait emporter une charge nucléaire Caren Firouz / Reuters

36 commentaires
S'il n'y avait pas eu l'empire Turc, que seraient devenus nos ancêtres séphardim rejetés d'Espagne et des autres pays d'Europe ? Honneur aux Turcs !
Envoyé par Albert_027 - le Mardi 23 Février 2010 à 09:56
Le compte de ce membre a été suspendu.
Envoyé par Jean-luc_006 - le Mardi 23 Février 2010 à 12:54
Erdogan met en garde contre une attaque israelienne.....!
Dit Tout ce la; Reçep Tayyip Erdogan qui sans aucun scrupule fait bombarde des Kurdes sur le Territoire Syrien mème!!!
Envoyé par Bar-oni - le Mardi 23 Février 2010 à 13:49
Migration juif dans l’empire Ottomane
Il y a une relation familiale entre la dynastie Ottomane et les dynasties de la Maison du roi David. Une clée se trouve en AL Andalus. En Al Andalus et dans d‘ autres regions les grands philosophes et les grands medecins de l‘ Islam et du Judaisme etaient en parenté avec les differentes dynasties
Wolfgang de la famille Maimonide et Avicenna (Ibn Sina), le Calife, Maiso roi David
Envoyé par Wolfgang_001 - le Mardi 23 Février 2010 à 18:02
bien Albert, je me demandais bien si un jour un juif allait reconnaitre cette évènement. Aujourd'hui face à la politique anti-turc de Sarkozy la plus part des turc de Turquie me disent : "c'est comme ça qu'il remercie les turcs alors qu'ils étaient rejetés par tous". D'autant plus que l' arrière grand père de Sarkozy faisait parti de ces juifs qui avaient quitté l'Espagne pour ce réfugier dans l'empire ottomans.
Envoyé par Oxi - le Mardi 23 Février 2010 à 18:02
à albert_027 Embarrassé
vous êtes persuadé que l'empire turc a sauvé nos ancêtres sépharades ?
si vous pouvez m'éclairer , j'apprendrais au moins que parmi les turcs , il y a quand même de braves gens , sans oublier naturellement les 2600 ans de présence juive au maghreb , et sans oublier également la présence de l'empire ottoman en palestine occupée justement par l'empire ottoman !
l'mpire ottoman a laissé derrière lui les héritiers de la haîne gratuite , aujourd'hui transformés en palestiniens vindicatifs et psychopathes avérés .

il est hors de question de sonner le shoffar en l'honneur des turcs , et d'en faire l'apologie !
erdogan est un traitre , c'est un islamiste , il trompe son monde dès l'instant que ce monde ne l'intéresse plus , il y a beaucoup de malhonnêteté dans son comportement opportuniste .

albert , il ne faut quand même pas oublier son comportement , alors qu'ehoud barak , s'est rendu sur place , ehoud barak a honoré la livraison de drônes , a présenté les excuses du gouvernement israëlien .
les turcs voyant qu'israël est rejeté par la communauté internationale a rejoint les ennemis d'israël , en interdisant même le survol de son territoire .

erdogan ne va quand même affirmer qu'il n'est pas au courant de cette affiche énorme , accrochée à une grue , montrant shimon pérès , la tête baissée , et erdogan , debout !
non et non , albert , la turquie n'est pas l'amie d'israël !

la turquie a été aidée lors du tremblement de terre par israël à izmir !
Envoyé par Jacques_079 - le Mardi 23 Février 2010 à 19:54
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le chroniqueur américain Harut Sassounian publie dans le journal US The California Courier, son éditorial du 4 juin 2009, intitulé « Une historienne allemande dévoile la propagande turque sur les juifs ». Il le consacre aux travaux de l’historienne allemande Corry Guttstadt qui a récemment publié une étude complète de 520 pages sur les actes répréhensibles de la Turquie pendant l’Holocauste. Le titre en allemand du livre est : “Die Turkei, die Juden und der Holocaust” (La Turquie, les Juifs et l’Holocauste). Harut Sassounian introduit son article en ces termes : « Pendant des années, le gouvernement turc et ses propagandistes attitrés ont prétendu que tout au long de l’histoire les juifs ont été bien traités en Turquie. Comme ces dernières années, la Turquie a subi une intense pression internationale pour reconnaitre le génocide arménien, les responsables turcs ont décidé de présenter une image plus positive de leur pays ». Le Collectif VAN vous propose une traduction de l’éditorial, composé pour l’essentiel des citations de l’historienne allemande Corry Guttstadt. Le Collectif VAN vous suggère également de relire pour l’occasion la traduction de l’article du journal turc Taraf : « Le mythe des Schindlers turcs ». Et pour finir, une petite note bien actuelle : selon un sondage publié dimanche 31 mai 2009 par le quotidien Milliyet en Turquie, 64% des Turcs refuseraient d’avoir des Juifs pour voisins.

Une historienne allemande dévoile la propagande turque sur les juifs

De Harut Sassounian
Édité par The California Courier
Editorial de Sassounian du 4 juin 2009

Pendant des années, le gouvernement turc et ses propagandistes attitrés ont prétendu que tout au long de l’histoire les juifs ont été bien traités en Turquie.

Comme ces dernières années, la Turquie a subi une intense pression internationale pour reconnaitre le génocide arménien, les responsables turcs ont décidé de présenter une image plus positive de leur pays en forçant les leaders juifs locaux à émettre des déclarations publiques indiquant que leur communauté avait toujours vécu en paix et avait prospéré pendant des centaines d’années.

Les responsables juifs de Turquie se sont acquittés des diktats du gouvernement turc avec obéissance, afin d’assurer la sécurité de leur communauté et de sauvegarder leurs propres intérêts en affaires.

Cependant très peu de recherches ont été faites sur les conditions réelles de la communauté juive dans l’Empire ottoman et dans la République de Turquie. L’historienne allemande Corry Guttstadt a récemment comblé le vide en publiant une étude complète de 520 pages sur les actes répréhensibles de la Turquie pendant l’Holocauste. Le titre en allemand du livre est : “Die Turkei, die Juden und der Holocaust” (La Turquie, les Juifs et l’Holocauste). Basée sur des documents d’archives situées dans divers pays européens, l’étude a pu documenter le destin tragique des juifs de Turquie pendant l’Holocauste.

Dans une interview menée par Sonja Galler et postée sur le site www.Qantara.de, Guttstadt explique pourquoi la communauté juive de Turquie est passée de 150000 personnes pendant la Première Guerre mondiale à seulement 20000 aujourd’hui.

“Décrire l’Empire ottoman comme un ‘paradis multiculturel’ est absurde et non historique”, dit Guttstadt. “En tant que non musulmans, les juifs étaient sujets à des contraintes sans nombre. Comme les chrétiens, ils devaient payer un impôt et ils étaient obligés de se conduire de manière soumise envers les musulmans.”

Ayant été témoins du génocide arménien, les juifs étaient terrifiés à l’idée de subir le même sort. Pour garantir leur sécurité et leur survie, les juifs ont fait tout ce qui était possible de faire, y compris se convertir à l’islam, pour prouver qu’ils étaient des sujets turcs loyaux.

“La plupart des juifs se considéraient à l’origine comme des alliés du mouvement kémaliste et attendaient beaucoup de la nouvelle République”, explique Guttstadt. “Ces espoirs ont été rapidement balayés, parce que malgré leurs tentatives d’adaptation et leurs déclarations de loyauté, les juifs sont vite devenus la cible du nationalisme rigide de la jeune république. L’une des politiques définissant la nouvelle république était la ‘Turquisation’ de l’état, de l’économie et de la société”, déclare Guttstadt. Ce qui eut comme résultat que les juifs furent “successivement écartés d’un certain nombre de professions et de secteurs de l’économie. Ce qui a motivé de nombreux juifs à émigrer” de Turquie.

Dans la période de l’entre-deux-guerres, l’intolérance allait croissante en Turquie envers les juifs et les autres minorités. Selon Guttstadt, “des tracts antisémites comme ‘Le Protocole des sages de Sion’ avaient atteint la Turquie et avaient été traduits dans les années 1930. Suite à une visite en Allemagne, Cevat Rifat Atilhan, que l’on pourrait décrire comme le père de l’antisémitisme islamique en Turquie, a commencé à publier le journal antisémite, Milli Inkilap (Révolution nationale) à Istanbul, qui contenait des caricatures antisémites qui étaient directement tirées du journal nazi, Der Sturmer. Le ‘Protocole des Sages de Sion’ et ‘Mein Kampf’ ont été réédités maintes fois à ce jour. Les mesures nationalistes n’ont pas uniquement affecté les juifs, mais aussi les Kurdes, les Arméniens et les Grecs, et elles incluaient des relocations forcées, le soi-disant ‘impôt sur la richesse’— qui a conduit à la confiscation des biens de ceux qui n’étaient pas en mesure de payer les sommes astronomiques et arbitraires fréquemment exigées — ainsi que des camps de travaux forcés en Anatolie orientale.”

Avant la Première Guerre mondiale, près de 30000 juifs turcs se sont enfuis en Europe pour échapper aux traitements injustes et parfois brutaux qu’ils subissaient chez eux. Ils ne savaient pas qu’un destin encore plus tragique les attendait. En 1942, l’Allemagne nazie avait demandé à Ankara de faire partir ses citoyens juifs des territoires occupés par le Reich allemand, afin qu’ils ne soient pas rassemblés avec les autres juifs d’Europe. Ankara a cependant refusé de leur permettre de revenir en révoquant leur citoyenneté turque. Le résultat fut que plusieurs milliers de juifs turcs moururent après avoir été internés dans les camps de concentration allemands.

Guttstadt dévoile également le mensonge si souvent répété : la Turquie aurait fourni un abri sûr à de nombreux juifs européens pendant l’Holocauste. Elle déclare que certains consuls turcs dans des pays européens, qui sont intervenus pour obtenir la libération des juifs turcs incarcérés, ne l’ont pas toujours fait “pour des raisons purement humanitaires”, mais “pour se remplir les poches.”

Le livre révélateur de Corry Guttstadt devrait être traduit et publié en plusieurs langues principales afin d’exposer les politiques racistes et criminellement négligentes du gouvernement turc vis-à-vis de ses citoyens juifs pendant l’Holocauste.

©Traduction C.Gardon pour le Collectif VAN - 3 juin 2009 – 14 :10 - www.collectifvan.org

Article mis en ligne sur :

La Turquie, les Juifs et l’Holocauste

Lire aussi :

« Le mythe des Schindlers turcs » (journal turc Taraf)

Sondage : 64% des turcs ne veulent pas de Juifs pour voisins


Envoyé par Sonia_004 - le Mardi 23 Février 2010 à 20:57
Des qu'une petite piece est jeté, J. Luc est preneur.
Envoyé par Elie_010 - le Mardi 23 Février 2010 à 21:21
connaissez vous le documentaire " theorore herlz, le coté antisémite du sionisme" ; J'ai été choqué de en regardant ce documentaire qui est en 5 parties. A VOIR ABSOLUMENT www.tagtele.com/videos/voir/43396
Envoyé par Samuel_031 - le Mardi 23 Février 2010 à 21:22
Samuel

C'est pas le cote antisemite du sionisme mais le coté judéophobe de ces sionistes.
Envoyé par Elie_010 - le Mardi 23 Février 2010 à 22:54
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Dernière mise à jour, il y a 27 minutes