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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Le Liban, un dé à 13 faces

L'ultimatum du Hezbollah lancé le 11 janvier au Premier ministre libanais Saad Hariri expirait le lendemain à midi:
réunion extraordinaire du cabinet ministériel mercredi matin avant midi, ou
démission de ses 11 ministres dans la journée. Au Liban, le Parti de Dieu a la
réputation de toujours tenir mettre ses menaces en pratique. Mercredi, toutes
les agences de presse ont envoyé leurs
dépêches annonçant la fin du gouvernement d'union nationale accouché dans la douleur en septembre
2009 après six mois de paralysie institutionnelle. Depuis l'assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, le Liban
joue au yoyo: entre attentats, reportages sur les folles soirées
beyrouthines et paralysie politique, le pays du cèdre n'a pas trouvé le juste
milieu.

1. Comment se
compose l'échiquier politique libanais aujourd'hui'

Deux principaux camps se détachent
de la photo de famille. D'un côté, l'actuelle majorité dite du 14 Mars, composée du bloc sunnite de Saad Hariri et de
partis chrétiens comme les Forces Libanaises et les Kataeb. De l'autre,
l'actuelle opposition dite du 8 Mars, menée principalement
par le Hezbollah chiite et le Courant patriotique libre du général chrétien
Michel Aoun.

Le relatif équilibre a changé en
2009 avec le revirement du leader druze Walid
Joumblatt, ex-pilier du 14 Mars qui a fait amende honorable auprès
du régime syrien ?«grand frère» ayant occupé le Liban pendant trente
ans' et repris son indépendance. Le retrait de ce groupe parlementaire des
rangs du 14 Mars fait aujourd'hui pencher la balance en faveur du 8 Mars.

2. Quels sont
les alliés externes des deux camps'

Le 14 Mars peut compter sur
l'Arabie saoudite, principal bailleur de fonds du clan Hariri, et sur les
Etats-Unis, comme l'ont rappelé les récentes déclarations de Barack Obama et d'Hillary Clinton. Le 8 Mars,
lui, s'appuie sur l'Iran et la Syrie, le premier étant le parrain naturel du
Hezbollah (financièrement et idéologiquement), le second tentant de reprendre
sa place sur l'échiquier libanais après avoir été jeté dehors en avril 2005.

3. Quel jeu
joue la Syrie aujourd'hui'

Celui du pompier-pyromane, diront
les plus cyniques des observateurs. Après avoir été mis au ban des nations au
printemps 2005 car accusé à l'époque ?mais sans preuves irréfutables' d'être
derrière l'assassinat de Hariri, le régime de Bachar el-Assad a opté pour la
politique du dos rond. Bien lui en a pris puisque tout le monde le caresse
aujourd'hui dans le sens du poil: Iraniens, Français, Turcs, Américains
ont remis Assad au centre de l'équation régionale, les Occidentaux espérant que
la Syrie jouerait le jeu dans les pourparlers de paix avec
Israël. S'il n'a pas été innocenté du crime, le régime de Damas fait comme si,
et propose depuis un an ses bons offices pour trouver une solution à la crise
libanaise. Au Liban, ses opposants s'arrachent les cheveux en voyant les
Syriens revenir par la porte de derrière; ses partisans, eux, se félicitent
du rôle stabilisateur que le régime d'Assad pourrait selon eux jouer.

4. Et
Israël'

Israël attend, observe et menace,
en cas de prise de pouvoir totale ou même non-officielle par le Hezbollah, de
représailles qui feraient ressembler la guerre de juillet 2006 à une promenade
de santé. A la suite de la démission des ministres hezbollahi, l'état-major israélien
a multiplié les mises en garde
à l'adresse du parti de Hassan Nasrallah.

5. Et la
diplomatie française dans tout ça'

Elle tente de ménager la chèvre et
le chou. A l'automne dernier, Nicolas Sarkozy a reçu les ténors des deux camps,
assurant écouter tout le monde. Après la diplomatie Chirac toute
acquise à la cause de la famille Hariri, la France s'est repositionnée
au-dessus de la mêlée. Sans grand succès pour l'instant, sauf celui de signer des contrats juteux
pour ses entreprises. Dans les coulisses, à Beyrouth, les diplomates français
ne cachent pas leur préoccupation vis-à-vis de la situation, considérant même
que l'identité des meurtriers de Hariri senior est un secret de Polichinelle.

6. Que
s'est-il passé depuis l'accord de Doha qui a mis fin à une crise politique de
18 mois entre 2006 et 2008?

En mai 2008, le Qatar enfile la
casquette du sauveur de la nation, en réunissant tous les leaders libanais à
Doha. Il s'agissait de mettre un terme à dix-huit mois d'une crise politique
résultant ?l'histoire se répète' de la démission des ministres du Hezbollah
du gouvernement de l'époque. La crise s'était soldée par une semaine
d'affrontements entre sunnites et chiites (faisant une centaine de mort),
auxquels l'accord de Doha avait mis fin
en mai 2008, en accouchant d'un gouvernement bancal dans lequel toutes les
factions étaient représentées, mais dans lequel l'opposition avait un
«tiers de blocage» qui lui permettait en réalité d'exercer un veto
sur les décisions gouvernementales ne lui convenant pas. Comme cela a été le
cas la semaine dernière.

Depuis, rien. Le gouvernement ?rebaptisé de désunion nationale' est paralysé, les grands chantiers attendus
dans l'économie sont toujours en friche. Les législatives de 2009 n'ont rien
changé: vainqueur surprise du scrutin,
le 14 Mars rempile, mais est obligé de céder aux exigences de l'opposition.
Comme à Doha, l'opposition obtient le tiers de
blocage au Conseil des ministres, entérinant la politique du sur-place pour le Liban.

7. Pourquoi
le Hezbollah et ses alliés locaux ont-ils quitté le gouvernement le 12 janvier'

Tout allait «bien»
jusqu'aux fuites insistantes autour du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé
de faire la lumière sur l'assassinat de Rafic Hariri. Après la Syrie, le Hezbollah est pointé du doigt.
Pour le parti de Hassan Nasrallah, une ligne rouge est franchie. Le 16 juillet
dernier, Hassan Nasrallah coupe illico l'herbe
sous le pied de ses détracteurs en annonçant à la télévision que son
parti serait mentionné dans l'acte d'accusation alors qu'il n'a rien à se
reprocher. Depuis, lui et ses alliés se sont lancés dans une campagne de sape,
pour discréditer le TSL, le rôle des juges libanais, la méthode des différents
procureurs... Objectif: finir de convaincre ses partisans que le TSL est
un instrument à la solde d'Israël et instiller le doute dans l'esprit des autres.
Pari en partie réussi sur ce dernier point.

Lors de cette campagne,
l'opposition a largement insisté sur un point essentiel de l'enquête: l'affaire des «faux témoins»
qui, lors de l'instruction controversée de l'Allemand Detlev Mehlis, avait
orienté l'enquête vers Damas. L'opposition exige que ce dossier soit discuté
lors du Conseil des ministres et amené devant la justice libanaise; la
majorité refuse. L'enjeu réel pour le Hezbollah est d'obtenir que le Liban
adopte une position unifiée rejetant le TSL, interrompe sa contribution
financière et retire ses juges. Il attend surtout que Saad Hariri en personne
désavoue l'institution internationale. Que le fils de la victime lui-même se
démarque du TSL n'aurait pas de prix en termes de crédibilité et d'image, deux
points essentiels de la politique actuelle d'un Hezbollah qui n'a plus mené
d'action de résistance contre Israël depuis 2006 et a besoin de soigner son
blason. Ce bras de fer interminable s'est soldé par l'ultimatum de mardi.

8. Le Liban
peut-il se désengager du TSL'

Même si Saad Hariri fait la
dernière concession qu'il se refuse à faire, cela ne changerait rien. Le Liban
?qui est censé prendre en charge 49% du budget du TSL' pourrait revenir sur
sa participation financière; il pourrait également retirer ses juges de
l'instance onusienne. Mais même dans ce cas-là, le TSL continuera de fonctionner.
L'enjeu est bel et bien l'image du Hezbollah, auquel pourrait faire beaucoup de
tort une mise en accusation pour le meurtre d'une haute personnalité sunnite
dans une région majoritairement sunnite et déjà en proie à de fortes tensions
interconfessionnelles.

9. Qui pour
remplacer Saad Hariri'

Lui-même probablement. Le poste de
Premier ministre revient traditionnellement au leader du bloc parlementaire
sunnite arrivé en tête aux législatives. En juin 2009, Saad Hariri a repris le
flambeau laissé par le mal-aimé Fouad Siniora (ex-grand argentier de Hariri père). La
récente démission du gouvernement n'induisant pas de nouvelles élections, le
Parlement restera le même. Le président Sleimane pourrait donc confier à Hariri
la lourde tâche de se succéder à lui-même, ce qui signifierait pour lui de
reformer un cabinet d'union nationale avec le camp adverse, dont les demandes
n'auront pas changé, voire auront grimpé d'un cran. Mission probablement
impossible. Sleimane a d'ailleurs reporté le round de consultations
parlementaires qui devait commencer lundi, dans l'attente d'une relance de la
médiation syro-saoudienne à laquelle travaillent le Qatar, de nouveau, mais
aussi la Turquie, acteur avec lequel il va falloir désormais compter au
Moyen-Orient.

L'opposition ou le président
pourrait proposer un autre nom ?toujours issu de la communauté sunnite.
Circulent ceux de Mohamad Safadi, actuel
ministre de l'Economie, de Nagib Mikati, richissime
homme d'affaires, déjà appelé à la rescousse durant les premiers mois ayant
suivi l'assassinat de Rafic Hariri, voire de Leila el-Solh, ex-ministre
de l'Industrie et fille de Riad el-Solh (premier Premier ministre libanais, de
1943 à 1945). Ce gouvernement ?sans Hariri ? ressemblerait certainement à un
cabinet de technocrates chargé de faire tourner la machine en attendant mieux.

Une autre option, sans doute la
plus probable, est que le Liban se retrouve une nouvelle fois sans
gouvernement, ou avec un simple gouvernement transitoire aux compétences
limitées,  jusqu'aux législatives
de 2013.

10. Qui a tué Rafic Hariri'

C'est évidemment la question que
tout le monde se pose depuis bientôt six ans. Le régime syrien, pointé du doigt
les deux premières années, s'est refait une virginité depuis. Beyrouth, qui
traîne la réputation d'être un nid d'espions, attend la réponse avec une grande
fébrilité. Le 14 Mars ?officiellement' n'accuse personne mais n'en pense pas
moins (beaucoup restent convaincu de l'implication d'un cercle proche du pouvoir
à Damas). Le 8 Mars, lui, accuse Israël. En août dernier, Hassan Nasrallah
avait dévoilé «ses preuves».
Evidemment, les partisans de chaque camp sont convaincus que leur vérité est la
bonne.

11. Quid de l'acte d'accusation du TSL'

C'était le serpent de mer de
l'actualité libanaise. En juillet dernier, cette publication était annoncée
«pour sûr avant la fin de l'année 2010». Au-delà de la langue
de bois, la publication de l'acte a été reportée à plusieurs reprises
pour permettre aux acteurs régionaux de trouver une issue à la crise libanaise.
Syriens et Saoudiens étaient
chargés de relever le défi. Les Libanais ont passé des mois cramponnés à leur
télévision en attendant l'heureux événement, et se sont réveillés avec la
gueule de bois lorsque l'acte a finalement été remis au juge Fransen, qui
décidera ou non d'organiser un procès en fonction de la pertinence du document.
Car si le document a été remis, il faut encore que Fransen l'étudie et
l'approuve avant de le rendre public, ce qui pourrait prendre entre six et
dix semaines.

12. Que se passera-t-il si le Hezbollah ?ou certains de
ses membres' est incriminé?

Nasrallah a également prévenu tout
le monde: son parti coupera la main de celui qui voudra arrêter le moindre de
ses membres. La diplomatie américaine voit là un signe de faiblesse et de peur.
Les partenaires et adversaire politiques libanais, eux, prennent très au
sérieux ces menaces.

Si l'acte d'accusation pointe
directement le Hezbollah en tant qu'exécutant de l'assassinat de
Hariri, cela provoquera probablement un séisme énorme au Liban. La rue sunnite
?si elle n'est pas tenue' pourrait s'en prendre à ses concitoyens chiites.
Les derniers affrontements ?limités' durant la semaine du 7 au 14 mai 2008
avaient fait une centaine de morts. Un nouveau conflit n'est donc
pas à écarter, et c'est de cet argument que se sert l'opposition pour justifier
son opposition au tribunal, outil de discorde. Mieux vaut un déni de justice ?surtout si cette justice est politisée' que la guerre civile.

A présent, à Beyrouth, tout le
monde a en tête deux dates. Le 10 février prochain, une grève générale est
prévue. Les trois précédentes (janvier 2007, janvier 2008 et mai 2008) s'étaient toutes
soldées par des barricades de pneus brûlés, l'aéroport international bloqué,
avec l'armée régulière en train de compter les points sous peine d'imploser
entre partisans de chaque camp. La seconde date, celle du 14 février, verra les
partisans de la majorité défiler en centre-ville ?comme chaque année'
pour la commémoration du 6e anniversaire de l'assassinat de Rafic
Hariri. La coïncidence des deux dates n'annonce rien de positif.

13.  Quelle issue possible, à long terme, pour le Liban'

Les réalistes diront
«aucune», dans ce pays qui n'a jamais réussi à définir son identité
nationale. Les va-t-en-guerre diront qu'il faudrait, une bonne fois pour
toutes, un vainqueur et un vaincu, le système actuel du consensus se traduisant
surtout en un immobilisme délétère. Les idéalistes diront que le Liban doit
continuer d'être un «message» de coexistence adressé au monde
entier. Les cyniques diront qu'il faut demander conseil à nos amis belges qui
subissent le même sort ?complexité religieuse en moins. Les séparatistes diront
que «ce n'est plus possible de vivre avec eux» et qu'il vaudrait
peut-être mieux se diriger vers une fédération, voire créer deux Etats séparés.
Les amoureux du Liban, eux, diront que «le tabboulé et le hommos, c'est
tout de même délicieux» même si, à part ça, plus rien ne réunit les
Libanais... Si ce n'est le fait qu'ils sont toujours d'accord pour ne jamais
être d'accord.

Nathalie Bontems

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7 commentaires
Le compte de ce membre a été suspendu.
Envoyé par Joseph_075 - le Mercredi 19 Janvier 2011 à 17:36
Ils nous prennent vraiment pour des demeurés?
Envoyé par Val_002 - le Mercredi 19 Janvier 2011 à 18:37
Et le Monde demande à l'Iran d'arrêter de se foutre du monde.
Envoyé par Shaul_001 - le Mercredi 19 Janvier 2011 à 21:14
J'aime bien les blagues du jour iranien.
Envoyé par Harry_006 - le Mercredi 19 Janvier 2011 à 22:20
Y en a un au'irak et l'autre qu'iran ! ainsi la voulu allah non frère !
Envoyé par Moshé_007 - le Jeudi 20 Janvier 2011 à 03:55
Et ric et rak, y rend dingue!! y rend d'elle ne fait pas le printemps!! Perd ses polices montées,errant,une prise de jus chiite de dessus!!!Tous des bouffons,crétins jusqu'à l'os!!!!Et pendant ce temps...Israel monte en puissance,semant les graines du futur,qui sera grandiose!!! Ses ingénieurs seront les rois de la planète,contre lesquels,les racistes devront s'incliner!!!
Envoyé par Yannick_004 - le Jeudi 20 Janvier 2011 à 10:27
Yossef!!
comme Tu est bien dis!! le Respect se Merite!!
Envoyé par Bar-oni - le Jeudi 20 Janvier 2011 à 14:21
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 36 minutes