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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Y-a-t-il un pilote dans la diplomatie Sarkozy'

Ce devait être une
grande année pour la diplomatie française. En cumulant la présidence du G8 et
du G20, Nicolas Sarkozy pensait regagner sur le parquet international un peu de
cette popularité qui le fuit sur la scène intérieure. L'expérience de la
présidence du Conseil européen au second semestre 2008 avait montré les
capacités du chef de l'Etat à utiliser les événements ? la crise financière et
la guerre russo-géorgienne ? pour apparaître comme un acteur central de la
mondialisation.

Hélas, 2011 commence
mal pour la diplomatie française. Les mésaventures touristico-immobilières de
Michèle Alliot-Marie et de sa famille n'y sont pour rien. Tout le monde sait
qu'avec Nicolas Sarkozy plus encore que sous aucun président de la Ve
République, la politique étrangère de la France ne se fait pas au Quai d'Orsay.

Bernard Kouchner en a
eu la cruelle expérience. Tout se décide à l'Elysée. Le président de la
République s'y est entouré de spécialistes chevronnés qui échappent au mépris
dont il accable généralement l'ensemble des diplomates. Du moins peut-on
l'espérer.

Mais cette
concentration d'expertise n'a pas suffi à éviter les maladresses, de la Tunisie
à l'Egypte et jusqu'au Mexique. Il n'est pas question ici de reprocher à
quiconque de ne pas avoir anticipé les démissions de Ben Ali et de Moubarak.

Toutefois, si au lieu
de les soupçonner de travailler contre les intérêts de la France les dirigeants
politiques avaient pris un peu plus au sérieux les analyses passées de nombreux
observateurs, chercheurs, journalistes et' diplomates, ils auraient compris que
ces régimes étaient plus fragiles que les apparences ne le laissaient à penser.
Ils n'auraient pas misé sur la Tunisie de Ben Ali et sur l'Egypte de Moubarak
pour promouvoir l'Union pour la Méditerranée, concoctée par Henri Guaino, le
conseiller spécial du Président.

Ce projet cher à
Nicolas Sarkozy s'est surtout traduit par un somptueux sommet de 43 chefs
d'Etat et de gouvernement, européens et méditerranéens, le 13 juillet 2008, à
Paris. Depuis, il était en déshérence. Il vient d'être décapité. Le
coprésident, avec Nicolas Sarkozy, était Hosni Moubarak. Et le secrétaire
général, un Jordanien, choisi après des mois et des mois de négociations avec
les Arabes et les Israéliens, a jeté l'éponge, faute d'objectifs et de moyens.

Plus que les séjours
du Premier ministre dans la vallée du Nil ou de la ministre des affaires
étrangères à Tabarka, pendant les vacances de Noël, la proximité avec les
régimes tunisien et égyptien explique que la France ait paru toujours en retard
d'une manifestation au cours de ces dernières semaines. Il ne sert à rien
d'insister sur les hésitations de diplomatie américaine pour se dédouaner.

C'est toute la
politique méditerranéenne et toute la politique arabe de la France ? même si
cette dernière a longtemps été plus un mythe qu'une réalité ?, qui doivent être
repensées. L'idée d'une Union pour la Méditerranée est toujours d'actualité
mais elle ne peut être conçue sur les bases antérieures. Elle doit tenir compte
de l'aspiration à la démocratie manifestée par les peuples de la rive sud,
sous-estimée voire occultée par le projet Sarkozy-Guaino.

La diplomatie
française n'a pas été plus heureuse en Côte d'Ivoire, mais pour des raisons
inverses. Après l'élection présidentielle qui a donné la victoire à Alassane
Ouattara, Nicolas Sarkozy avait donné huit jours à Laurent Gbagbo, le président
sortant. L'ultimatum a été superbement ignoré, Gbagbo est toujours dans le
palais présidentiel tandis que le président élu campe à l'hôtel du Golfe. Et la
France semble aussi impuissante que les voisins africains de la Côte d'Ivoire à
imposer le président élu, reconnu par la quasi-totalité de la communauté
internationale.

«Nous devons garder
notre sang-froid», a déclaré le président de la République à propos des
relations avec le Mexique. Sage conseil, trop souvent ignoré. Par un réflexe de
compassion qui lui est familier, Nicolas Sarkozy a décrété que l'année culturelle
du Mexique en France serait dédiée à Florence Cassez, la jeune Française qui
purge soixante ans dans une prison mexicaine pour complicité d'enlèvement.

A-t-il mal estimé la
susceptibilité du président Felipe Calderon, avec lequel il avait pourtant
multiplié les manifestations d'amitié lors de son voyage officiel au Mexique en
2009? Toujours est-il que les autorités mexicaines ont annulé leur soutien à
l'année culturelle, lui portant le coup de grâce si elles maintiennent leur
position.

Ce ne serait que
demi-mal. Dans cette affaire, le véritable revers pour la diplomatie française
concerne le G20. Pour faire progresser l'ambitieux programme de sa présidence,
Nicolas Sarkozy comptait sur le soutien de pays émergents. Les maladresses dans
le traitement du sort de Florence Cassez risquent de braquer contre la France
un allié dont Nicolas Sarkozy aurait eu grand besoin dans ses négociations avec
les Etats-Unis, la Chine et autres puissances.

Seul petit rayon de
soleil dans ce sombre tableau de début d'année: la coopération
franco-allemande. Paris et Berlin ont présenté de concert un «pacte de
compétitivité» à leurs partenaires européens pour sortir durablement de la
crise. Peu importe qu'ils aient été plutôt mal reçus. Seule compte la démarche
en commun. Angela Merkel impose ses principes, la France son vocabulaire (le
«gouvernement économique» de l'Europe) et surtout, en collant à l'Allemagne,
elle reste dans le groupe des pays financièrement vertueux. Une bonne nouvelle
pour le service de la dette.

Daniel Vernet

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 32 minutes