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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Nicolas Sarkozy n'a pas tué la «politique arabe de la France».

Ils ont tort, ceux
reprochent à Nicolas Sarkozy d'avoir mis en pièces «la politique arabe de la
France» par son absence de discernement sur le soulèvement des peuples, de
Tunis au Caire, de Saana à Tripoli.

Pour la bonne raison
que cette politique arabe a disparu depuis longtemps, si tant est qu'elle est
un jour existé autrement que comme mythe. Nicolas Sarkozy a tout au plus achevé
ce mythe qu'il avait largement écorné avant même son arrivée au pouvoir en
qualifiant de «non sens» l'idée qu'il puisse y avoir une politique arabe de la
France.

Pour les défenseurs
d'une diplomatie gaulliste, c'était un véritable crime de lèse-majesté. Car
s'ils créditent le général d'avoir relancé cette politique arabe après être
revenu au pouvoir en 1958 et plus exactement après s'être débarrassé de la
guerre d'Algérie, ils font remonter bien plus loin dans les temps anciens cette
vocation arabe de la France. Au IIIe siècle avant notre ère, ou au VIIIe après,
lors de la première rencontre d'un roi avec un calife, en tous cas à 1535,
année de l'entente de la Sublime Porte entre François Ier et Soliman le
Magnifique, de la France catholique et de l'Empire ottoman contre le Saint
empire romain germanique.

Depuis les relations
franco-arabo-musulmanes ont connu bien des vicissitudes mais celles-ci ont
contribué à l'édification de la légende, que ce soit l'expédition d'Egypte de
Napoléon ou la colonisation. Entre les deux
guerres mondiales, la France a hérité de quelques pièces de l'ancien empire
ottoman; elle a été puissance mandataire au Liban et en Syrie. Elle avait des
protectorats en Tunisie et au Maroc et une colonie en Algérie. Voilà le socle
du mythe.

Pour De Gaulle, les
dirigeants de la IVe République ont commis l'erreur de rompre avec cette
tradition, en soutenant Israël contre ses voisins. La calamiteuse expédition de
Suez en 1956 est l'illustration de ce soutien jugé désastreux.

Chirac, la dernière incarnation du mythe

Voici donc les
composantes de cette politique arabe de la France: une sorte d'équidistance
entre juifs et arabes dans le conflit israélo-palestinien, le développement
d'une coopération économique, énergétique, culturelle avec les pays arabes, une
proximité politique dans les grandes crises. En 1967, quelques jours après la
guerre des Six jours qui s'est traduite par une déroute des armées arabes, de Gaulle
parle d'un peuple juif «sûr de lui-même et dominateur». Dans les années 1980,
dans la guerre qui oppose l'Irak à l'Iran, le France ? mais elle n'est pas la
seule parmi les Occidentaux ? prend fait et cause pour Saddam Hussein. Dans la
«deuxième» guerre du Golfe, en 1990-1991, elle se retrouve contre Bagdad, mais
la majorité des Etats arabes soutient la coalition qui veut chasser Saddam du
Koweït. Enfin, en 2003, elle s'oppose à George W. Bush sur l'invasion de
l'Irak. C'est le titre de gloire de Jacques Chirac, bien souvent présenté comme
la dernière incarnation de la politique arabe de la France.

Quand l'Union
européenne, après la chute du mur de Berlin en 1989, regardait presque
exclusivement vers l'Est, la France l'a ramené vers le sud. Avec les Espagnols,
elle a créé en 1995 le processus de Barcelone qui s'est enlisé. Toute seule,
elle a tenté en 2008 l'Union de la
Méditerranée, une idée mort-née qui laissait de côté ceux qui auraient été
appelés à en être les principaux trésoriers, les Allemands.

L'Union pour la Méditerranée n'a pas eu plus de
succès car elle s'est heurtée aux obstacles fondamentaux de toute politique
arabe: le conflit israélo-palestinien qui gangrène toute tentative de
coopération, d'une part, et surtout l'hétérogénéité de ce monde arabe censé
être l'objet d'une politique globale, d'autre part.

L'autre erreur, qui
ne date pas de ces dernières années, a été l'attention quasi-exclusive portée
aux régimes, quelle que soit leur nature, la connivence avec des potentats dont
on feint de découvrir aujourd'hui qu'ils étaient corrompus et parfois
sanguinaires. Les droits individuels, l'apprentissage des pratiques
démocratiques n'avaient pas leur place dans cette forme de coopération où la
culture se résumait à la langue.

Obnubilés par la
crainte de l'islamisme, du terrorisme, de l'immigration, les dirigeants
français n'ont pas su discerner le bouillonnement populaire qui allait emporter
les dictateurs. Nul n'est besoin d'invoquer une parenté millénaire avec le
monde arabe pour s'en étonner. La France possède d'excellents connaisseurs et
un corps de diplomates frottés à cette région. Il aurait suffi de les écouter
pour éviter les erreurs les plus grossières.

Daniel Vernet

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 15 minutes