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Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Entre le Quai d'Orsay et Israël, la haine

Au moment où les bouleversements
géopolitiques nés des révolutions arabes sont perçus en Israël comme le meilleur ou le pire, les péripéties de la diplomatie française sont aussi suivies avec attention. Le retour d'Alain Juppé au Quai d'Orsay après un court intérim
de Michèle Alliot-Marie n'est pas interprété comme une bonne nouvelle, surtout s'il marque un retour au passé. Un
gaulliste succède à une autre gaulliste. Et ce qualificatif rappelle à Israël
des souvenirs douloureux. Les relations diplomatiques entre la France et Israël
ont subi toutes les turbulences d'un couple: l'idylle, la passion, la haine, le
divorce et finalement une normalisation née d'une certaine lassitude. Pourtant, la France
a été à la source de l'éveil juif puisque le rêve sioniste, y a été imaginé par
Théodore Herzl, pour
être concrétisé par David Ben Gourion le
14 mai 1948. Mais la France se contenta déjà alors d'une contribution
minimum et réticente à la création de cet Etat. Une méfiance qui ne s'est
estompée que pendant seulement une dizaine d'année et encore parce que les
gouvernements avaient alors tenu à l'écart le Quai d'Orsay.

Satellite de l'URSS

En
1948, l'URSS et les pays de l'Est fournissaient en armes Israël qui était alors
considéré comme un satellite soviétique tant les doctrines communistes y
avaient trouvé une application locale forte et tant le bloc de l'est se réjouissait de voir l'empire britannique perdre pied. Les alliés des bolchéviques pouvaient
difficilement avoir l'agrément du Quai d'Orsay parce que les armes sionistes
étaient retournées contre le mandataire britannique, allié de
la France.

Le Quai d'Orsay ne souhaitait pas la création d'un Etat
juif et il voulait s'opposer au vote historique à l'ONU du 29
novembre 1947. Le ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault,
trouvait justifiés les arguments de son administration qui prônait la
préservation des relations avec la Syrie et le Liban. Mais les pressions de
Léon Blum feront basculer le vote de la France qui eut cependant du mal
à digérer l'indépendance d'Israël. Elle mit d'ailleurs plusieurs mois avant de reconnaître
le nouvel Etat. Alors que le Etats-Unis et la Russie reconnurent Israël, «de
jure», dès le 15 mai 1948, le gouvernement de la République française décida de reconnaître le
Gouvernement provisoire d'Israël comme gouvernement «de facto»
le 24 janvier 1949.

Ben Gourion avait évalué le danger
d'un alignement sur l'allié soviétique et saisit la première occasion pour
opérer un changement stratégique en appuyant les Etats-Unis contre la Corée en 1953.
Ce soutien sonna alors le glas des relations avec les pays de l'Est en mettant Israël
dans une situation d'isolement au moment où ses besoins en armement devenaient
vitaux face aux attaques des fedayins contre le
territoire israélien. 

Idylle stratégique

Le
conflit algérien et les man'uvres de l'égyptien Gamal Abdel Nasser changèrent
la donne et marquèrent une véritable idylle franco-israélienne qui durera de
1957 à 1967. Nasser, champion du panarabisme, avait fomenté un coup d'Etat le
23 juillet 1952 puis décida de s'immiscer dans le problème algérien et de nationaliser
le canal de Suez et tous les biens franco-britanniques en juillet 1956. Les
dirigeants français, embourbés dans la guerre d'Algérie,
étaient persuadés que la clef du FLN était au Caire et qu'ils pouvaient mater
la révolte algérienne s'ils abattaient le président égyptien. Les Anglais
et les Français songèrent alors à une riposte
militaire pour laquelle ils n'avaient ni les moyens et ni les bases militaires.
Ils songèrent alors à mêler Israël à l'opération après avoir trouvé une oreille
attentive auprès du jeune et fougueux général Moshe Dayan.

L'armée israélienne obtint alors le matériel
qui lui manquait: 200 chars, 72 chasseurs bombardiers Mystère, 10.000 roquettes
antichars et 40.000 obus mais ces fournitures avaient été effectuées à l'insu
du Quai d'Orsay qui abritait des diplomates issus d'une vieille
aristocratie catholique profondément pro-arabe. Le
ministre de la Défense Bourgès-Maunoury était cependant à l'origine de
la ranc'ur du Quai à l'égard d'Israël parce qu'il
avait décidé qu'en « raison de nos litiges et nos chicanes
avec le Quai d'Orsay, il fut convenu que, dans la politique relative à Israël,
l'Administration du Quai n'y serait en aucun cas mêlée». Les fonctionnaires du ministère des affaires
étrangères n'apprécièrent pas leur mise à l'écart et n'eurent de cesse de
se venger.

Entente Amicale

Alors
que la France et la Grande-Bretagne préparaient les plans d'offensive, Ben
Gourion hésitait à  donner son feu
vert à l'opération contre Nasser car il ne voyait pas l'intérêt d'Israël à
interférer dans un conflit qui lui était étranger. Les français l'invitèrent secrètement,
le 21 octobre
1956, dans une villa à Sèvres pour le persuader de participer à
l'opération. Contrairement à sa réputation, Ben
Gourion n'était pas un va-t-en-guerre et pensait  qu'Israël avait tout à perdre à entrer dans une guerre mal
préparée. Mais il finit par céder. Hubert
Beuve-Méry, directeur du journal «Le Monde», laissa
entrevoir entre les lignes les mobiles du revirement israélien motivés par «les
sérieuses assurances qui avaient été données au chef du gouvernement de
Jérusalem.»

Lors de cette
réunion secrète, le ministre des affaires étrangères Christian Pineau avait été
écarté sous le prétexte d'une mission à Londres car Guy Mollet et
Bourgès-Maunoury voulaient monnayer, dans son dos, la participation militaire des
israéliens en échange d'un engagement secret du gouvernement français de donner
la bombe nucléaire à Israël. «Surtout pas un mot au Quai d'Orsay» avait imposé le ministre de la défense
français.

Cette
relation inédite, qui ne fit pas l'objet d'un traité, ne survivra pas à
l'arrivée à la présidence du Général de Gaulle. Son ministre des affaires
étrangères, Maurice Couve de Murville, fut le seul qui réussit à mettre au pas
le Quai d'Orsay. Il décida, dans son souci d'éliminer les partisans de
l'Algérie française et de vider son ministère des amis d'Israël. Une nouvelle
vague de diplomates s'acharna à défaire en quelques mois les liens amicaux
tissés avec l'Etat juif. A leurs yeux, la fin de la guerre d'Algérie ouvrait la
voie à la reconquête du monde de l'islam, abandonné à la seule Grande-Bretagne.

Revanche programmée

Couve de Murville,
chercha ensuite à mettre un terme à la coopération nucléaire franco-israélienne. Shimon Pérès fut alors mandaté à Paris pour contester
la décision  du ministre français
qui lui assurait que «la France ne
divulguerait rien, ni les grands traits ni les détails de l'arrangement de
Sèvres». Disposant d'un écrit gribouillé sur un coin de table à
Sèvres, Shimon Pérès lui répondit «que si la France en dénonçait
unilatéralement l'essence même, nous ne serions pas en mesure de sauvegarder ce
qu'il souhaitait sauvegarder, c'est-à-dire la clause de non-publication».
Autrement dit en termes moins diplomatiques, si la France arrête la centrale de Dimona,
alors nous, Israéliens, nous dévoilerons tout. «Vous marquez un
point» dut reconnaître le ministre du général de Gaulle.

Mais
la revanche du Quai était inscrite dans l'Histoire. Le général de Gaulle
n'avait rien innové en 1967 car les fonctionnaires du ministère l'inondaient,
depuis 1963, de notes conseillant l'arrêt de la coopération nucléaire et l'interdiction
des livraisons d'armes. Couve de Murville confirma cette stratégie en apostrophant
en 1966 le ministre israélien Aba Eban: «le caractère des liens entre Israël et
la France ne justifient pas que le Général de Gaulle vous tape sans cesse sur
l'épaule pour vous rassurer».

Le président français n'était pas
un personnage influençable mais il subit inconsciemment le travail de sape de
ceux qui voulaient mettre fin aux amitiés israéliennes. Ainsi, malgré ses
engagements, il fermera les yeux en 1967 sur le blocage du détroit de Tiran par
Nasser et étranglera l'armée israélienne en décrétant un embargo sur les
exportations d'armes au moment le plus crucial où Israël devait défendre son
existence. On reconnaît d'ailleurs l'influence du Quai dans le discours du 28 novembre
1967 quand le Général définit Israël comme «un Etat guerrier résolu à
s'agrandir» et s'en prit
aux juifs comme «peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur».

Lorsque de Gaulle perdit le
référendum de 1969, l'ambassadeur à l'ONU, Armand Bérard, exprima l'émotion du
ministère des affaires étrangères en s'exclamant: «C'est l'or juif qui en
est la cause!». 

Changement dans la continuité

Les
présidents Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing ne changèrent rien à la
stratégie gaulliste à l'égard d'Israël. Les deux chocs pétroliers imposaient
des relations privilégiées avec les potentats arabes et toute la politique de
la France se trouvait alors fondée sur un pragmatisme économique dans lequel
Israël avait peu de place.

Chirac raconte
dans ses mémoires que Giscard d'Estaing, économiste, ne comprenait rien à la
diplomatie ni au monde musulman. Son erreur de vision du Moyen-Orient était
flagrante et il ne mesura pas sa responsabilité dans la révolution iranienne.
Conseillé par ses amis du Quai d'Orsay, il avait abandonné le Shah et donné
l'asile politique à l'ayatollah Khomeiny. Il mettra ensuite à sa disposition
son avion personnel, le
1er février 1979, pour lui permettre d'arriver
en grand libérateur à Téhéran.

L'arrivée
de François Mitterrand au pouvoir en 1981 donna une espérance aux israéliens
qui voyaient « un ami d'Israël », doté d'une admiration pour le
peuple juif et sa culture. Mais au Quai d'Orsay, Claude Cheysson, ministre des
affaires étrangères, ne cachait pas son hostilité vis-à-vis d'Israël et son amitié
profonde pour les représentants de l'OLP auxquels il déclarait: «Ma
condamnation du sionisme est catégorique; l'Etat d'Israël s'est créé
contre la volonté du reste du monde». Quand il partit, son
successeur Roland Dumas s'inscrivit dans la même lignée en 1984 en
affirmant: « la piraterie aérienne était le seul moyen qu'avait la résistance
palestinienne de briser l'indifférence internationale». Il justifiait ainsi ouvertement le
terrorisme.

Mitterrand
ne parvint pas à moduler la politique pro-arabe de la France mais s'efforça
de renouer des liens distendus durant la période gaulliste et de décrisper les
relations. Mais il ne changea pas de stratégie et les positions du Quai
d'Orsay restèrent les mêmes. Le député Claude Goasguen nous avait affirmé lors
d'une interview: «En vérité la politique étrangère en France
est réservée à une poignée d'individus sans contrôle. Le président de la
République, un petit peu le ministre des affaires étrangères qui n'a pas grand
pouvoir et le Quai d'Orsay. L'Assemblée Nationale ne connaît rien de la
politique étrangère de la France. En tant que député, j'apprends tout par la
presse, comme vous. Nous sommes le seul pays à avoir un homme et un seul à
l'Elysée, avec le secrétaire général du Quai qui décide de tout et qui est par
nature en dehors de toute responsabilité politique.»

 Amélioration

Jacques Chirac, élu
en 1995, avait tissé d'excellentes relations avec les juifs de France mais était
totalement réservé à l'égard d'Israël. Il fit siennes les idées de ses
prédécesseurs gaullistes qui estimaient que, sur le conflit israélo-arabe, il
n'y avait aucun sentiment à éprouver.

Cependant
il finit par comprendre que le déséquilibre de sa politique affaiblissait son
influence dans la région et lui enlevait toute possibilité de se poser en
arbitre dans le dialogue israélo-arabe. Il décida alors, dès 2002, d'améliorer
les relations bilatérales en mandatant en Israël son ministre Dominique de Villepin
afin de proposer la création d'un haut comité qui eut des conséquences
positives sur les plans scientifique, économique, commercial et culturel. Les
conseillers politiques du président avaient fini par intégrer l'idée qu'une
politique plus équilibrée pouvait maintenir les intérêts de la France dans la
région.

L'élection de
Nicolas Sarkozy s'inscrivit dans la continuité sur le plan des relations entre
les deux pays. Peu de changements au début de son quinquennat. Mais il a poussé
les politiques à se parler puis à expliquer et justifier, chacun de leur côté,
des positions diamétralement opposées. Les officiels ont repris langue tandis
que les diplomates israéliens étaient à nouveau invités dans les salons du Quai
d'Orsay. Israël considérait, contrairement à sa
conception passée, que la France était un partenaire indispensable dans le
processus de paix en raison de ses relations amicales avec les pays arabes.

Reste à savoir si retour d'Alain Juppé au Quai d'Orsay marque le retour à la tradition dans une période qui s'annonce à très hauts risques au Moyen-Orient.

Jacques Benillouche

Photo: Le ministère des Affaires étrangères ou Quai d'Orsay REUTERS Régis Platiau

 

 

1 commentaire
A mon avis c'est surtout l'intérêt qui pousse la diplomatie Française a cet unilateralisme pro arabe.Interet lie au pétrole et aux marches .Peut être aussi intérêt particuliers , l'affaire MAM , en est une illustration. Combien de politiques de droite et de gauche ont des accointances avec les dirigeants arabes de tout bord.
Pour obtenir des avantages ces gens affichent une hostilité a Israël.
Envoyé par Frank Samuel - le Lundi 7 Mars 2011 à 10:03
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 57 minutes