Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

A un moment où le président américain Barack Obama a du mal à obtenir une majorité au Congrès pour soutenir une attaque en Syrie, il est aidé par des groupes pro-israéliens, avec en tête l'AIPAC. Une assistance supplémentaire surprenante, compte tenu des relations tendues entre les deux hommes, vient maintenant du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

Des responsables israéliens proches du premier ministre ont déclaré qu'il a récemment eu des entretiens avec des membres du Congrès, des responsables gouvernementaux et des représentants de l'AIPAC, pour expliquer l'importance d'une action militaire américaine contre le régime d'Assad. Le nouvel ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Ron Dermer, a expliqué à Washington la position israélienne sur une attaque.

La position officielle israélienne au cours des dernières semaines a été d'un calme relatif, afin de transmettre le message qu'une telle attaque est un problème américain. Mais la forte implication de l'AIPAC, une organisation présente dans de nombreuses réunions et qui reçoit des informations de sources israéliennes concernant des questions sensibles telles que l'Iran et sa course à l'arme nucléaire ou la guerre en Syrie, montre qu'Israël n'est pas vraiment assis a l'écart, du moins pas en ce qui concerne la nécessite de punir Assad pour l'utilisation d'armes chimiques.

En outre, 250 membres de l'AIPAC sont attendus au Capitole pour le vote historique en vue de faire pression sur les membres du Congrès pour qu'ils appuient l'attaque.

Après avoir annoncé qu'il avait l'intention de se tourner vers le Congrès, Obama a été vivement critiqué. Toutefois, Israël a demandé qu'il lui "soit donné une chance". Un responsable israélien a expliqué : "son engagement à agir est très important et nous devons attendre et voir ce qu'il va faire." Cependant, il y a ceux dans le gouvernement qui craignent que la position et l'hésitation d'Obama envoient un message problématique à l'Iran.

Maintenant, compte tenu de la bataille pour le vote au Congrès, il est de plus en plus craint en Israël qu'Obama s'est saboté lui-même en se tournant vers le pouvoir législatif, et qu'en fin de compte les Etats-Unis perdront ce qui leur reste de crédibilité au Moyen Orient.

Obama est retourné à la Maison Blanche du sommet du G20 en Russie, où il a rencontré une forte opposition de la part des russes concernant une attaque. Dans l'avion, Obama a commencé à faire des appels téléphoniques aux membres démocrates du Congrès, ce qui reflète l'importance de chaque vote pour le retour du Congrès lundi. Selon les estimations, le vote ne passera pas sans le soutien des démocrates, et beaucoup d'entre eux n'ont pas encore pris de décision.

Mardi, Obama devrait prononcer un discours à la nation, qui sera dans les faits la première fois qu'il se retrouvera face aux millions de citoyens américains pour présenter sa version de la réaction à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Jusqu'à présent, Obama n'a pas réussi à convaincre le public de la nécessité d'attaquer, pas plus qu'il n'a réussi à faire croire au public que l'action envisagée était de portée limitée, et n'enverrait pas de soldats américains au sol en Syrie.

Les chaînes de télévisions américaines se tiennent prêtes à diffuser le discours d'Obama à une heure de grande affluence, ce qui est une importante opportunité pour Obama, peut-être la dernière, pour atteindre directement le citoyen américain. Même avant son discours, Obama sera interviewé par six grandes chaînes de télévision, ABC, CBS, NBC, CNN, FOX et PBS.

Obama ne gagnera pas le soutien du Congrès sans une augmentation significative du support du public à un raid. Les représentants qui sont censés être en course pour les réélections l'année prochaine, soit un tiers de la centaine de sénateurs, redoutent leur public. Ils sont attaqués lors de réunions de villes par un électorat en colère, d'une manière jamais vue auparavant. Sur cette base, le président leur a expliqué qu'il arrive un moment dans la vie d'une personne publique où il doit prendre une décision selon sa conscience et sa compréhension.

Obama se tient devant un triple défi : convaincre ses partisans traditionnels, les démocrates de gauche qui l'ont poussé vers la présidence sur la base de son opposition à la guerre en Irak, convaincre les républicains soucieux de la sécurité qui le méprisent personnellement et sont en colère contre lui pour ne pas avoir agi en Syrie plus tôt, et qui réclament une stratégie pour la victoire finale, et convaincre les républicains dissidents, les membres du Tea Party.

La situation politique deviendra plus claire après le discours d'Obama, mais pour l'instant, la lutte politique d'Obama a commencé du mauvais pied, et les choses ne sont pas de bon augure pour son gouvernement.