Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Le secrétaire d'état américain John Kerry n'a pas réussi à convaincre le premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre saoudien des affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, que Washington "ne baissera pas sa garde" dans les pourparlers nucléaires avec l'Iran, a rapporté jeudi le New York Times.

Selon le rapport, Kerry n'a pas su convaincre Netanyahou d'adoucir ses demandes que l'Iran démantèle son programme nucléaire en échange d'allégement des sanctions. Mais la critique faite par les autorités saoudiennes a été bien plus véhémente, indique le Times.

L'Arabie Saoudite a lancé une campagne contre la politique des Etats-Unis au Moyen Orient, dans ses commentaires privés à des diplomates et des journalistes, ainsi que dans les remarques publiques d'un ancien responsable des renseignements.

Les autorités saoudiennes ont clairement fait savoir qu'elles sont frustrées par l'administration Obama, non seulement pour sa réticence à faire plus pour aider les rebelles syriens, et pas seulement pour sa volonté de s'engager avec l'Iran dans des négociations, mais aussi pour son refus d'entériner l'éviction de Mohamed Morsi par l'armée égyptienne et la répression contre les Frères Musulmans.

L'ancien chef espion et ancien ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington, Turki al-Fayçal, s'est plaint de la décision de la Maison Blanche d'adopter un accord pour éliminer les armes chimiques de la Syrie au lieu d'effectuer un tir de missiles de croisière contre les forces d'Assad.

"La mascarade actuelle du contrôle international de l'arsenal chimique de Bachar serait drôle si elle n'était pas d'une perfidie si flagrante, et non seulement conçue pour donner à Obama une opportunité de faire marche arrière, mais aussi pour aider Assad à massacrer son peuple," a-t-il dit.

Robert Danin, un expert du Moyen Orient, a dit : "il y a beaucoup de confusion et de manque de clarté entre les alliés des Etats-Unis au Moyen Orient sur les véritables intentions de Washington et ses objectifs ultimes."

"Il y a aussi un malaise généralisé dans tout le Moyen Orient, partagé par beaucoup d'alliés des Etats-Unis, que les objectifs primaires des Etats-Unis quand il s'agit de l'Iran, de l'Egypte ou de la Syrie, sont d'éviter une confrontation sérieuse."

Pendant ce temps, l'ancien chef du renseignement militaire israélien, Amos Yadlin, a déclaré au magazine New Republic que, bien qu'il appuie le dialogue avec le président iranien Hassan Rouhani, il appuie la position de Netanyahou qu'une attaque militaire israélienne en Iran est préférable a un Iran nucléaire. "Israël n'a pas besoin de l'Amérique pour le Jour J. On peut le faire seul. On peut même faire face au lendemain, mais Israël a besoin des Etats-Unis pour la décennie qui suivra."

L'ancien chef du renseignement a expliqué que "même l'opération la plus réussie, théoriquement, arrêtera le programme pour cinq ans. Si vous voulez transformer ces cinq années théoriques en dix années, jusqu'à un changement de régime, vous avez besoin des Etats-Unis à bord, avec la poursuite des sanctions, avec la direction de la campagne internationale contre le renouvellement du programme nucléaire de l'Iran, et peut être leur appui (à Israël) pour le faire de nouveau."

"Israël ne veut pas faire quelque chose qui va à 180 degrés des intérêts américains vitaux aussi longtemps que ce n'est pas une réponse à une menace qui est presque une menace existentielle."

"Je pense qu'à la fin 2013 ou au début de 2014, surtout si l'Amérique voit que l'Iran n'est pas sérieux au sujet de parvenir à un accord acceptable et continue à gagner du temps, les Etats-Unis accepteront une attaque israélienne parce qu'un Iran nucléaire est tout à fait contre les intérêts nationaux vitaux des Etats-Unis. Et alors que beaucoup de gens pensent que l'Amérique, après être devenue indépendante énergétiquement, pivote de l'Asie, il est encore moins probable que l'Amérique empêche Israël d'une mesure d'autodéfense."