Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

L'ancien ministre des affaires des retraités, Rafi Eitan, qui était l'officier de renseignement traitant l'agent Jonathan Pollard au milieu des années 1980, a révélé lundi qu'il l'a incriminé parce qu'on lui a dit que Pollard ne servirait pas plus de 10 ans de prison.

S'exprimant à la radio de l'armée en l'honneur de la date hébraïque anniversaire de l'arrestation de Pollard en 1985, Eitan s'est référé à des ententes secrètes conclues entre les gouvernements israéliens et américains que la condamnation à vie de Pollard serait commuée en 10 ans de prison. La radio de l'armée a indiqué que les américains ont nié l'accord une fois le moment venu, et qu'Israël n'a pas protesté pour obtenir sa libération.

"Ma compréhension à l'époque était qu'il ne servirait pas plus de 10 ans," a déclaré Eitan. "Il semble y avoir un désir de vengeance (de la part des américains) pour dire : 'vous étiez un pays amical et regardez ce que vous avez fait, nous allons vous montrer'."

Eitan a dit qu'il regrette profondément aujourd'hui d'avoir incriminé Pollard, et qu'il a consacré ses dernières années dans des efforts pour obtenir sa libération. Il a dit qu'il a écrit des excuses au président américain Barack Obama et l'a encouragé à libérer Pollard.

Dans une interview publiée il y a un an dans le journal israélien Yedioth Ahronoth, Eitan a révélé comment il a remis personnellement des preuves incriminantes aux américains en sachant très bien qu'elles seraient utilisées contre Pollard. Il a affirmé qu'il n'avait pas le choix, car il avait été ordonné de le faire par le gouvernement de Shimon Pères, qui était alors premier ministre.

"Ce n'était pas un moment facile," a déclaré Eitan. "Le gouvernement a pris la décision, et j'ai coopéré avec les américains contre mon agent. Les américains savaient qui j'étais, ils connaissaient ma réputation. Lorsque j'ai témoigné, j'ai senti une tempête d'émotions puissantes, j'avais un sentiment profond que je ne devais pas parler aux américains de cette opération, qu'ils ne sont sûrement pas intéressés par le bien être de Pollard. Néanmoins, je suis un soldat discipliné et je n'ai jamais agi contre mon gouvernement, j'ai collaboré, même si ma propre conscience pensait que je devais agir autrement."

Eitan avait déclaré en 2006 au Jérusalem Post regretter d'avoir utilisé l'analyste de l'US Navy pour espionner son pays d'origine.

"J'ai donné mon opinion aux américains que j'ai fais une erreur (lorsque je le traitais), mais qu'Israël était dans une situation désespérée, ce que fait que les gens font des choses qui ne sont pas permises," a déclaré Eitan.

La femme de Pollard, Esther, a écrit au sujet d'une réunion qu'elle a eue il y a quelques années avec Eitan pendant laquelle Eitan a dit que la seule chose qu'il regrettait dans l'affaire Pollard était qu'il n'avait pas "fini le travail" avant de quitter les Etats-Unis. Pollard a écrit que lorsque "nous lui avons demandé ce qu'il entendait par là, Eitan a répondu : si j'avais été à l'ambassade (israélienne) lorsque Pollard est venu demander l'asile, je lui aurais mis une balle dans la tête et il n'y aurait pas eu d'affaire Pollard."