Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Alors que le New York Times a attaqué la position d'Israël concernant les pourparlers entre le groupe P5+1 et l'Iran sur son programme d'armement nucléaire, la décrivant comme "hystérique", le Washington Post s'est prononcé mardi en faveur de certaines de ces mêmes positions.

L'administration Obama "pourrait utilement passer le temps avant la prochaine ronde de négociations en s'assurant que toutes les conditions qu'elle met en avant pour limiter la capacité nucléaire de l'Iran ont un large soutien à Washington et parmi les alliés des Etats-Unis," estime le Post dans un éditorial.

Le journal déclare que le secrétaire d'état John Kerry a été "raisonnable" quand il a dit que l'allégement des sanctions proposé, y compris le déblocage de certains avoirs iraniens, ne changerait pas les mandats légaux et pourrait rapidement être inversé.

Il ajoute, cependant, que les "sceptiques, qui à Genève semblent avoir inclus le ministre des affaires étrangères de la France, on mis à jour quelques points troublants au sujet de termes spécifiques que l'administration Obama est apparue prête à accepter. L'un concernait le nouveau réacteur à eau lourde : l'Iran voulait continuer sa construction durant les négociations. Vu qu'il est difficile d'imaginer un accord permanent qui comprendrait l'exploitation de cette installation, l'Occident devrait insister sur un gel de sa construction."

"Le deuxième doute est sur la demande de l'Iran que son "droit" à enrichir de l'uranium soit reconnu," écrivent les rédacteurs du Post. "Bien que l'acceptation d'une capacité d'enrichissement résiduelle puisse être un élément nécessaire de tout accord permanent, cela devrait être subordonné à l'acceptation, par le régime iranien, de contrôles stricts, y compris une réduction importante de son infrastructure nucléaire. Comme ils ne sont pas encore tombés d'accord sur de telles mesures, l'Iran ne doit pas se voir accorder ce principe."

"Toute négociation réussie avec l'Iran nécessitera des concessions désagréables pour une régime dont la répression domestique et les agressions extérieures sont répugnantes et une menace pour les alliés des Etats-Unis. Mais un accord qui réduit de manière décisive ses capacités nucléaires est préférable à une action militaire. L'administration Obama a raison d'aller de l'avant, mais elle doit travailler plus fort pour aligner tout accord avec ses objectifs, et prendre à bord le Congrès et ses alliés."

Jackson Diehl, éditorialiste en chef adjoint au Washington Post, a écrit un article dans lequel il décrit ce qu'il appelle la "tournée magique mystérieuse de Kerry", et a appelé le secrétaire d'état un "self-deceiving bumbler", qui pourrait se traduire par un "empoté qui se ment à lui-même".

"Imaginez un monde dans lequel le Moyen Orient ne tombe pas dans le carnage et dans le chaos, mais qui est sur le point de parvenir à une série de percées monumentales," écrit Diehl.

"Au printemps prochain, le programme nucléaire iranien sera sécurisé et l'Egypte sera une démocratie libérale. Le dictateur syrien Bachar al-Assad se sera retiré. Et surtout, israéliens et palestiniens seront parvenus à un accord sur un état palestinien. C'est le monde dans lequel habite John Kerry alors qu'il a fait la semaine dernière la navette à travers le monde : un monde imaginaire créé par sa vision de ce qu'il rêve d'accomplir en tant que secrétaire d'état."

"Pour ceux qui se trouvent hors de la bulle de Kerry," continue Diehl, "l'Egypte est gouvernée par le régime le plus répressif depuis des décennies, avec des medias muselés et des milliers de prisonniers politiques. La Syrie est embourbé dans une lutte anarchique dont les lauréats les plus probables semblent être Assad et Al-Qaïda, aucun des deux ne voulant la négociation. Israéliens et palestiniens sont plus éloignés sur les termes d'un accord que ce qu'ils étaient au début du siècle. Et les conditions émergentes d'un accord avec l'Iran menacent d'enfoncer le clou entre les Etats-Unis et certains de leurs alliés les plus proches."

"Si un seul des rêves de Kerry s'avérait vrai, le monde serait meilleur, j'espère donc que les sceptiques comme moi ont tord. Sinon, ce secrétaire d'état restera comme un empoté qui se ment a lui-même, et son successeur aura quelques grands dégâts à nettoyer."