Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Le président islamiste turc Recep Tayyip Erdogan a signalé un possible réchauffement des relations avec Israël, disant que toute la région aurait beaucoup à gagner de liens normalisés.

Erdogan a déclaré aux journalistes lors d'un vol de retour du Turkménistan que "la normalisation avec Israël" était possible si les parties peuvent parvenir à un accord de compensation pour les "victimes" du Mavi Marmara et si Israël lève le blocus contre les "palestiniens" (les terroristes de Gaza).

Erdogan a déclaré : "il y a tellement que la région pourrait gagner d'un tel processus de normalisation."

Les relations entre les deux anciens pays alliés ont été rompues après l'arrivée au pouvoir d'Erdogan, un homme issu de la mouvance islamiste, qui a fait de sa haine pour Israël un élément central de sa politique étrangère.

Israël et la Turquie n'ont actuellement plus d'ambassadeurs, mais des représentants diplomatiques de niveau inférieur. Erdogan a constamment fait des commentaires anti-israéliens. Se referant aux combats de l'été dernier entre Israël et le groupe terroriste Hamas dans la bande de Gaza, Erdogan avait déclaré que Netanyahou devait "rendre des comptes pour les enfants et les femmes massacrés."

En réponse, le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman avait appelé Erdogan un "antisémite, un voyou de quartier."

Ce discours s'était renforcé avant les élections de juin 2015 pour le renouvellement de 550 membres du parlement turc.

"Nous avons vu a plusieurs reprises que chaque fois qu'il y a une campagne électorale, il y a une augmentation de la rhétorique anti-Israël," a déclaré un responsable israélien. "Cela fait presque partie de la campagne électorale, et plus vous êtes contre Israël, plus vous êtes populaire. C'est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter."

La Turquie est le 7e ou 8e plus important partenaire commercial d'Israël. Israël exporte des produits chimiques comme la potasse vers la Turquie, et importe des biens manufacturés et de la nourriture.

La situation géopolitique actuelle de la Turquie explique probablement en grande partie pourquoi Erdogan fait de l'œil à Israël pour un retour a des relations normales. La Turquie est impliquée dans les combats en Irak, mais a surtout pris le parti de soutenir l'Etat Islamique, le groupe terroriste islamiste responsable qui a pris le contrôle d'une importante partie de la Syrie et de l'Irak.

La Turquie aide l'Etat Islamique principalement financièrement, en lui achetant pour des millions de dollars de pétrole par jour, mais aussi humainement, en autorisant les djihadistes étrangers à transiter par son territoire pour rejoindre l'Etat Islamique en Syrie. Et cela sans compter le fait que la Turquie bombarde régulièrement les troupes kurdes, le principal obstacle sur le terrain à l'expansion de la barbarie islamiste.

La Turquie a également réussi a ouvrir une véritable guerre froide avec Moscou, qui met à mal le commerce turc avec le groupe djihadiste en bombardant les convois de pétrole à destination de la Turquie, en abattant un avion de guerre russe sur la frontière entre la Syrie et la Turquie.

Erdogan aurait tout à gagner d'une normalisation des relations avec Israël, mais Israël aurait probablement beaucoup à perdre d'une telle démarche. On ne peut qu'espérer que Netanyahou ne plonge pas la tête la première dans les bras des islamistes turcs.