Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

L'ancien secrétaire d'état américain John Kerry publiera un nouveau livre dans les prochains jours, comprenant des mémoires sur le temps qu'il a passé sous le président Barack Obama et sa tentative de parvenir à une paix entre Israël et l'AP.

Des extraits du livre publié ce week-end, une image claire se dégage : le duo Kerry-Obama a cherché à évacuer la Judée et la Samarie et à abandonner la sécurité d'Israël, et seule la fermeté du premier ministre Netanyahou a empêché le déplacement de centaines de milliers de Juifs.

Kerry a révélé que Netanyahou a rejeté le plan présenté par le général américain John Allen au ministre de la défense Moshe Yaalon, selon lequel, quand Israël évacuerait la Judée Samarie, les Etats-Unis placeraient des troupes américaines à la frontière d'un futur état palestinien. Tsahal serait stationné à proximité et prêt à répondre à toute menace.

Selon Kerry, Netanyahou a insisté sur le fait que Tsahal devait maintenir une présence à long terme en Judée Samarie, dont la durée serait laissée à Israël.

"Il était maintenant clair pour nous tous que Bibi n'était pas intéressé à aborder les questions de sécurité de manière à permettre un éventuel retrait de Tsahal", a-t-il écrit.

"J'ai conclu que ce n'était pas une question de sécurité […]. Je lui ai fait savoir que je pensais qu'il créait une pierre d'achoppement insurmontable s'il ne pouvait pas accepter les meilleurs conseils d'un des plus brillants esprits militaires de son allié. Il a souri et a dit que nous allions laisser la discussion pour le moment."

Kerry a noté que Netanyahou avait accepté de libérer les terroristes qui se trouvaient dans les prisons israéliennes avant le processus d'Oslo, afin de reprendre les négociations avec Abbas pendant neuf mois. "J'ai dit à Bibi en termes clairs : si vous n'êtes pas prêt à les libérer, je comprends, mais cela ne marchera pas et moi j'ai fini. Quand il a été confronté à ce délai, pour la première fois, il a dit : OK, laisse-moi voir ce que je peux faire."

"L'attitude de Bibi était : je suis ouvert à la résolution de ce problème si je peux satisfaire tous mes besoins. Cela incluait ses besoins politiques avec sa coalition", a également écrit Kerry.

Kerry et Netanyahou se sont rencontrés à l'hôtel King David à Jérusalem quelques jours après le discours d'Obama en Israël en 2013. Kerry a écrit à propos de cette rencontre : "il m'a regardé droit dans les yeux et a dit : 'John, je suis prêt à essayer, mais il y a deux choses que tu dois savoir : premièrement, tout le monde dans cette région ment tout le temps et vous les américains avez du mal à le comprendre; deuxièmement, tout ce que je peux faire est peut-être moins que le minimum qu'Abbas puisse accepter'. Cette déclaration est vraiment restée avec moi. Bibi levait la barre, peut-être de manière impossible."

Kerry révélé également dans son livre pourquoi Obama a décidé de ne pas exercer le droit de veto des Etats-Unis aux Nations Unies pour empêcher la résolution 2336 qui stipule que les "colonies" de Judée et Samarie et de Jérusalem Est sont illégales.

Selon lui, l'annonce faite par le président élu Trump sur la nomination de David Friedman au poste d'ambassadeur en Israël est ce qui a incité Obama à agir de la sorte. "Le président élu Trump avait annoncé qu'il allait nommer un ambassadeur en Israël qui était un partisan convaincu des colonies et un opposant avoué à la solution à deux états."

"En même temps, les israéliens se sont montrés complètement méprisants envers notre politique en entamant un processus de légalisation officielle des avant-postes… Nous ne pouvions pas défendre les actions israéliennes à l'ONU qui équivalaient à une accélération massive et sans précédent de l'entreprise de colonisation", a dit Kerry, en référence à la vie juive au cœur de la terre d'Israël.