Communauté Juive

Est-ce une bonne nouvelle ? Mazone s’apprête à ouvrir un nouveau centre à Marseille. Après la région parisienne où elle est solidement implantée, l’association caritative va donc mettre en place ses distributions de colis alimentaires dans la deuxième ville de France. Éric Bendriem, le président de Mazone, ne s’y trompe d’ailleurs pas : passée la satisfaction de voir l’aventure débutée en 2000 prendre une ampleur nationale, il y a le constat que la communauté juive n’est pas épargnée par la crise. « Beaucoup de gens qui font appel à nous avaient encore, il y a peu, une belle situation, une surface sociale prestigieuse. Mais au cours des derniers mois, tout s’est brisé », soupire-t-il. Selon les statistiques du Fond Social Juif Unifié, 12 % de la communauté juive française vit ainsi sous le seuil de la pauvreté.

Depuis deux ans, Mazone recevait de plus en plus d’appels de Marseille où vivent environ 80 000 Juifs. Mais gérer un centre à l’autre bout de la France en plus de ceux de Stains, Boulogne, Créteil et bientôt le 19^e arrondissement de Paris, semblait un peu compliqué. L’affaire s’est finalement débloquée au début de l’été, lorsque Thierry Ohayon, un homme d’affaires marseillais, s’est proposé de faire avancer le projet. Le 12 juillet dernier, Mazone était donc officiellement implantée à Marseille à l’occasion d’une soirée à laquelle participaient plusieurs personnalités de la communauté juive, dont le rav Asseraf et le président en exercice du Consistoire de Marseille, Bruno Benjamin. A cette occasion, un réseau de solidarité s’est mis en place. Un agent immobilier a, par exemple, mis un appartement-refuge à disposition de Mazone, et un propriétaire de supermarchés s’est engagé à faire d’importantes remises à l’association. Placée sous la responsabilité de Candice Bensoussan, qui suivait déjà quelques familles pour le compte de Mazone, la nouvelle structure sera opérationnelle pour les fêtes de Tichri.

La cité phocéenne ne manquant pas d’associations caritatives, la branche locale de Mazone « sera complémentaire de ce qui existe déjà », précise son président. Plusieurs familles ‘haredi se verront ainsi proposer des produits alimentaires répondants à leur niveau de casherout dont elles ne pouvaient pas bénéficier jusqu’à présent. « Parallèlement aux familles vivant sous le seuil de pauvreté, de très nombreuses familles qui disposent pourtant d’un revenu, s’adressent à nous pour compléter leurs besoins en alimentation et produits de consommation courante », explique-t-il.

Mazone est née d’une idée simple : puisque des quantités considérables de denrées consommables sont détruites quotidiennement par les professionnels de l’alimentation, pourquoi ne pas les sauver du gaspis ? C’est ainsi qu’au début des années 2000, Éric Bendriem a commencé à contacter quelques traiteurs afin de récupérer leurs mets non consommés à l’issue des soirées qu’ils organisent. Reconditionnés, ils sont ensuite redistribués.

Une méthode qui ne représente désormais plus que 5 % de l’activité de Mazone. Les produits alimentaires sont aujourd’hui achetés neufs directement aux grossistes ou aux distributeurs qui accordent d’importantes remises à l’association caritative. A mesure qu’elle se professionnalisait et ouvrait de nouveaux entrepôts, des nutritionnistes ont également rejoint les équipes afin de composer les colis hebdomadaires en fonction des besoins énergétiques de chaque famille. Au total, ce sont 1 500 repas qui sont distribués quotidiennement, ce qui représente par exemple 30 000 litres de lait et 30 tonnes de poulets chaque année. Par ailleurs, Mazone a également élargi le champ de ses activités en se tournant vers la distribution de colis spéciaux pour les fêtes, le soutien scolaire, l’assistance pour les SDF ou la mise à disposition de produits électroménagers.