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"Versez 30 000 shekels et partez avec elle !"
"Versez 30 000 shekels et partez avec elle !"

C’était l’accroche, en hébreu bien entendu, que j’avais eu tant de mal à déchiffrer lors de mon arrivée en Israël. Après avoir annoncé, décrypté et traduit ce court texte, j’ai enfin compris qu’il s’agissait d’un financement pour une automobile...

 Certes le visuel, qui représentait un volant avec le sigle BMW en exergue, aurait du m’aider, me guider et même plus me sauter aux yeux. Mais habitué aux offres détaillées sur les “bilboards” français avec force détails et moult chiffres, j’étais soufflé par ce raccourci publicitaire…

 Combien coûtait la voiture en fin de compte? Sur combien de mois?
 
Pas de “blêmes” et pourquoi gâcher le rêve: un petit “deposit” et vive l’aventure! Le reste n’était qu’une affaire de “tashlumim”…

Chaque langue a ses mots cles. “Tashlumim”, paiements en hébreu en est un, car il vous ouvre toutes les portes du bonheur immédiat, de la gratification instantanée, en un mot de la consommation. La “salamisation”, la coupe en tranches fines du montant restant du, facilite l’acquisition d’un bien en accélérant l’impulsion d’achat tout en déculpabilisant l’acheteur par une minimalisation de la douleur post-consumériste (les paiements). On le sait bien: “Comptant ou mécontent, il faut toujours payer!”. Alors, pourquoi pas la fleur aux dents et le sourire aux lèvres?
 
Une de mes filles m’a raconte une petite histoire qui s’est passée dans sa classe:
 
Le professeur a demande aux élèves de soumettre a la classe leur voeu le plus cher. Je vous passe les rêves de prince charmant, de carrière a succès, de richesse, de beauté et autres diplômes gratifiants. La réponse qui a choque ma fille était simple: “Que l’on finisse de payer la Mashkenta (le prêt), c’est mon voeu le plus cher!”…
 
Voeu pieux ou espoir inutile, car ce prêt hypothécaire indexée a l’inflation est le cauchemar vivant de tous les israéliens. Souvent très long, soit 25 a 30 ans, il obère la majeure partie du budgets des familles. Apres l’euphorie de la sensation de propriété et après avoir rembourse les 10 premières années, avec des montants qui augmentent au gré des sauts d’humeur du célèbre index, l’israélien moyen s’aperçoit avec stupéfaction qu’il n’a pas encore écorne le capital, il n’a paye que des intérêts! Pourtant, tout le monde s’y résigne et courre vaillamment après ce prêt toujours un peu plus loin.
 
Et tout est a l’avenant:
 
- Les voyages remboursables en 12 mensualités. On a vraiment le temps d’en oublier les bienfaits et d’avoir besoin d’une autre dose avant d’avoir réglé la première.
 
- Les épilations au laser, très populaires en Israël (”le pays du poil”, c’est un spécialiste qui me l’a confirme!), ou l’on paye le traitement par avance en signant un contrat sur 12, 18 voire 24 mois. En cas d’insatisfaction, on continue de payer les mensualités bien après avoir fini le “traitement”…
 
- Le pelephone (téléphone portable) qui ne coûte “que 24.90 shekels par mois”, qui plus est, vous sont rembourses en communications. Alors pourquoi se priver? Parce que votre “provider” parle d’un contrat de 3 ans, et si vous multiplier 24.90 par 36, ce n’est plus exactement pareil, sans compter les éventuelles augmentations que vous subirez sur 36 mois (rassurez-vous, ils se rattrapent toujours!) ou les pénalités a régler en cas de rupture de contrat avant son terme…
 
- La nourriture et surtout avant les fêtes juives (Tichri et Nissan) ou certaines chaînes proposent des 4, 6 voire 8 fois sans frais. Vous faites vos achats a Rosh Hashana et Pessah arrive alors qu’il vous reste encore 2 mensualités a payer…
 
- L’électricité, le téléphone, le gaz, la “arnona” (taxe foncière)…tout, je dis bien tout est “tashlumalisable”. Gare aux surprises!
 
“Ashray”, tel est le maitre-mot. Le crédit, tel est le nerf de la guerre…des nerfs!
 
Vous voulez acheter quelque chose et n’en avez pas les moyens? Rien de plus facile, le crédit est la pour vous régler ce genre de détails désagréables. Allonger au maximum les paiements afin de les minimiser. Vous accorder 2 a 3 mois de salaire de découvert autorise, c’est le “yom-yomi” des banques et des organismes de crédit qui vous poussent chaque fois un peu plus au crime…
 
Vous avez dépassé votre quota?
 
Pas de problème! On va vous nettoyer votre overdraft grâce a un crédit et en plus on va,  grâce a la différence des taux d’intérêt entre le découvert et le crédit a la consommation, vous faire réaliser des économies! Vous êtes un homme (une femme) heureux, vous êtes à zéro, vous n’avez qu’un petit crédit à payer chaque mois. De la rigolade, enfin, pas (encore) de quoi s’inquiéter…
 
Vous êtes tellement cool que vous replongez, vous creusez a nouveau votre découvert lentement mais sûrement. On vous a inocule le virus, vous êtes infecté! Quand votre “over” sera a nouveau trop conséquent, il vous restera un joker: le “keren hishtalmut” et/ou la “kuppat gemel”, deux produits de retraite par capitalisation prélèvements a la source sur votre salaire (avec ou sans abondement patronal). Vous pouvez exceptionnellement “casser” ces plans (naissance, mariage d’un enfant et des tas d’autres cas) afin de…couvrir votre découvert, qui avec le temps aura pris la forme de plusieurs petits crédits!
 
Donc, vous allez purement et simplement hypothéquer votre retraite (votre avenir pour lequel vous avez cotise tant d’années) pour effacer vos dettes (votre passe ou vous ne vouliez pas composer avec la realite de votre pouvoir d’achat). Un jour, a force de jongler entre “over” et “ashrai”, le tout mâtine de quelques cheques en bois, vous pourriez devenir “mugbal”, c’est-à-dire bénéficier d’une inscription a la Banque d’Israël ou/et être interdit bancaire…
 
J’exagère?
 
J’aimerais tant que tout ce qui est écrit ci-dessus ne soit que mensonges éhontés (”shtuyot vemitz hagvaniyot”) et histoires de grand-mère (”sipure savtot”). Mais hélas, c’est la triste vérité ou se trouve engluée l’immense majorité de la population israélienne a un stade ou l’autre.
 
Autrefois, les serfs étaient assujettis a vie au seigneur local. Ils lui devaient respect et obéissance. Ce sont les banques qui aujourd’hui instaurent leur servitude a des clients de plus en plus “captifs”, pour ne pas dire prisonniers!
 
Avez-vous une fois (une seule suffit) compris que l’argent que vous placez dans vos “tochniyot”, vos plans épargne bloques sur une durée fixe, vous rapporte quelques % (au mieux 5% si vous avez de la chance). Et que votre découvert vous coûte beaucoup, beaucoup plus cher (15 a 20% selon les cas!)…CQFD!
 
Marx, dans sa Critique de la philosophie politique de Hegel, dit que “La religion est l’opium des peuples”. Je pense pour ma part que la religion dans le rôle que lui attribue Marx, est un peu équivalente a la société de consommation actuelle, qui non seulement satisfait les riches mais fait aussi rêver les pauvres…La consommation (avec le crédit pour corollaire) est-elle l’opium du peuple juif?
 
Telle la substance opiacée qui éteint la douleur et l’endort, le crédit éteint la douleur de l’acte de paiement (n’appelle-t-on pas l’addition en argot, “la douloureuse”?) et endort la vigilance de l’acheteur sur les conséquences de son acte d’achat. Il existe d’ailleurs, des commissions d’endettement qui rééchelonnent les échéances (en négociant pour eux avec les créanciers) des particuliers surendettés voire en “faillite personnelle”…
 
L’industrie du recouvrement est florissante et n’est pas prête de perdre de sa superbe. Les portefeuilles de créances douteuses (”bad dets”) se rachètent a quelques % de leur valeur faciale afin d’etre re-traites par des organismes spécialisés (”debt collectors”). J’ai assiste au congres annuel des professionnels britanniques  du recouvrement, j’en ai encore la chair de poule!
 
Nous sommes sortis d’Egypte, avec de grands miracles et de grands prodiges, ce n’est pas pour nous y replonger au quotidien! Le mot “mugbal” employe un peu plus haut signifie limite, cela me rappelle étrangement le mot “tzar” (étroit) que l’on retrouve dans “metzarim” (les limites, les frontières). En Egypte, ”Mitzrayim”, les juifs étaient a l’étroit, ”Metzarim”. Ne reconstruisons pas nos propres prisons et refusons le cercle vicieux de l’endettement.
 
Pour être en forme à Sion, repensons sans indulgence notre consom-a-Sion!
Didier BENSAHEL
Coach de vie.
1 commentaire
Quelle verve Didier ! Heureux de te lire à nouveau .J'attend ton prochain article avec exita'Sion
Envoyé par Joel - le Mardi 4 Novembre 2008 à 11:27
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Dernière mise à jour, il y a 6 minutes