Nicolas Sarkozy s'est rendu en Israël à l'occasion du 60e anniversaire de sa création, et il a prononcé un grand discours à la Knesset. L'occasion pour notre confrere SVP-Israël de "l'interviewer"* à sa manière, en reprenant ses principales déclarations à l'égard des juifs et d'Israël…

– Questions : Votre sympathie à l’égard d’Israël est bien connue. Pouvez-vous nous en expliquer la principale raison ?
– Nicolas Sarkozy : La création de l’Etat d’Israël a été un miracle, et l’évènement le plus significatif du 20ème siècle. On dit que je soutiens Israël parce que mon grand-père était juif, mais ce n’est pas une affaire personnelle. Israël a introduit la diversité et la démocratie au Moyen-Orient. C’est un miracle qu’un tel Etat soit né à partir des restes dispersés du peuple juif.

– Avez-vous toujours éprouvé le même sentiment à l’égard d’Israël ?

– J’ai changé quand j’ai visité le mémorial de Yad Vashem dédié aux victimes de la Shoah. Je me souviens, au bout d’un long couloir, d’une grande pièce avec des milliers de petites lumières et des prénoms d’enfants de 2 ans, de 4 ans, de 5 ans prononcés à voix basse de façon ininterrompue. C’était le murmure des âmes innocentes. Je me suis dit alors que c’était cela la politique : faire barrage à la folie des hommes en refusant de se laisser emporter par elle.

– Vous avez récemment mis en avant les valeurs des religions, notamment du judaïsme dans l’histoire de l’humanité.

– La contribution du judaïsme à l’histoire de l’humanité, a été majeure. Un monde sans D.ieu n’est pas la bonne voie. L’exemple du nazisme et du stalinisme le montre bien. Il n’y a pas une ligne de la Torah, de l’Evangile ou du Coran, restituée dans son contexte et dans la plénitude de sa signification, qui puisse s’accommoder des massacres commis en Europe au cours du XXe siècle au nom du totalitarisme et d’un monde sans D.ieu. Les deux morales, la laïque et la religieuse, sont complémentaires. On ne peut ignorer qu’il existe une immense demande de spiritualité. C’est pourquoi, je persiste et j’ai le plaisir de signer.

– Vous êtes intransigeant quant à la sécurité d’Israël…

– La sécurité d’Israël est une ligne rouge claire, qui ne doit pas faire l’objet de négociations. C’est une condition inviolable, sur laquelle nous ne reculerons jamais. Je veux dire que l’existence et la sécurité de l’État d’Israël ne sont pas négociables et que rien ne peut justifier la violence. Les terroristes qui prétendent agir en leur nom et pour leur bien sont en fait les véritables ennemis des Palestiniens car ils les privent d’une paix à laquelle ils aspirent et ont droit.

C’est la raison pour laquelle la France, avec l’ensemble de la communauté internationale, a posé comme condition à la reprise du dialogue avec le gouvernement palestinien que ce dernier respecte les trois conditions posées par le Quartet : la reconnaissance d’Israël, le renoncement à la violence et le respect des accords antérieurs.

– De même que toute attitude ou propos antisémites vous indignent…

– L’antisémitisme ne s’explique pas, car il ne peut y avoir d’explications à l’inexplicable. L’antisémitisme, ça ne s’explique pas, ça se combat. La question de l’antisémitisme n’est pas la question des Juifs. C’est la question de la République française. Chaque fois qu’un Juif est injurié en tant que Juif, c’est une tache sur la République. Ce serait faire trop d’honneur aux racistes et aux antisémites que de laisser penser que la France est un pays antisémite.

D’ailleurs, l’antisémitisme se combat dès l’école, et j’ai demandé au gouvernement de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah.

– Que pensez-vous du retour des palestiniens en Israël, en cas d’accords de paix ?

– Chaque côté doit avoir son propre “état nation”. Il n’est pas raisonnable pour les Palestiniens de demander à la fois un état indépendant, et aussi le retour des réfugiés dans l’état d’Israël, qui a aujourd’hui déjà une minorité d’un million d’Arabes.

– Votre avis est également assez tranché sur le Hezbollah ou la bombe iranienne…

– Le Hezbollah est un agresseur et se comporte de manière invraisemblable. Israël doit se défendre et a le droit de se défendre. Quant à l’Iran, il faut éviter le choix catastrophique entre une bombe iranienne et le bombardement de l’Iran.

En outre, je ne rencontrerai pas, je ne serrerai pas la main de gens qui refusent de reconnaître l’État d’Israël. La France ne transigera jamais sur la sécurité d’Israël.

* Les questions du présent “entretien“ ont été imaginées en fonction des authentiques déclarations et propos ici reproduits de Nicolas Sarkozy.