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![]() Le rêve américain
Toute bonne histoire rocambolesque, dans les contes pour enfants ou les films américains, s'arrête là où tout devrait commencer. Qu'un prince doive épouser une bergère d'ascendance royale, ou un individu se rendre quelque part, il faut d'abord franchir de nombreux obstacles et régler toutes sortes de problèmes avant d'y parvenir.
Et ce n'est que quand les difficultés sont enfin surmontées, et que tout peut commencer, que l'histoire s'arrête. En cela, les récits les plus austères s'apparentent aux histoires drôles pour lesquelles on ne se demande jamais ce qu'il advient après leur chute. Rares sont ceux qui, à l'instar de Goscinny ou de Gotlib, se penchent sur le prolongement naturel de l'histoire, quand, par exemple, quelques années seulement après le mariage tant attendu, un prince rétorque à l'encontre de sa femme qui le dérange pendant qu'il lit son journal, au sujet des nombreux enfants dont la vie les a comblés, comme promis à l'étape de la «fin», qu'elle peut s'occuper de son troupeau puisqu'elle est bergère; ou quand le couple de héros, roulant seul sur une route vers un avenir meilleur, est arrêté par la police pour dépassement de la ligne continue après la dernière image, celle au centre de laquelle s'est affiché encore le mot «fin». La recette du récit-film-conte-légende est assez simple: pour donner du piquant à l'histoire, la présence d'un «méchant» est indispensable, que ferait-on sans lui? Si par certains aspects ces histoires peuvent rester vraisemblables, puisque la réalité ne manque pas d'éléments qui s'opposent aux bonnes causes ou au bon fonctionnement de la société ou de la chronologie humaine, elles sont très incomplètes dans la mesure où elles font abstraction des effets secondaires ou collatéraux auxquels on ne se donne pas le peine de penser, ces derniers étant jugés hors-sujets. Et c'est là que le rêve devient dangereux et que son passage à la réalité le fera basculer de plausible a priori à cauchemardesque. Toutes les questions du genre «et alors? Et ensuite?» qui sont malvenues quand elles sont posées après un bon film, s'imposent indispensablement dans les contextes réels, et les avertissements ne devraient pas faire prendre ceux qui les émettent pour des pessimistes ou des rabat-joies. Qu'aurait donné la guerre menée par les Américains en Irak, si elle s'était limitée dans le cadre d'un film d'aventure, comme ceux où le héros est tiré d'affaire par les Marines et le Happy End, à grands renforts de musique qui conclut le drame d'une manière fort conciliante? Le scénario eût été tout simplement le suivant: un gentil pays souffre de la mégalomanie de son dictateur qui en opprime les citoyens tout en représentant un danger à l'échelle planétaire pour les autres pays (n'oublions pas que, de superlatifs en exagérations, on a imposé la règle suivante: un héros, ou Etat-héros ne se dérange plus pour ne sauver que quelques personnes; les «supermen» ne sont appelés que pour sauver la planète entière, ou à la rigueur la moitié). Que faut-il donc faire? Supprimer cette dangereuse menace pour la tranquillité planétaire. Les héros se chargent donc de le mettre hors d'état de nuire et de le capturer vivant, avant de rentrer victorieusement à la maison. Il est bien entendu hors de question pour le héros, ici le président américain Bush, de s'imposer dans ce pays outre mesure, ce qui rehausse d'autant plus sa haute moralité et qui montre bien qu'il n'a recours à la force qu'en cas d'extrême nécessité. Le film s'arrête sur les mines réjouies de tous les acteurs, soldats ou citoyens iraquiens, avec une grande musique, l'expression «The End» apparait, et la salle se vide pendant que les noms défilent à l'écran. Bien entendu, personne ne se demande: «et après?» Ce scénario, appliqué à la réalité, a fait déjà plus de quatre mille morts rien que dans l'armée américaine. Le syndrome du rêve en état de veille est contagieux; les droites parallèles, qui, selon Euclide, ne se rencontrent jamais, et que représentent le cinéma, d'une part, et la réalité, d'autre part, se sont auparavant également coupées au détriment d'Israël. La mise en scène était pourtant parfaite. Elle eût certainement pu faire un beau film: négociations secrètes, suspens, puis, pour finir, poignées de mains en grande pompe sur la pelouse de la Maison Blanche, des ennemis de toujours faisant enfin la paix etc. … Hors, chacun sait ce que la réalité nous a réservé jusqu'à ce jour. Ceux qui ont voulu réveiller les rêveurs éveillés ont été taxés de pessimistes ou d'opposants à la paix; il a même fallu un assassinat politique nettement moins clair que ce qu'en établit sa version officielle et médiatique (on se réfèrera simplement aux interrogations de la veuve du premier ministre assassiné qui, peut avant de décéder elle-même, avouait ne pas comprendre comment son mari, qui venait de prendre place dans la voiture ayant démarré avant la sienne, avait pu mourir peu après) pour redonner du ressort au «Happy End» que le monde entier avait pu voir lors de sa retransmission dans toutes les chaînes télévisées de la planète, avec la signature des fameux accords d'Oslo. Il n'est certes pas interdit de rêver, mais il faut cesser de vouloir identifier la réalité au rêve américain, d'autant plus qu'il est fort limitatif quand il s'applique à l'Etat juif. Ce n'est pas des Saoudiens qu'on exigerait de céder la moitié de l'Arabie pour sauver la planète de la crise. Pour crédibiliser les fantasmes politiques, et amputer le territoire israélien, on les assaisonne de citations bibliques à mauvais escient, en y transposant les textes visionnaires des chars transformés en charrues, de la cohabitation du loup et du mouton, du temps de la guerre et du temps de la paix, en contredisant l'esprit général de ces prévisions des temps futurs, qui envisagent, dans les contextes d'où elles ont été puisées, le rétablissement du peuple juif sur sa terre; or, les rêves totalitaristes que l'on nous impose vont à l'encontre de ce que les textes prophétiques prévoient, en en limitant de façon très nette l'étendue géopolitique. Le rêve américain à tellement réussi, dans de nombreux esprits, à éclipser à l'arrière plan les prophéties bibliques, que certains ont chanté la fin du rêve de l'extension de l'Etat d'Israël jusque dans l'intégrité de ses frontières à la suite de la diffusion du fameux «happy end télévisé». Il semble bien cependant que le rêve prophétique, malgré les nombreux aspects improbables qu'il implique, est nettement plus plausible que le rêve américain. Le rassemblement des exilés qui tend de plus en plus à supplanter la diaspora, et l'indépendance politique quoique qu'hésitante, étaient encore relégués au rang de rêve impensable il y a moins de deux siècles. Or, l'ersatz extrinsèque imposé à grands renforts de publicité hollywoodienne ne tient pas la route et s'est transformé, contre toute attente pour bien des naïfs, de rêve des «territoires contre le paix» à la triste réalité des «territoires contre la mort» (bombardements, attentats, pression internationale etc.) Andersen, Grimm, Clinton, Bush et les autres ne sont pas dangereux tant qu'ils ne dépassent pas le cadre des éditions de contes pour enfants et des salles de cinéma, et tant qu'ils ne cherchent pas à remplacer le rêve multimillénaire du peuple des enfants d'Israël, qui prend par la faute de rêves mensongers des chemins longs et tortueux. A nous de reconnaître le projet énoncé dans la Torah et de faciliter la réalisation des rêves prophétiques: «Et Je vous rassemblerai des quatre confins de la terre où Je vous avais dispersés» (section hebdomadaire Niçavim). Adopter sciemment le rêve hébreu le réalisera dans la douceur, mais l'entêtement à s'attacher aux contrefaçons hollywoodiennes ne présagera qu'un chemin long et tortueux, car son accomplissement s'effectuera quoi qu'on en pense, car il existe une réalité de nature transcendante qui ne résulte pas des différentes forces et opinions de l'échiquier politique incapable de produire des résultats à long terme. SVP-Israel
rav Henri KAHN
Juif.org
Nicole BENATTAR
M.F.A
2 commentaires
comme cela repose l'âme et l'esprit de lire des analyses intelligentes de la situation actuelle ! je souhaite à la vôtre d'être lue et méditée par beaucoup et surtout par ceux qui ont une influence dans ce monde, merci beaucoup. soeur Claire
L'histoire retiendra des Américains surtout leurs films.
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