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Le Lobby francophone, une force pour les Français d’Israël
Le Lobby francophone, une force pour les Français d’Israël

Hélène Mazouz, directrice du Lobby francophone à la Knesset, veut encourager l’alyah des Juifs de France en améliorant leur intégration à tous les niveaux de la société israélienne

C’est dans un café à proximité du Consulat français que nous retrouvons Hélène Mazouz, la directrice du Lobby Francophone à la Knesset et Guy Meimoun, son directeur de la communication.

Créé sous l’impulsion du l’ex-député Yoni Chetboun, du parti Habayit Hayehoudi, le Lobby a depuis été repris en main par une enfant du pays. Mère de 4 enfants et mariée à un nouvel immigrant français, Hélène Mazouz, c’est son atout, est très impliquée dans la vie politique israélienne mais aussi très proche de la communauté française.

 

Son objectif ? Encourager l’alyah et œuvrer avant tout pour une meilleure intégration des Juifs de France qui viennent s’établir dans le pays. Disons-le, pour cette jeune femme qui dégage une force tranquille, la tâche est rude et noble.

En coordination avec la députée Nurit Koren, elle reprend donc les dossiers liés à l’alyah francophone et prend en même temps la mesure de la force électorale que constitue cette communauté. La jeune directrice compte aujourd’hui sur ce levier pour sensibiliser la classe politique aux défis de l’alyah de France. Une immigration dite de qualité et très sioniste, mais qui a toujours du mal à se faire entendre et à faire valoir ses droits.

Face à cette réalité, des bénévoles membres du Lobby investissent le terrain et se battent au quotidien pour venir en aide à une communauté où les problèmes abondent. Car, outre les questions du permis de conduire et de la reconnaissance des diplômes fréquemment évoquées, c’est le surendettement de beaucoup de familles francophones et la situation des olim handicapés en attente de la reconnaissance de leur statut par le Bitouah Leumi [Assurance nationae] qui interpellent et inquiètent.

Autant de situations de détresse qui cassent les stéréotypes d’une alyah de France confortable et exempte de tout problème. Ces cas d’urgence, le Lobby francophone tient aussi à les mettre en lumière. Décryptage d’un combat en quête de forces vives.

On peut se demander tout d’abord ce qui a pu donner envie à Hélène Mazouz de se battre sur ce front-là. La jeune femme se souvient : « Avant de connaître mon mari [qui est Français, ndlr] je ne me sentais pas vraiment concernée. Je pense d’ailleurs que si tu n’es pas francophone et que tu n’as pas de contact avec des Français, tu ne peux pas vraiment les représenter. »

Cette militante active d’un des premiers partis politiques tourné vers l’électorat francophone précise : « Il y a deux ans, j’ai rencontré de nombreux députés avec Nurit Koren [députée du Likud et alors nouvelle présidente du Lobby Francophone]. Elle m’a alors dit : « Écoute, je ne connais pas le sujet et je ne sais pas exactement quels sont les problèmes d’intégration de la communauté française en Israël. Je ne connais pas la langue non plus, mais je sais en revanche qu’il existe une importante alyah de France. De ce fait, le Lobby doit continuer à exister. Veux-tu en devenir la directrice ? »

Hélène explique au Times of Israël que lors des réunions, les membres du Lobby évoquent, entre autres, les questions liées à l’intégration, à l’éducation des enfants d’olim, mais aussi les problèmes liés au Bitouah Leumi ou au surendettement de certaines familles francophones.

D’une voix posée et grave, elle précise : « Je parle de vraies difficultés. Ces familles n’ont rien à manger, elles sont dans des situations vraiment très difficiles. D’autres dossiers, comme les équivalences de diplômes et la reconnaissance du permis de conduire français sont aussi sur la table des négociations [Benjamin Netanyahu est récemment intervenu sur le dossier]. Pour le permis, nous sommes toujours en contact avec le ministre des Transports, Yisrael Katz, pour trouver une solution. »

« On essaie de faire avancer les choses. Aujourd’hui, des députés des différents partis m’encouragent et veulent s’engager sur certains dossiers, dont notamment ceux liés aux infirmières et médecins français dans l’impossibilité d’exercer leur métier. Aujourd’hui, lorsque nous faisons des réunions au sein du Lobby, des ministres viennent, veulent écouter. Lors de l’une de ces rencontres à Netanya, trois ministres se sont déplacés. Les politiciens ont compris aujourd’hui qu’il est dans leur intérêt d’aller vers la communauté francophone. »

La jeune et entreprenante directrice du Lobby est intervenue récemment en audience spéciale auprès de deux ministres pour parler du sort de ces familles francophones prises dans la spirale du surendettement. Une mission délicate, si l’on considère que beaucoup de foyers israéliens sont dans la même impasse et que le problème n’est pas seulement inhérent aux Francophones.

Guy Meimoun, coordinateur sur Rishon Letzion et directeur de la communication du Lobby, précise : « Il y a un gros malaise aujourd’hui, à plusieurs niveaux. Déjà, la communauté française existe en Israël mais elle n’est pas représentative, et n’est pas représentée. Hélène a réussi à faire prendre conscience à des ministres et à des députés qu’il y a là une communauté qui peut-être un vrai atout électoral. Ce qui se traduirait, pour nous, par une puissance et un lobby qui pourrait agir dans notre sens pour nous aider à nous intégrer et à régler les problèmes qui sont complètement absurdes au niveau administratif. »

Hélène Mazouz a confié également à l’énergique sexagénaire la tâche de mettre en place des coordinateurs qui agiront dans chaque grande municipalité où se trouve une communauté française. Au Sud, au Nord, au Centre, à Raanana ou à Zichron Yaakov : autant de bénévoles qui investissent le terrain pour prendre le pouls d’une communauté, et être à son écoute.

Il reprend : « Le problème est en effet inhérent à toutes les villes et toutes les municipalités : jusqu’à présent, il n’y avait pas de représentativité. Pour qu’il y en est une, nous essayons de fédérer, de rassembler. Nous organisons des conférences un peu partout, même dans les petites villes, pour que chaque Français qui a un problème puisse avoir un interlocuteur et qu’il ne soit pas seul. Maintenant ça bouge, parce que le Lobby fait la liaison avec la Knesset et les responsables gouvernementaux, quels qu’ils soient. »

Le Lobby est apolitique. Guy martèle : « Que vous soyez de gauche, de droite ou des extrêmes, il n’y a aucune différence pour nous. Ce qui compte, c’est que vous mettiez la main à la pâte pour nous aider. » De quelle manière le tissu associatif francophone collabore t-il aujourd’hui avec le Lobby ? Quel est le rôle de partenaires comme AMI ou Qualita ?

Hélène précise : « Qualita s’est créée pour fédérer plusieurs organisations et nous essayons aujourd’hui de faire avancer les choses ensemble. Cette association a mis en place le ‘Hub pour l’emploi’ et elle a aussi lancé une radio francophone. Tout cela est magnifique. De notre côté, nous nous attachons à changer la mentalité des acteurs de la vie politique israélienne. Pour cela, nous souhaitons intervenir dès les municipales. »

« Dans chaque ville nous nommons maintenant un coordinateur, afin d’être visible et que chaque maire puisse intervenir et agir auprès de la communauté francophone de sa ville », ajoute-t-elle. Pour aller plus loin, ne faudrait-il pas une représentation significative des Francophones dans les administrations elles-mêmes ? Intégrer carrément les Français dans la fonction publique ? Guy en convient : « C’est le but. »

Autre dossier sensible, l’intégration professionnelle des olim. Les pouvoirs publics doivent-ils encadrer, voire subventionner l’emploi des nouveaux immigrants de France pour éviter une ghettoïsation des actifs ? L’État ne devrait-il pas être beaucoup plus à l’avant-garde sur ce terrain-là et pourquoi pas, carrément interventionniste ?

On le sait, l’emploi des olims dans les différentes sphères de la vie active israélienne est loin encore d’aller de soi. Énormément d’olims travaillent aujourd’hui dans des sociétés francophones, sans rapport, parfois, avec leur formation d’origine ou leurs compétences acquises en France. Alors, faut-il placer les gens en entreprise ?

Hélène soupire : « La ministre de l’Intégration [Sofa Landver, Yisrael Beytenu] connaît très bien ce sujet car elle a aussi fait son alyah des pays de l’Est. La question est de savoir si aujourd’hui la communauté française fait partie de ses intérêts et de ses priorités… »

Pour les classes moyennes et les plus modestes issues de l’immigration française, les entraves à une bonne intégration ne cessent pourtant de se multiplier : les emplois au rabais et les tracasseries administratives sans fin atteignent parfois durablement le moral.

Alors, comment le gouvernement peut-il laisser ainsi s’embourber dans les difficultés des Juifs de France venus pour la plupart par sionisme, par pur idéal [et avec toutes leurs économies, ndlr] ? Laisser une infirmière de métier s’enliser dans un call-center ou un médecin repartir en France faute de reconnaissance de diplôme ? Juif de France, futur Israélien laissé pour compte ?

Mais Guy nous coupe : « Tout ça on le sait ! Pourquoi on existe ? Pourquoi on se bat ? Pour ça ! J’ai une association et je suis confronté à tous ces problèmes que vous avez évoqués, et d’autres encore que vous ne pouvez même pas imaginés. Il y a encore plus grave que ça… Il y a des malades qui arrivent en Israël et qui ont une pathologie sévère. Ils ne sont pas reconnus par le Bitouah Leumi immédiatement. Que font-ils pendant un an ? Comment mangent-ils ? Comment payent-ils leur loyer, leurs médicaments, comment font-ils pour se soigner ? Il y a beaucoup de problèmes, on le sait. Ce qu’il faut faire, et on l’a fait avec intelligence je pense, c’est de gérer non pas les cas un par un, mais à la base. »

Pour Guy, il est nécessaire aussi de trouver un moyen d’intégrer les Français en amont, avant qu’ils ne viennent. Pour cela, il suggère des oulpan alternatifs que mettrait en place l’Agence juive. Il reprend, énergique : « La mentalité française n’est pas un handicap. Il faut arrêter de dire ça. »

Certes. Mais à compétences égales, une entreprise israélienne ne préférera-t-elle pas embaucher une personne née dans le pays, qui maîtrise la langue, qui a fait ses classes, plutôt qu’un olé [nouvel immigrant] nouvellement arrivé ? Guy tempère : « Pour la langue oui, c’est vrai, mais pas pour le service militaire. C’est encore un autre cas. Il faut être objectif et ne pas dire que le Misrad Haklita [ministère de l’Intégration] doit placer les gens, non, il faut que le Misrad Haklita s’occupe de les intégrer, en leur donnant les outils pour pouvoir affronter le marché du travail. »

Il faut orienter les olim. On a organisé récemment une réunion avec MATI sur la création d’entreprise, en détaillant les droits, les crédits et les subventions auxquelles ont droit les nouveaux immigrants », ajoute-t-il. Hélène Mazouz suggère, elle, des formations simples, où les olim recevraient des informations essentielles sur les koupat holim [caisses de sécurité sociale], le Bitouah leumi, le système des banques et de recouvrement de dettes.

Elle explique : « Je crois que ces formations sont beaucoup plus importantes. Le gouvernement ne donne pas encore d’informations claires sur ces sujets. Il n’y a pas de site internet qui centralise tout ça. Le Lobby agit aussi pour qu’il y ait une meilleure communication sur comment inscrire ses enfants à l’école, sur comment payer ses factures, avec une info en français. Traduire ce type de documents n’est pas si coûteux que ça. »

Cette « illisibilité » du quotidien peut avoir des conséquences lourdes : « Beaucoup de familles sont en situation de surendettement, avec une dette qui double très vite. Ils n’arrivent pas à déchiffrer les lettres qu’on leur adresse. Ils ne peuvent plus sortir du pays, etc. Ils sont bloqués pour tout ! Pour un Israélien né ici, c’est déjà difficile, alors imaginez-vous pour un Français qui ne peut même plus sortir du pays pour aller chercher des aides ! Certains ne savent même pas ce qu’ils doivent, ni comment régler leur créance. »

Guy en convient : « Il y a un système d’information à mettre en place pour expliquer tout ce qui reste difficilement compréhensible pour les Français. » Hélène enfonce le clou : « Dans chaque ville où se trouve une communauté française, nous essayons de faire en sorte de la fédérer, afin que la municipalité comprenne qu’il faut mettre en place une information spécifique pour ce public-là. C’est un package où se trouve tous les problèmes du quotidien. Le Lobby veut aussi faire passer ce message au gouvernement de faciliter enfin cet accès à l’information. »

 

Dans ce cadre, on pourrait légitimement s’étonner qu’un staff d’assistantes sociales francophones ou tout au moins spécialement formées pour les olim n’aient pas été mis encore en place par les services publics. Guy précise néanmoins : « Dans certaines villes cela existe. »

Pour Hélène comme pour beaucoup de Francophones, les aberrations administratives demeurent cependant incompréhensibles : « La reconnaissance du permis et des diplômes français ne nécessitent pas un gros budget de la part du gouvernement. Ce n’est pas une question d’argent, mais de volonté. C’est une question de priorité, c’est tout. »

Et Guy de déplorer : « Pourquoi cette indifférence ? Parce qu’on ne montre pas que la communauté francophone a un pouvoir. Un pouvoir électoral et un pouvoir à tous les niveaux ! Maintenant, le souci majeur de cette communauté est qu’elle n’est pas solidaire. Les Francophones sont très individualistes. On se bat aujourd’hui avec le Lobby pour leur faire comprendre qu’on doit s’entraider. Pas seulement à un niveau individuel, mais déjà entre associations. Nous sommes tous là pour soutenir la communauté francophone. Au Lobby, on essaie de faire l’interface entre ce tissu associatif, les olim et la Knesset. Il n’y a pas d’autre alternative ! Les Français d’Israël doivent se joindre à nous. Dans leur intérêt. »

Le message sera t-il entendu ? Et Hélène de conclure : « Le Lobby francophone appartient aux Français. Utilisez-le, pour organiser des réunions, pour rendre visibles les problèmes ! » Alors, demain, tous membres ? Guy tient à préciser : « Le Lobby est ouvert à tous et il est apolitique. Il y a des traducteurs pour ceux qui s’expriment en français. »

Pour aller jusqu’au bout d’une démarche qui se veut offensive, la création d’une force politique autonome est évoquée. Mais Hélène Mazouz n’y croit guère, et Guy Meimoun se montre réservé : « Je crois que nous ne sommes pas assez nombreux et fédérés pour créer notre propre parti. Il faut utiliser notre force électorale et que chaque communauté se mette en relation avec le maire de sa ville, avant les prochaines élections municipales. C’est comme ça qu’on peut faire pression.»

L’union fait la force et la nécessité de faire entendre la voix des olims de France est donc plus que jamais d’actualité. Le message passera t-il ?

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