L'antique cité fut construite sur une colline peu élevée, sur les rives d'un wadi, un oued ne charriant de l'eau que durant les mois d'hiver. Une couche aquifère proche de la surface et située le long du wadi fournissait des ressources en eau tout au long de l'année.

 

Béershéva est mentionnée pour la première fois dans la Bible dans le récit de la révélation divine aux patriarches (Genèse XXVI, 23-25 ; XLVI, 1). Son nom provient du mot hébraïque shevoua (serment) ou shiva (sept), comme relaté dans Genèse XXI, 31 et XXVI, 33. Cette ville symbolise la frontière sud de la terre d'Israël, avec l'expression "de Dan à Béershéva". (Juges XX, 1 ; I Samuel III, 20 et I Rois V, 5)

 

Une grande partie du site a fait l'objet de campagnes de fouilles entre 1969 et 1976, mettant au jour plusieurs strates de vestiges de peuplement, y compris de villes fortifiées du début de la période israélite et de la période des rois de Juda, recouverts par les ruines de petites forteresses allant de la période perse à l'ère romaine.

 

Les plus anciens vestiges de peuplement sur ce site sont constitués par plusieurs habitations taillées dans le roc, datant du XII-XIe siècle avant l'ère chrétienne, ainsi que par un puits de vingt mètres fournissant en eau fraîche les habitants de la première agglomération permanente non fortifiée de la tribu de Siméon. (Josué XIX, 2)

 

A la fin du XIe siècle avant, un point de peuplement fortifié fut établi à Béershéva. Les maisons, qui se serrent les unes contre les autres au sommet de la colline, forment une muraille défensive circulaire avec un étroit orifice pour portail. Les maisons s'ouvrent vers l'intérieur, donnant sur une place centrale où étaient parqués les troupeaux.

 

Au milieu du Xe siècle avant, au cours de la période monarchique, la première grande ville fortifiée fut créée à Béershéva, et devint le centre administratif de la région sud du royaume. Fortifiée par un solide mur de briques en terre posé sur un soubassement de pierre, elle s'étendait sur dix dounams (2,8 acres) au sommet de la colline. La porte de la ville, avec un corps de gardes de quatre salles, se révèle typique de l'architecture militaire israélite de cette période. Le plan de cette cité fut conservé dans ses grandes lignes au cours des trois siècles suivants, pendant lesquels elle fut rebâtie à plusieurs reprises.

 

Au IXe siècle avant, un nouveau mur d'enceinte fut érigé sur les vestiges du précédent. Il comprenait deux murs parallèles séparés par un étroit espace divisé en petites salles, utilisées pour les activités quotidiennes et pour entreposer des réserves à l'intérieur des murailles.

 

C'est là un remarquable exemple de planification d'une cité provinciale et marquant bien l'importance de Béershéva dans la défense de la frontière sud du royaume de Juda à la fin de la monarchie. La ville fortifiée était divisée en quartiers. Des rues périphériques et circulaires longeaient le mur d'enceinte, tandis qu'une voie principale traversait la ville en son centre. Toutes ces rues débouchaient sur une place située à l'intérieur de la porte. Un système de canaux avait été mis en place sous les rues pour collecter les eaux de ruissellement dans un conduit central, qui les amenait sous la porte de la ville jusqu'au puits situé à l'extérieur. Un autre système de collecte des eaux avait également été construit au nord-est de la ville, à l'intérieur de la muraille, avec un escalier de pierre descendant vers une citerne taillée dans le roc. Ce système sophistiqué assurait des ressources régulières en eau même durant les sièges prolongés de la ville.

 

Dans la partie orientale de la ville, se trouvait un ensemble de trois constructions à colonnes couvrant une superficie de 600 m2. C'était là l'entrepôt de la cité, comme on peut s'en rendre compte d'après son emplacement, proche de la porte de la cité, ainsi que par la présence de centaines de récipients de poterie, dont de nombreuses grandes jarres trouvées sur place. Le palais du gouverneur, doté de nombreuses pièces et de trois grandes salles de réception, se dressait lui aussi près des portes de la ville. La plupart des dizaines de maisons de la ville étaient du même modèle, avec quatre chambres, dont l'une servait de cour. Ces demeures étaient distribuées le long des rues et, dans le cas des maisons jouxtant le mur d'enceinte, une chambre était construite dans l'étroit espace séparant les murs.

 

Sa population au Vllle siècle avant comprenait sans doute quatre à cinq cents habitants, y compris les officiers et soldats de l'armée de Juda en garnison à Béershéva, capitale régionale du sud.

 

Un imposant autel aux angles en forme de corne a été découvert sur le site et reconstitué à l'aide de pierres taillées réutilisées dans les murs d'un bâtiment ultérieur. Cet autel atteste l'existence dans la ville d'un temple ou d'un centre cultuel, vraisemblablement démantelé durant les réformes du roi Ezéchias. (I Rois XVIII, 4)

 

La ville de Béershéva fut détruite par le roi Sennachérib d'Assyrie, durant sa campagne menée contre Juda en 701 avant l'ère chrétienne.

 

Au cours du Vlle siècle avant, une petite localité existait sur ce site, ses rares constructions témoignant de la négligence des monarques. Elle disparut avec la conquête par les Babyloniens du royaume de Juda, en 587-6 avant.

 

Les fouilles sur ce site ont été effectuées par Y. Aharoni et, durant la dernière saison, par Z. Herzog, pour le compte de l'université de Tel-Aviv.