Mais qui est donc Shlomo Molla ?

Il a fait parti de l’ « Opération Moïse », celle qui ramenait en Israël la tribu perdue des descendants de la Reine de Saba et du roi Salomon.  Né en 1965 d’un père juge de village et agriculteur et d’une mère femme au foyer élevant ses onze enfants dans un village de la province de Gondar en Ethiopie (ou vivait une quarantaine de familles juives), Shlomo a rêvé depuis sa plus tendre enfance sur cette prophétie biblique du peuple juif : « l’an prochain à Jérusalem ».

« Nous étions très religieux et étudiions la Thora tous les jours » dit-il. Lorsqu’on lui demande de raconter son enfance, il se dit « chanceux » : « J’ai été le seul de ma famille à avoir pu aller à l’école jusqu’à 10 ans. » Notons au passage que l’école était à 35 km de sa maison !

A l’adolescence, il entend parler de l’« alyah » des juifs d’Ethiopie à partir du Soudan (la fameuse « opération Moïse »). Avec quinze amis intimes, il projette d’en faire partie. Après la traversée du désert qui sépare l’Ethiopie du Soudan, ils sont abandonnés par leur « guide » et  se font kidnapper par des bandits qui les séquestrent : « Nous avons passé trois mois dans un cachot avec pour seule nourriture du pain et de l’eau. Nous étions « tabassés tous les jours ».

Mais Shlomo finit par s’échapper et en racontant son histoire, ne s’empêcher d’avoir une pensée attristée pour les amis qu’il n’a jamais revus et qu’il suppose morts. Quatre mois après son évasion, Shlomo trouve « le » camion qui le conduit au Soudan et intègre « l’opération Moïse » en 1984. Il a alors 19 ans.

Après l’armée, en Israël,  (il est aujourd’hui Commandant de réserve de Haïfa), Shlomo fait des études de Droit à Bar Ilan (Tel-Aviv) et devient pour le gouvernement israélien « Coordinator of distressed population ». C’est Ariel Sharon qui le remarque en novembre 2005 et le fait entrer à Kadima. Sharon, que Shlomo Molla qualifie de « fantastic and amazing person ».

C’est le début de son engagement politique et social.  En 2006, Ehud Olmert lui offre un poste important à l’Agence Juive (Chef de la division Ethiopienne et du Département d’activités sionistes). En février 2008, Shlomo fait son entrée à la Knesset devenant ainsi le premier parlementaire éthiopien. A la question sur son rapport à la religion aujourd’hui, Shlomo Molla répond : « Toute ma famille vit maintenant en Israël et est restée proche de la religion juive. En ce qui concerne Israël, je pense que mon pays doit rester un Etat Juif et conserver les valeurs du judaïsme. J’ajoute que la population doit être majoritairement juive ». Voilà qui est dit.

Et politiquement, comment se situe Shlomo Molla ?

 

« J’ai  toujours été proche de Tsipi Livni ;  C’est une femme intelligente, claire et sachant où elle veut conduire le pays. J’adhère à ses idées sur la sécurité d’Israël, sur son plan de paix...  Si elle est élue en février prochain, je suis certain que le pays aura à sa tête une femme pragmatique, volontaire dont la plus grande ambition est de mettre en place cette fameuse paix que tous les israéliens attendent depuis longtemps ».

 

Et Shlomo dessine sur un coin de table sa vision des futurs deux Etats avec Jérusalem unifié et ne rechigne pas à entrer dans le détail sur l’avenir de chaque village…

Mais, nous n’en sommes pas encore là… Tsipi Livni doit d’abord gagner les élections l’an prochain.

 

Attendons les élections israéliennes pour connaître la suite du destin de Shlomo… Pourra-t-on écrire « de l’Éthiopie au gouvernement israélien » ? Qui sait ?

 

Certains êtres humains ont des destins atypiques et celui de ce sympathique député pourrait bien l’être encore. Rendez-vous en février 2009….