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Ultimatum, le film : interview d'Alain Tasma
Ultimatum, le film : interview d'Alain Tasma

Le nouveau film d'Alain Tasma "Ultimatum" sorte le 30 Septembre 2009. Interview :

Quel est le point de départ d’ULTIMATUM ?

Ma rencontre avec la romancière Valérie Zenatti et mon désir de tourner en Israël. Valérie avait commencé à écrire «En retard pour la guerre», et elle m’en a parlé brièvement : l’histoire d’étudiants à l’université de Jérusalem au moment de la première guerre du Golfe, pendant l’hiver 1990/91. Je me souvenais de l’impact incroyable qu’avait eu dans le monde la période précédant la guerre : les menaces portées par Saddam Hussein, les émissions de télévision où l’on nous assurait, sur fond de musique anxiogène, que l’Irak possédait la troisième armée du monde. 

J’y ai vu un sujet de film : des jeunes gens venus d’Europe qui se retrouvent pris dans les violences de l’Histoire et qui l’assument plus ou moins. Comment se vit au quotidien une menace de mort ?

Comment réagit-on à cette tension ? J’ai proposé à Valérie que nous travaillions ensemble : avançaient en parallèle son roman et notre scénario, qui ont autant de similitudes que de différences. Le livre est centré sur l’amitié entre deux filles, le film est davantage sur le couple que forment Luisa et Nathanaël. Ils sont français. Elle est étudiante, il aspire à être peintre. Elle fuit ses parents, envahissants, il se pose beaucoup de questions, se cherche.

Ils se sont connus à Jérusalem. Ils sont ensemble depuis deux ou trois ans... 

Mais pourquoi l’envie de tourner en Israël ?

Les tensions du monde ne me laissent pas indifférent : j’ai fait des films sur la guerre d’Algérie, je suis allé au Rwanda, etc. Une partie de ma famille vit en Israël, mais le plus important, je crois, c’est le souvenir du tournage de NOCE EN GALILÉE, du cinéaste palestinien Michel Khleifi, dont j’étais l’assistant. C’était en 1986, une époque où la paix était proche : l’équipe était composée de Belges, de Français, d’Israéliens et de Palestiniens, on circulait partout sans problème.

J’ai l’ambition à travers mes films de participer un peu au regard porté sur la marche du monde : non pas en idéologue ou en militant, mais en raconteur d’histoires, en mettant toujours l’individu au centre de l’Histoire (avec un grand H). Face à une situation (une tension) donnée, j’essaye de comprendre comment et pourquoi on en est arrivé là !

Par ailleurs, diriger dans une langue étrangère, être secoué, bousculé par une réalité  qui n’est pas la mienne, ce sont des choses que je recherche. L’expérience du tournage est une expérience de vie. Mon métier ne se résume pas à ramener un film : ce qui se vit pendant sa préparation et sa fabrication est essentiel. 

Quelle légitimité un cinéaste français a-t-il pour tourner en Israël, sur un épisode passé de l’histoire du pays ?

Je ne traite pas directement la société israélienne. J’utilise pour raconter mon histoire des «témoins» venus d’Europe, qui ont une culture et une sensibilité  proches des miennes. Ils deviennent alors mon regard.

C’est pour moi la clé nécessaire. Ma légitimité est dans ce filtre. Ensuite, il se trouve que Valérie Zenatti, qui était en Israël en 1990/91, possède une mémoire exceptionnelle, aussi bien sensorielle qu’événementielle. Pour moi, ce fond de réalité est capital : je peux imaginer des relations psychologiques, quel que soit le pays, quelle que soit l’époque mais pas le fond historique. Sur le tournage, l’équipe israélienne était bluffée par la précision des souvenirs de Valérie. La participation au film de plusieurs très grands acteurs israéliens étaient pour moi la preuve que nous ne faisions pas fausse route. Mais il est aussi évident que le sujet possède une valeur universelle : une histoire, qui raconte la vie intime de civils, pris dans une guerre qui les dépasse (en donnant une grande importance au regard des femmes), n’est pas, à mes yeux, marquée par une époque ou une géographie.

Ce que je recherche alors, c’est une approche que j’espère juste de sentiments et de comportements individuels dans une situation donnée. 

Vos films sont souvent construits autour d’un événement historique et de ses conséquences. Là, ne s’agit-il pas davantage d’un non-événement ?

L’événement, troisième guerre mondiale n’a pas eu lieu, effectivement. L’armée irakienne s’est effondrée, mais les morts, eux, ont bien été réels.

Le film traite d’un ultimatum et de ses conséquences. L’angoisse, l’attente de ce qui va arriver. Les moments qui précèdent une violence annoncée, quelle qu’elle soit, sont parfois plus douloureux que l’événement lui-même. Cela n’a aucun rapport direct avec le film, mais je pense à la phrase de Tristan Bernard, quand il est arrêté par la Gestapo : «Nous vivions jusqu’ici dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espoir».

La première guerre du Golfe est un moment important dans la vie d’Israël : c’est la seule guerre où le pays est resté passif. De façon volontaire : les États-Unis ont fait comprendre aux dirigeants israéliens qu’ils ne devaient pas intervenir, et la nation a été dédommagée pour cela. Mais du coup, c’est une période traumatisante, vécue comme une faiblesse. Un peu, comme le dit le chauffeur de taxi, comme si les hommes israéliens s’étaient comportés comme des enfants. Qu’est-ce que ça veut dire d’aller se cacher avec les femmes dans des chambres et de mettre un masque ? Les hommes israéliens ont mal vécu cette négation de leur virilité. Je ne dis pas que cela explique le comportement actuel du pays, mais ce n’est pas anodin. 

La scène de l’autoroute donne même l’impression d’une guerre fantôme. S’agit-il d’un souvenir réel ?

Non. Quand le premier Scud est tombé, le pays a été paralysé pendant 48 heures. Les routes étaient vides, plus personne ne circulait. On a alors imaginé  le périple de cette femme courageuse, qui part aider sa fille, qui a l’intuition qu’elle a besoin d’elle. C’est un parcours un peu rêvé : un son dans le lointain, un convoi d’ambulances dans la nuit et elle comprend que le premier Scud est tombé, le danger devient réel, elle met son masque, croise un homme qui ne parle que russe. J’avais vu des images d’actualité de l’époque : beaucoup d’émigrés russes arrivaient en ce mois de janvier 1991, ils ne parlaient pas un mot d’hébreu, et la première chose qu’on leur montrait, c’était comment mettre un masque à  gaz. Ils étaient hébétés.  

Tous les citoyens israéliens reçoivent des instructions pour installer chez eux une chambre étanche, censée les protéger des armes chimiques. La relation avec les chambres à gaz a-t-elle été faite par les medias de l’époque ?

Comment ne pas y penser ? Dans le film, c’est évoqué entre autres par le lapsus de la mère de Luisa. Mais il y a aussi le personnage de la voisine, qui est une ancienne déportée, à qui la situation fait perdre la raison, la ramenant en quelque sorte à la violence de la Shoah. ULTIMATUM veut aussi parler de la violence et de la «folie» de la société israélienne ; une violence souterraine provoquée par la tension permanente que connaît le pays, Nathanaël l’exprime ouvertement à la fin, en menaçant d’une arme ses collègues, et en se menaçant lui-même.

Tamar, la femme enceinte, nous parle, elle, non sans humour de la folie du pays lorsqu’elle s’étonne que les médecins, en période de guerre, lui demandent si elle a, en ce moment, des raisons particulières d’être stressée...

Le film se passe en 1991, il y a eu depuis d’autres événements dramatiques, mais je crois qu’il dit quelque chose de toujours actuel sur Israël. 

Cette violence n’est-elle pas comme l’autre versant de la fête, telle que celle qui ouvre le film ?

Sans doute : en Israël, la fête est vécue comme un désir de vie qui confine à  l’hystérie. À l’époque avaient lieu des «fêtes de fin du monde». La jeunesse israélienne faisait semblant d’être déjà à l’été 1991, en prétendant que ce qu’ils vivaient était derrière eux : d’où l’idée de faire la fête en maillot de bain.

On peut penser qu’ils ne se faisaient pas trop d’illusions puisque la chanson que les jeunes chantent pendant cette fête est un tube de l’époque, qui dit : «C’est le moment de se suicider...» 

Qu’est-ce que la peur provoque précisément chez vos personnages ?

Dans ce genre de situation, on est obligé de se définir, qu’on le veuille ou non : la peur fonctionne alors comme un révélateur. Certaines questions trouvent d’elles-mêmes leurs réponses. Le superficiel disparaît pour un temps. Certains se découvrent fragiles, d’autres, qui l’ignoraient, se découvrent forts.

À la fin du film, Luisa est à Tel-Aviv où, pourtant, les Scuds tombaient réellement. Elle demande à son co-locataire où est la pièce étanche, mais, de son propre aveu, elle n’en a plus besoin, elle sent qu’elle est restée trop longtemps enfermée. La pièce a symbolisé quelque chose de l’enfermement de son couple : elle s’en est libérée, comme elle s’est libérée de la peur. 

Comment avez-vous choisi Jasmine Trinca, qui incarne Luisa ?

Au stade de l’écriture, le personnage n’était pas d’origine italienne. Mais je ne trouvais pas en France d’actrice pour ce rôle qui me touchait comme me touche Jasmine. Ou, plutôt, aucune ne rendait possible à mes yeux sa relation avec Nathanaël, le fait qu’elle reste avec un garçon qui ne la traite pas toujours très bien. Jasmine a cette douceur, cette «pureté» un peu naïve, qui justifie, je crois, qu’elle ne plaque pas Nathanaël.

Elle l’aime, elle le materne et supporte beaucoup. J’avais découvert Jasmine, comme tout le monde, dans LA CHAMBRE DU FILS, et j’avais envie de la filmer : elle ne se considère pas tout à fait comme une actrice, et je crois que cette modestie apporte beaucoup à Luisa. Comme Gaspard Ulliel, elle a beaucoup travaillé pour apprendre son texte en hébreu, et les Israéliens de l’équipe l’ont jugée tout à fait crédible.  

Et Gaspard Ulliel ?

Je l’avais déjà vu plusieurs fois lors de séances de casting, mais il était à chaque fois ou trop jeune ou trop vieux pour le rôle envisagé. Ici, le personnage a été  écrit pour lui. J’aimais l’idée d’un personnage complexe, fermé, dur et... amoureux.

Il est si mal dans sa peau qu’il en devient destructeur. Gaspard a eu le talent de rendre crédible un tel personnage. Nathanaël espérait certainement trouver en Israël un pays dans lequel il se dépasserait, qui le secouerait. Il est lucide sur son talent de peintre, ce qui est peut-être la cause profonde de son mal-être. Il suffit de voir le regard qu’il jette à Luisa quand il vient de dire : «Je ne fais que de la merde». Elle répond : «Ce n’est pas vrai». Il la haïrait de répondre autre chose, mais il la déteste aussi de ne pas voir qu’il est mauvais peintre. 

Et le couple que forment Sarah Adler et Lior Askhenazi ?

C’est l’opposé, par sa stabilité, du couple Luisa-Nathanaël. Mais Tamar, que joue Sarah Adler avec beaucoup d’assurance et de naturel, traverse la pire des épreuves : elle va donner la vie au moment où la mort s’annonce. C’est une terreur primaire, qui lui ferait préférer que son enfant ne sorte pas, qu’il reste dans son ventre. Gil, son compagnon, qui travaille à  la radio - ne pas oublier qu’on vit alors la première guerre relayée en direct par les medias - incarne à mes yeux la virilité israélienne.

C’est Lior Askhenazi, immense acteur qu’on a vu notamment dans MARIAGE TARDIF ou TU MARCHERAS SUR L’EAU . Il fait partie des grands acteurs locaux qui ont accepté d’avoir des seconds rôles. 

Quels sont les autres ?

Il y a Hannah Laslo, qui joue la mère de Sarah Adler. On la connaît grâce au Prix d’Interprétation qu’elle a reçu à Cannes pour FRE ZONE d’Amos Gitaï. Un prix qui a stupéfié Israël : c’est une grande actrice, mais elle est vue là-bas comme une sorte de Jacqueline Maillan, à qui l’on ne donne pas de rôles sérieux !

Il y a aussi Moni Moshonov (vu entre autres dans les films de James Gray) qui vient faire un clin d’oeil dans le rôle du chauffeur de taxi, Tsahi Grad qui joue Amos, le seul qui ose dire que, pour lui, cette guerre est un bienfait, Adib Jaasan, un grand comédien de théâtre, qui joue un cafetier palestinien, et bien d’autres encore...

2 commentaires
"La pièce a symbolisé quelque chose de l’enfermement de son couple : elle s’en est libérée, comme elle s’est libérée de la peur. " Ce film touche à l'essentiel , pourquoi les juifs , 60 ans après la SHOAH , parceque une partie du monde arabe est antismité sont contraints de vivre sur leur terre avec un mur(ghetto) pour se protéger des attentats aveugles de barbares , pourquoi sont ils contraints d'avoir des chambres étanches(comme des chambres à gaz) pour se protéger des scuds de l'irak et de la menace nucléaire de l'Iran ?
Pourquoi un juif ne doit pas diire qu'il est juif quand il va à BETHLEEM , pourtant terre juive si il en est ?
Pourquoi le monde accepte-t-il l'intolérable et l'inacceptable pour des juifs et se penche avec compassion pour des palestiniens qui ont initié après la SHOAH une nouvelle forme de crimes contre l'humanité : les attentats contre les civils (MUNICH , prise d'otages et attentats suicides , 11 septembre , Madrid , londres , Bali.., bombardement à SEDEROT et ASKELON ..) Ce film est important parce qu'il met en exergue le paralllélisme entre des situations ISRAEL est redevenu pour les juifs unghetto où les assaillants sont le HAMAS , le HEZBOLLAH , l'IRAN , la SYRIE , que quoique on en dise même avec des pays avec qui ils ont des traites de paix(JORDANIE EGYPTE ) ils n'ont pas la liberté de situation compte tenu de l'antisémitisle; L'opération "plomb durciE"c'est la révolte du ghetto de VARSOVIE . La légitime défense et le droit à la vie des juifs
Envoyé par Guy-serge - le Dimanche 20 Septembre 2009 à 10:41
drzz infos

Mathieu Kassovitz : nouveau paria du cinéma français
Après avoir consacré un film à la gloire des criminels de banlieues et s'être affiché dans "Münich" comme un agent de l'Etat juif honteux de défendre son pays, Mathieu Kassovitz enfonce le clou... et rejoint Jean-Marie Bigard, Marion Cotillard et Christine Boutin au firmament de la connerie française.

Kassovitz vient de ruiner sa carrière en quelques minutes. Encore un qui va finir au placard... Les nazis recrutaient d'abord dans les universités, les communistes dans les salons littéraires. Les islamistes sont plus high-tech : ils séduisent les idiots utiles du cinéma.

Kassovitz, Cotillard, Bigard.... Il n'y a pas à dire, la France produit des cerveaux.

Envoyé par Jacqueline_013 - le Dimanche 20 Septembre 2009 à 11:40
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Dernière mise à jour, il y a 18 minutes