Le texte de Gadi Taub date du début des négociations directes patronnées par le couple Obama-Clinton. Son intérêt est de constater qu'aucune des deux parties n'est aujourd'hui en mesure ou désireuse de passer un accord. Les Palestiniens ne sont pas du tout en train de "rater une occasion" selon la formule éculée, mais ils sont parfaitement rationnels. Ils ne veulent pas d'un état juif, et pour l'empêcher, leur solution est de refuser tout ce qui pourrait séparer irréversiblement les deux peuples. Ils appliquent en cela la tactique défendue naguère bec et ongles par Edward Saïd.

De ce point de vue, le temps "long" joue en leur faveur. Et aujourd'hui Israël est dans une position fâcheuse, celle de la défensive. Face au projet d'Obama et à la montée de la menace iranienne, les autorités israéliennes n'ont pas d'autre solution à court terme que de gagner du temps. La souplesse est impérative, il ne faut surtout pas tomber dans la précipitation comme l'y incite la gauche aveugle et des personnages aussi ambigus qu'Elie Barnavi. En même temps, il faut bien voir que dès que possible, Israël devra reprendre l'initiative et travailler sur la question cruciale de la séparation. Il ne s'agit nullement de préconiser le retrait unilatéral comme semble le suggérer l'auteur, mais de fixer en autonomie des frontières définitives sur la base des invariants moraux et politiques du projet sioniste et des impératifs de sécurité. (Par Rédaction d'Objectif-info)

Au lieu de compter sur de vaines négociations de paix, Israël ferait mieux de se séparer les Palestiniens.

Les médias et l'opinion israéliens ne sont pas tellement convaicus par la reprise des conversations de paix directes entre Israël et les Palestiniens, et ils ont tout à fait raison. La Gauche dit que le gouvernement de Netanyahu fera échouer tout règlement, et c'est vrai; la Droite dit que les Palestiniens feront échouer tout règlement, et il vaut mieux se rendre compte que c'est également vrai.

Dans l'éventail politique qui va du Meretz à Kadima, nombreux sont ceux qui croient encore que les Palestiniens sont vraiment prêts à signer un accord de partition de la terre. Malgré tout, derrière des portes closes, ils disent qu'ils sont consternés par le rejet de l'offre généreuse du premier ministre Olmert. Mais il n'est pas suffisant de le dire derrière des portes closes. Depuis maintenant 17 ans, derrière des portes closes, les Palestiniens ont exprimé régulièrement leur accord pour des arrangements, et depuis 17 ans cette volonté s'est régulièrement évanouie dès que l'on franchissait ces portes.

Peut-être y a-t-il à cela une explication plus simple. Peut-être que ce n'est pas une coïncidence. Peut-être que les Palestiniens savent ce qu'ils font. Peut-être que, comme d'ailleurs ils le disent, ils n'ont pas l'intention de renoncer à leur demande de retour des réfugiés (qu'ils considèrent comme un « droit ») même si le droit international ne reconnaît pas le droit au retour des réfugiés et certainement pas celui de leurs descendants.) Peut-être qu'en réalité ils n'ont pas l'intention de renoncer à Jaffa. Peut-être que ce n'est pas une coïncidence s'il refuse de reconnaître le droit du peuple juif à un État.

Peut-être y a-t-il une logique derrière tout cela. S'ils continuent de voir le sionisme comme une entreprise coloniale qui a envahi leur terre, s'ils pensent qu'il faut ll'en expulser et que son État doit être détruit, le meilleur moyen d'éliminer Israël comme État juif est tout simplement de refuser de se séparer de lui. Tout ce qu'il faut faire c'est d'éviter une partition et d'attendre.

La bataille de la démographie

A défaut de partition, Israël serait la seule démocratie occidentale avec une fraction de la population dépourvue de droits politiques, et cette réalité entache de plus en plus notre réputation. Un jour nos alliés nous tourneront aussi le dos. Tout comme de nombreux Israéliens, les Palestiniens comprennent peut-être qu'à défaut de partition nous allons tous vivre dans un état où les Juifs seront une minorité.

Des partisans de la droite radicale et de la gauche radicale nous y incitent en prétendant que ce ne serait pas un mal. Des membres de la gauche radicale pensent qu'un État unique peut être une démocratie bi-nationale, ou une démocratie sans nationalité. La Suisse du Moyen-Orient. Il ne s'agit pas là d'une analyse erronée mais d'une entreprise délibérée d'aveuglement pleine de malhonnêteté. Il n'y a qu'à regarder du côté de Gaza pour en avoir la preuve.

L'extrême droite nie aussi la réalité à sa façon. Dans ce but, elle nous a fourni des données démographiques taillées sur mesure qui sont en phase avec les arguments des partisans des implantations. Selon le message délivré par cette droite, dont le plus fort est celui de Yoram Ettinger, nous n'avons aucune raison de nous faire du souci. Selon lui, la démographie joue en notre faveur. Cette thèse est amorcée dans un document appelé L'écart de un million publié par le centre Begin-Sadate de l'université Bar-Ilan.

Il semble que les meilleurs démographes n'ont pas été très impressionnés par cette thèse. Le professeur Amnon Sofer de l'Université d'Haïfa a écrit que ce document avait été confectionné dans un but politique et qu'il constitue rien moins qu'une tromperie. Pour le professeur Sergio Della Pergola de l'Université hébraïque de Jérusalem, jongler avec les données ne change pas la réalité.

Il est peut-être nécessaire de regarder enfin la réalité dans les yeux, et d'accepter deux faits fondamentaux. D'abord, à l'encontre des thèses de la gauche, le cycle de négociations en cours n'est rien d'autre que la tentative des deux parties qui n'en veulent pas de gagner du temps. Ensuite, contrairement à l'opinion des partisans de la droite, le temps joue en faveur de nos adversaires, pas à notre avantage. Notre réputation internationale se dégrade et nous sommes en train de nous transformer progressivement en une minorité sur la terre d'Israël.

Aussi, nous ferions bien de renoncer à nos illusions sur les négociations et d'envisager un nouveau retrait unilatéral de Judée et de Samarie, parce que toute alternative à la partition de la terre signifie la disparition du sionisme.

Gadi Taub, pour Ynet News. Traduit par Objectif-info. http://www.objectif-info.com