Crimes parfaits ou construction policière ? A vingt ans d’intervalle, le mari et le compagnon (juif) de la séduisante marocaine se sont mystérieusement évanouis dans la nature. Longtemps, la belle a donné le change. Mais la brigade criminelle a exceptionnellement décidé d’enquêter sur cette double disparition sans cadavre. Ariane Chemin remonte le fil de cette troublante affaire dont l’héroïne crie son innocence depuis sa cellule. 

Dans sa minuscule chambre de bonne sous les toits de Paris, Karen Bendeçon 35 ans, ôte du mur les punaises qui retiennent les rares images qu’elle possède de son père. Papa sur une vieille photo d’identité, Papa en short au Maroc, Papa dansant pour son anniversaire… Trois répliques de ce père disparu sans explications depuis mai 2002. Trois souvenirs d’un homme qui l’appelait « vingt fois par jour » et dont elle connait encore par cœur le numéro de portable. Fatima la compagne de son père, cette belle-mère qui l’aimait « comme sa fille » ne lui avait t-elle pas expliqué que « papa » étais « en affaires » et qu’il allait revenir ?

Aujourd’hui Fatima Anechad 60 ans est en prison. En mars 2007, elle a été mis en examen pour « assassinat, vol et escroquerie » par le juge d’instruction parisien Patrick Gachon à la suite de la disparition de son compagnon Roger Bendeçon, le père de Karen ; Fait rarissime le Quai des Orfèvres est chargé d’une affaire sans cadavre. L’enquête n’est pas close : Fatima Anechad peut être renvoyé devant les assises ou bénéficier d’un non lieu. Est-elle la victime idéale d’une construction policière comme l’affirme sa défense ? De Fleury Merogis elle écrit : « être accusé de quelque chose que tu n’as pas fait, c’est atroce et horrible ».

Il y a peu elle adressait des lettres de prisonnière à ses quatres  « chéries » : « Myriam et Sabine » Cronier, nées d’un premier marie et « Nathalie » sa dernière, la fille qu’elle a eue avec Patrice Z aujourd’hui marchand de biens à Paris, avec qui elle a vécu dix ans. Sur l’en tête elle ajoutait généreusement « Karen »et l’embrassait elle aussi, puisqu’elle disait l’aimer « comme sa fille ». Aujourd’hui Karen à cessé de rendre visite à sa belle mère au parloir persuadée que Fatima a fait disparaitre Roger son père et qu’elle ne le reverra plus.

C’est en 1992 au cercle de jeu Haussmann que Rober Bendeçon, bijoutier au Louvre des Antiquaires, avait rencontré Fatima, fan de black-jack et surtout de chemin de fer, ce jeu qui éprouve les nerfs et fait tourner les têtes. Fatima à 42 ans, elle a déjà partagé la vie d’un mari et d’un compagnon. Son teint mat, ses cheveux soyeux, ses dents de perle et sa bouche rouge attirent tous les regards. Fatima aux douces rondeurs sous son manteau en fourrure, Fatima toujours soignée « talons, bijoux, et ongles faits » selon ceux qui l’ont croisée aux bords des tapis verts. « Une gazelle » résume son deuxième compagnon, Patric Z, gueule à la Jean Pierre Darroussin et spectaculaire voix de fumeur. La belle Berbère racontait à ses filles que, jeune, dans un film des Charlots, elle avait joué la créature de rêve qui leur apparaissait dans un mirage.

Commerçant dans l’âme, gros bosseur, Roger, le brocanteur devenu joaillier, est patron de la bijouterie Lefrau- Wuillot, installée au Louvre des Antiquaires, lorsqu’il rencontre la jeune Marocaine. (Le Nouvel Obs)

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