Après la Shoah, de nombreux survivants ont décidé de s’établir en Israël. En plus de devoir immigrer dans une terre inconnue, ils prirent sur eux de défendre le tout jeune État.

Voici les parcours héroïques de trois de ces survivants, qui malgré les horreurs endurées, ont fait le choix de la Vie et ont su paver leurs destinés à travers l’établissement de leur nouvelle Patrie.  

Elazar Shafrir est né dans une famille sioniste à Cracovie en Pologne, en 1924. Suite à l’invasion allemande, ses parents et ses soeurs ont été assassinés, mais lui et son ami Yehiel Stiener ont été internés dans le camp de concentration de Plaszow, où ils avaient pour tâche de réparer les tours de gardes. La famille Stiener bénéficiaient de l’aide d’une polonaise nommée Anna Katchrowska, qui leur faisait passer des colis, et leur avait promis de les aider si jamais ils trouvaient un moyen de s’échapper.

Les deux amis réussirent à se faufiler entre les barbelées et à s’enfuir. Comme promis, Anna leur apporta son aide et grâce à ses liens avec la Résistance polonaise, elle réussit à leur obtenir des faux-papiers pour rejoindre la Hongrie. Avec l’aide de l’Agence Juive, Elazar a pu recevoir un visa pour immigrer en Israël via Istanbul.

En arrivant dans le Yishouv, Elazar a commencé à étudier la chimie à l’Université Hébraique. Mais il interrompu ses études pour participer aux combats de la Guerre d’Indépendance d’Israël. Il se joigna au Bataillon Moriah de la Haganah, et participa à de nombreuses batailles pour le contrôle de Jérusalem, y compris celles de Ramat Rachel, San Simon, et du Castel. Il pris part aussi aux difficiles combats dans le Gush Etzion.

Dès que l’intensité des combat diminua, Elazar apprit que Yehiel avait été tué pendant la Guerre. Il se rendit auprès de l’amie de ce-dernier – Aviva – et quelques années après l’épousa. Ils fondèrent une famille et donnèrent à leur premier fils le nom de Yehiel.

Après la guerre, Elazar Shafrir termina ses études et obtînt même un doctorat, après quoi il occupa une chaire à l’école de Médecine Hadassah. Il fonda le Centre de Recherches sur le Diabète de la faculté de médecine, et fut reconnu internationalement pour son travail.

Israel Alfred Glück est né à Vienne en 1921. Après l’Anchluss en 1938, lui et les membres du mouvement de jeunesse Mizrachi sont partis en Allemagne pour y suivre des cours sur l’agriculture. Il décide alors de se rendre au Danemark pour y suivre un apprentissage dans une ferme.

En 1943, Alfred tenta de se rendre en Israël, mais les nazis l’arrêtèrent à la frontière entre la Suisse et l’Allemagne. Il fut déporté vers Auschwitz en 1943, et envoyé au camp annexe de Jaworzno. Après que les soviétiques aient bombardé le camp en février 1945, Alfred parti avec ses codétenus pour une marche de la mort en direction de Blechhammer, Gross-Rosen et Buchenwald.

Après la libération des camps, Alfred est resté au camp pour personnes déplacées de Bergen-Belsen. En 1946, il embarqua sur le navire “Tel Hai” et immigra en Israël. Pendant la Guerre d’Indépendance, il servit comme sous-officier du renseignement dans la Brigade Alexandroni, qui était composée de soldats ayant combattus avec les Alliés et dans les organisations paramilitaires avant la création de l’Etat d’Israël.

Après la guerre, Alfred est devenu un des dessinateurs industriels les plus reconnus du pays. Il est mort en 2007.

Moshe Sanbar est né à Kecskemét, Hongrie, en 1926. Ses années de lycée ont été écourtées après l’occupation du pays par les nazis. Peu après, Moshe qui a toujours pratiqué de nombreux sports, découvre que les athlètes juifs sont exclus des équipes sportives. Il décide alors de créer une ligue nationale de foot pour les Juifs.

En 1944, Moshe est transféré aux Bataillons des Travaux Forcés de l’armée hongroise. Il sera plus tard déporté aux camps de concentration de Dachau et Mühldorf-Waldlager. Il sera enfin libéré par l’armée américaine en 1945.

En 1948, il immigre en Israël et décide de participer à la guerre d’Indépendance malgré son peu d’entraînement. Il combat à la bataille de Latroune et est sévèrement blessé. Il lui faut attendre des heures avant qu’une unité puisse le retrouver, menacé par la présence des chacals mais aussi l’éventualité que la Légion Arabe ne tombe sur lui. Il réussit à tenir les chacals éloignés et fût finalement sauvé par ses camarades. Évoquant cette période où il combattit pour l’Etat d’Israël, il explique que “nous savions déjà ce qu’était la mort. Et pleinement conscient de la chose, nous nous sommes portés volontaires pour venir et se battre pour la création de l’Etat. Cela ne nous est pas tombé dessus… nous l’avons réfléchi, nous l’avons choisi.”

Il étudia l’économie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, et après avoir servit comme Directeur du Budget au Ministère des Finances, Conseiller économique auprès du ministre des Finances, ministre du Commerce et de l’Industrie, et enfin Gouverneur de la Banque d’Israël entre 1971 et 1976. Il fut aussi président directeur général de Solel Boneh, de Zelon, de la Banque Leumi et d’Africa-Israël.

Moshe voyait dans l’État d’Israël et dans Tsahal une force essentielle dans la défense du peuple juif. Il prit une part active aux associations de survivants de la Shoah et servit même comme président du Centre des Organisations de Survivants de la Shoah en Israël, et comme président du Conseil d’Administration de la Conférence pour les Réparations des Juifs Spoliés par l’Allemagne.

La renaissance du peuple Juif dans la patrie de leurs ancêtres juste après la tragédie de la Shoah est l’un des épisodes les plus remarquables de l’Histoire. Ces individus qui ont vécu les horreurs du génocide ont été capables de se redresser et non seulement survivre, mais se muer en gardiens de l’Etat Juif et des membres de sa société.