Israël va affronter la tempête régionale qui fait rage autour de lui, en adoptant une stratégie défensive « mur », mêlée à une capacité de frappe à longue portée améliorée, tout en coopérant avec les régimes arabes encore en place, déclare Ton Tira un ancien officier de renseignement au Jérusalem Post mardi.

Lt.-Col. Ron Tira, réserviste de l’Armée de l’Air d’Israël, est l’auteur de « la nature de la guerre », il est pilote de chasse avec plus de 30 années d’expérience.

« Le Moyen-Orient vit actuellement une offensive hostile de l’Iran lequel souhaite étendre son influence dans toute la région au dépend des pays arabes. Le jihadisme radical s’étend aussi et s’ingère au cœur des pays musulmans jusqu’aux frontières d’Israël. L’environnement  est en train de changer fondamentalement, notamment dans le fait que des pays dont la principale préoccupation étaient la présence d’Israël sont en train de revoir leurs impératifs. Ce chaos a crée un vide dans lequel s’engouffrent de nouveaux acteurs -  certains d’entre aux sont beaucoup plus forts que les anciens; l’Iran est beaucoup plus fort que la Syrie « , a déclaré Tira.

Tira a récemment produit un document publié par l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS), dans lequel il met en garde Israël dans un engagement militaire coûteux impliquant une action en soutien aux pays arabes voisins. Il assure cependant qu’Israël a la capacité réelle d’éliminer la menace iranienne, menaces tangibles en développement – y compris les alliés de l’Iran -que l’on connait. Tira pense qu’Israël doit se préparer à la possibilité de lancer une campagne militaire qui ciblerait directement l’Iran, écrit-il.

« Israël doit coopérer de son mieux dans la lutte contre les chocs inter religieux sans pour autant réduire l’effort de guerre face à la présence iranienne. Régulièrement, Israël doit exercer une force militaire douce et efficace, afin de contrecarrer les menaces concrètes présentes dans les régions où Israël a des intérêts vitaux», at-il ajouté.

Israël doit envisager une opération « unilatérale » contre le programme nucléaire de l’Iran, qui demeure une menace, malgré les tentatives diplomatiques proposées par la communauté internationale.

Tira souligne qu’Israël a fait une erreur dans la façon dont il a géré l’internationalisation de la question nucléaire iranienne. Cette campagne a conduit à une perte d’influence globale sur l’issue de la crise, et a abouti à «des ronds de jambes diplomatiques sans efficacité ».

Maintenant, les États-Unis sont sur la voie d’un marchandage avec l’Iran qui ne réduit en rien la menace nucléaire, et l’Iran se positionne comme un partenaire robuste et sérieux dans la région.

En vertu de la nouvelle réalité, Israël devra collaborer avec les acteurs régionaux arabes pour lutter contre l’hégémonie de l’Iran écrit dit.

« Si il devient évident que les États-Unis ignore aujourd’hui les positions d’Israël sur le programme nucléaire de l’Iran, Israël doit rechercher les moyens et la méthode qui lui permettront de porter un coup fatal au programme nucléaire de l’Iran », at-il dit.

La désintégration des Etats Arabes

La désintégration de certains Etat arabes a créé deux défis pour Israël:
l’instabilité à ses frontières et la capacité de l’Iran à pénétrer directement et indirectement des zones connectées aux frontières d’Israël, comme Gaza ou la Judée Samarie.

Ainsi la clé de la réussite contre l’influence iranienne est  « La coopération régionale avec un maximum d’acteurs stratégiques, même si ces relations seraient  » temporaires, fragiles, et discrètes.  » Israël doit renforcer la coopération avec l’Egypte (sur la question de la bande de Gaza, du Sinaï, et d’autres intérêts communs), contribuer à la sécurité de la Jordanie dans le cadre des menaces internes et externes, et  maximiser l’avantage des intérêts communs avec l’Arabie saoudite. Il faut armer et  participer au financement des groupes ethniques comme les Kurdes, les Druzes et d’autres minorités identifiées « , a-t-il soutenu.

« En outre, il est même possible d’arriver à un statu quo, même  temporaire et fragile, avec des groupes locaux tels que Jabhat al-Nusra dans le sud du Golan syrien, » a déclaré Tira.

« Pour Israël et Jabhat al-Nusra il semble plus important d’empêcher l’Iran et le Hezbollah d’établir des positions solides; cet intérêt mutuel[avec Jabhat Al-Nusra], peut assurer une certaine tranquillité dans le Golan » déclare Tira. Il reconnaît qu’un tel arrangement serait «fragile, temporaire et pourrait etre rompu à tout moment, » mais pourrait être efficace comme un acte de stabilisation temporaire.

« Si ISIS, par exemple, menace de s’installer dans le Golan syrien, il se pourrait que la présence du Hezbollah soit effectivement préférable. Le Hezbollah est une force plus menaçante, mais les règles du jeu sont déjà posées ».

Le Hezbollah, pour sa part, est en plein développement « il dépasse aujourd’hui la simple organisation terroriste et acquiert les capacités d’un Etat fort. » Aujourd’hui, le Hezbollah peut agir en profondeur à l’intérieur de son territoire, qui en 2015 s’étend bien au-delà des frontières du Liban. « Par conséquent, une campagne contre le Hezbollah présente de nouvelles implications en termes de théâtre de guerre, de gestions des frontières et de la menace que cette organisation représente pour Israël », a déclaré Tira.

La question palestinienne

Tira pense que le « renforcement des forces anti-étatiques arabes et l’hégémonie iranienne » permet à Israël et aux régimes arabes de se rapprocher, ce qui permettrait dans un futur  une résolution du problème palestinien lequel n’est même plus un préalable à la coopération avec Israël.

En outre, les divisions Fatah / Hamas / Djihad islamique permettent à Israël d’envisager une autre option que la Paix immédiate car « aucune de ces forces n’œuvrent pour la Paix ni même ne propose une structure rationnelle dans le but d’établir un Etat palestinien viable ».

Le retrait de Gaza en 2005 et les trois guerres qui ont suivi, lesquelles ont coûté à Israël la vie de ses soldats et plus de 20 milliards de shekels, ont échoué à éliminer la menace du Hamas  à Gaza. La conclusion de Tira est de veiller à ce que ces menaces ne se reproduisent pas en Judée Samarie.

« La future stratégie israélienne doit être basée sur la prévention unilatérale de l’émergence de menaces entre la mer Méditerranée et le Jourdain – et non sur la prise de risques et de réagir après que l’enemi ait déclenché les hostilités » a-t-il dit.

Il a déclaré qu’Israël ne devrait pas abandonner l’objectif à long terme d’une solution à deux Etats. « On ne peut pas ignorer le fait que la question palestinienne continue à perturber les relations d’Israël avec l’Occident, lequel exige un prix de plus en plus élevé. Les implantations, qui sont perçues comme rendant impossible la signature d’un futur accord politique, sont susceptibles d’entraîner un prix politique et économique disproportionné « , a t-il averti.

« Par conséquent, Israël doit présenter l’objectif à long terme d’un Etat palestinien de manière crédible grâce à une cessation unilatérale et inconditionnelle des constructions en Judée Samarie. Dans le même temps, Israël doit reconnaître que l’objectif ne peut être atteint au regard des partenaires palestiniens proposés. »  a-t-il ajouté.

Ron Tira est connu pour être partisan d’une analyse sans idéologie, rationnelle servant les intérêts d’Israel.

Or Imbar pour Tel-avivre.com