Voici un exemple concret d'un cas traité par des tribunaux rabbiniques, afin d'apprendre à voir et assimiler peu à peu le "Daat Torah", le fait d'avoir un esprit et une réfléxion de plus en plus en accord avec la Torah.

David et Avi ont passé des vacances à la montagne. Ils ont pris avec eux Esther, une femme de ménage, pour toute la période. Ils lui ont promis un salaire ainsi que le gîte et le couvert. L’accord était qu’elle travaille huit heures par jour de neuf heures à cinq heures, et elle serait libre le reste du temps.  

Chmouel, a proposé à Esther de travailler encore trois heures par jour après cinq heures sans en aviser David et Avi. Quand ces derniers ont entendu cela, ils ont demandé à Chmouel de participer aux frais de gîte et de couvert d’Esther.   

Chmouel peut-il refuser ?

Il faut d’abord se demander si Esther a le droit de travailler des heures supplémentaires. Car en effet, Rama (333, 5) au nom de Mordekhay, interdit à un journalier de faire des choses qui le fatigueraient et le perturberaient durant son travail, tel que trop manger ou pas assez dormir. Il donne donc le droit à son employeur de le renvoyer sans compensation dûe normalement selon la Torah à un travailleur. La source de cette halakha est le Talmud Yérouchalmi (7, 3) dans le traité Dmaï.

Dans notre cas cependant, les heures supplémentaires sont durant la journée et la nuit va suffire pour lui fournir tout le repos nécessaire pour le lendemain.

Le fait que Chmouel jouisse indirectement de ce que dépensent David et Avi ne l’engage en rien. En effet, Rama (264, 4) écrit : ‘’celui qui a sauvé ses livres et les livres de son ami sans avoir à dépenser davantage à cause de cela, son ami ne lui doit rien’’.

Et même si David et Avi argumentent qu’ils s’attendaient à se faire rembourser leurs frais de cette manière, et c’est dans cette intention qu’ils ont amené Esther, ils ne recevront rien de Chmouel. Car en effet, bien que Rama continue en disant : ‘’ Il me semble que c’est uniquement quand il ne voulait sauver que ses propres livres et qu’il a sauvé aussi en passant ceux de son ami ; mais si dès le départ il avait l’intention de sauver aussi ceux de son ami, alors il aura une compensation à hauteur du profit réalisé par son ami’’, Nétivot Hamichpat établit cependant que cela n’est vrai (id. 6) que si les dépenses étaient obligatoires aux deux (comme dans le cas des livres où il fallait dédouaner tous les livres ensemble absolument et pas séparément). Selon lui ils deviennent alors une sorte d’associés et les associés sont tenus de payer ensemble leurs frais de fonctionnement etc..
 

Rav Reouven Cohen