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Opinions

Sacrifier un allié à la pensée magique

Sacrifier un allié à la pensée magique
Il faut accorder du crédit au Parti Kadima pour sa loyauté : alors que l’administration Bush détruisait tout reste de crédibilité, et minait ses propres intérêts nationaux, en abandonnant un allié loyal et stratégiquement important à la merci fragile de la Russie, le parti dirigeant en Israël décida qu’il ne pouvait pas permettre que ses amis américains supportent seuls la disgrâce : eux aussi, allaient trahir la Géorgie aux dépens des intérêts du pays. Aussi, à la minute où la Russie l’envahissait – juste au moment où la Géorgie avait le plus besoin d’armes – Israël, qui avait jusqu’alors été un fournisseur proéminent de la Géorgie, stoppa toutes ses expéditions d’armes.
 
On pourrait légitimement se demander comment cela a affecté l0intérêt national.
Après tout, Israël a désespérément besoin de l’aide russe sur plusieurs questions cruciales, depuis le programme nucléaire de l’Iran jusqu’au réarmement du hezbollah, et Israël n’a en rien besoin de l’aide de la Géorgie. De plus, la Russie a clairement fait connaître son mécontentement face aux ventes d’armes à la Géorgie.
Ainsi Kadima a fait apparemment le choix de realpolitik correct.
 
Le problème est que, selon les officiels du gouvernement eux-mêmes, non seulement le pays a reçu un appel sans équivoque pour cesser les expéditions, mais encore la Russie a répété explicitement qu’elle poursuivrait sa politique anti-israélienne, que Jérusalem vende ou non des armes à la Géorgie. Ainsi Israël n’a rien gagné en trahissant la Géorgie, tout en affectant deux intérêts secondaires mais pourtant significatifs.
 
La Russie nuit actuellement aux intérêts vitaux d’Israël d’au moins quatre manières ; d’abord, c’est le principal opposant à des sanctions diplomatiques contre le programme nucléaire de l’Iran ; Elle a usé de son veto au Conseil de Sécurité pour assurer que toutes les sanctions approuvées à ce jour soient trop édentées pour modifier le comportement de l’Iran, rapprochant ainsi Israël d’un choix inconfortable entre un Iran nucléaire et une frappe militaire au bénéfice incertain mais aux coûts certains.
 
Ensuite, la Russie a activement facilité le programme nucléaire de l’Iran en construisant et en fournissant du combustible pour le réacteur de Busher.
Troisièmement, Elle planifie de fournir des missiles anti-aériens S-300 avancés, qui rendraient toute frappe militaire israélienne beaucoup plus dangereuse. Et enfin, elle fournit déjà de l’armement sophistiqué à la Syrie, que Damas partage avec le hezbollah. Ainsi tout ce qui pourrait modifier le comportement de la Russie sur ces quatre points vaudrait vraiment la peine pour Israël.
 
Cependant les officiels du gouvernement ont déclaré aux media locaux la semaine dernière qu’alors que la Russie s’est plainte à plusieurs reprises des ventes d’armes à la Géorgie en réponse aux réclamations d’Israël sur ces questions, elle a aussi refusé de passer un marché. Au contraire, elle a constamment déclaré que sa stratégie politique actuelle était non négociable.
 
Cependant, le gouvernement a décidé d’arrêter unilatéralement les expéditions d’armes à la Géorgie dans l’espoir que, malgré les déclarations contraires et répétées de Moscou, les Russes pourraient encore changer d’avis. Comme un officiel l’a formulé : « Le jour où nous voudrons empêcher un futur accord avec l’Iran, nos mains doivent être propres ». En d’autres mots, le gouvernement a sacrifié des biens concrets sur l’autel de la pensée magique.
 
Mais comme la Géorgie ne détient rien dont Israël ait vraiment besoin, quels biens le pays a-t-il sacrifié ? La réponse à cette question est double.
 
D’abord, trahir un allié aux heures du plus grand besoin nécessite toujours d’en payer le prix : cela dissuade de futurs alliés, en leur montrant qu’une alliance avec Israël ne paie pas. Et l’effet est aggravé quand la trahison est en faveur d’une partie qui, comme Vladimir Poutine de Russie, a été constamment hostile aux intérêts d’Israël : cela démontre que non seulement se lier d’amitié avec Israël ne paie pas, mais œuvrer contre lui si, parce qu’il va alors chercher à vous apaiser.
 
D’accord, Israël a déjà trahi des alliés en faveur d’ennemis tant de fois que l’on pourrait penser qu’un exemple de plus ne fera pas de différence. Songez seulement, par exemple, à son abandon de l’Armée du Sud Liban (ALS) aux mains du hezbollah ; à sa négligence budgétaire persistante des communautés druzes loyales, dans le temps où il alloue des fonds supplémentaires aux communautés arabes qui rejettent l’existence même de l’Etat d’Israël ; ou à sa volonté de relâcher des centaines de prisonniers du hezbollah et du Hamas tout en refusant d’en libérer une dérisoire vingtaine à notre allié régional le plus fiable, la Jordanie.
 
Pourtant, comme toute mauvaise habitude, chaque répétition rend seulement l’habitude plus difficile à chasser – et toute tentative de la chasser doit commencer quelque part. La décision de se tenir aux côtés de la Géorgie malgré le mécontentement de la Russie aurait pu signaler aux acteurs plus proches du foyer qu’Israël commençait à repenser ce modèle autodestructeur de comportement. Et justement parce que la Russie a fait savoir clairement qu’elle poursuivrait sa politique hostile sans considération des relations d’Israël avec la Géorgie – signifiant que soutenir cet allié en particulier n’entraîne aucun coût – cela aurait constitué un point de départ aisé et unique.
 
Le second bien qu’Israël a sacrifié, c’est sa réputation de fournisseur d’armes crédible. Après tout, qui voudrait acheter des armes à un pays qui suspendra les expéditions au moment même où vous en avez le plus besoin ? Et du fait de l’importance locale de l’industrie d’armements pour la sécurité nationale, cela n’est pas insignifiant.
 
Israël a développé à l’origine une industrie d’armements parce que d’autres pays suspendaient couramment leurs expéditions quand il en avait le plus besoin. Au cours des quatre dernières décennies, il a largement remplacé la doctrine de l’autosuffisance par la dépendance aux armes américaines, mais repose encore sur sa propre industrie aussi bien pour des solutions à des problèmes ignorés par les compagnies américaines – Israël par exemple a commencé à développer un équipement antiterroriste urbain spécialisé, bien avant que les USA ne le fassent – et pour des équipements que Washington refuse de lui vendre.
 
Cependant, Tsahal n’est pas un assez gros client pour soutenir une industrie d’armement sophistiquée reposant sur son armée seule. Ainsi pour être viable financièrement, l’industrie doit exporter. Et cela ne sera pas possible si elle développe une réputation de rupture des approvisionnements au moment où le client en a le plus besoin.
 
Si la Russie avait bien voulu arranger Israël sur l’une de ses principales préoccupations, on aurait pu arguer que le bénéfice du sacrifice de la Géorgie dépassait son coût. Mais encourir le coût sans rien gagner en échange, simplement avec l’espoir illusoire que la Russie pourrait alors avoir assez de gratitude pour sacrifier ce qu’elle considère comme ses intérêts stratégiques pour notre bénéfice, c’est pure folie.
Mais alors, que pourriez-vous attendre de plus d’un gouvernement qui a largement bâti sa politique étrangère sur l’espoir qu’en jetant des steaks aux tigres, cela les transformerait finalement en végétariens ?
 
 
Evelyn Gordon pour le Jerusalem Post (Aout 20, 2008)

Adaptation française* de Sentinelle 5768 ©

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