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USA/ L'Orient selon Obama, ou la "grâce d'état"

USA/ L'Orient selon Obama, ou la "grâce d'état"
Le nouveau président prépare des « initiatives » au Proche et au Moyen-Orient. Mais face au djihadisme, il pourrait se révéler plus « faucon » que prévu.
 
Personne ne peut affirmer catégoriquement, pour l’instant, que Barack Obama va faire du « processus de paix au Proche-Orient » l’une de ses priorités, dès son installation à la Maison Blanche. Ni que ce processus se réduit, à ses yeux, à des pressions sur Israël. Mais beaucoup d’informations militent dans ce sens.
 
D’abord, il y a les nominations auxquelles le futur président a déjà procédé, et celles auxquelles il pourrait procéder dans les jours qui viennent.
 
Son chef de cabinet, Rahm Emanuel, est très proche d’Israël, mais se considère comme l’un des architectes des accords d’Oslo, et souhaite vraisemblablement les conduire à leur conclusion logique. Son conseiller stratégique, le général James Jones, est foncièrement hostile à ce qu’il appelle « l’occupation israélienne » en Cisjordanie. Sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, se situe comme Emanuel dans la logique d’Oslo. Robert Gates, le secrétaire à la Défense, n’est pas un anti-israélien épidermique, mais croit à la nécessité d’un dialogue avec l’Iran. Il est question de Colin Powell, qui fut commandant en chef des forces américaines pendant la première guerre d’Irak, sous George Bush père, et secrétaire d’Etat pendant la seconde, sous Bush fils, comme envoyé spécial permanent de la Maison Blanche au Moyen-Orient : le moins qu’on puisse dire est que cette personnalité passe pour être plus proche du monde arabe que d’Israël. Enfin, l’ancien président Jimmy Carter, anti-israélien déclaré, pourrait servir de médiateur avec la Syrie. Vendredi dernier, dans un discours prononcé à l’université de Beyrouth, Carter affirmait qu’il « avait toutes les raisons d’espérer que le nouveau président américain prendrait une position de leadership dans la région ».
Ensuite, il y a quelques rumeurs. L’une d’elles, qui circule en ce moment dans les élites américaines et européennes, veut qu’Obama organise un grand « geste » médiatique. Par exemple qu’il s’invite à Jérusalem au lendemain des élections israéliennes de février, en compagnie du président égyptien Hosni Moubarak, du roi Abdallah II de Jordanie et du roi Abdallah Ier d’Arabie Saoudite. Les Arabes offriraient alors, sous l’égide américaine, une paix « complète » à un Israël qui ne pourrait la refuser. Quelles qu’en soient les conditions.
 
Enfin, il y a un fait. Le 9 décembre, Barack Obama a donné une interview à « son » journal : celui de sa ville d’origine, le Chicago Tribune. Il y dit ceci : « Je pense que nous avons actuellement une occasion unique d’améliorer notre image dans le monde entier et aussi, plus particulièrement, dans le monde musulman... » Le Chicago Tribune ajoute que dans le cadre de « cette main tendue à tous », Obama projette de prononcer un discours important dans une capitale islamique. De toute évidence, c’est là un détail qu’Obama n’a pas voulu mettre lui même en avant, mais que ses conseillers les plus proches ont été autorisés à « révéler » au journal de l’Illinois.
 
Mais ce fait demande, lui-même, à être interprété. Les pessimistes diront qu’Obama a l’intention de proclamer une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, et donc d’officialiser un renversement politique, diplomatique ou stratégique en faveur des Palestiniens, du monde arabe et de l’islam, dont Israël ferait les frais. Les optimistes, qu’Obama appellera au contraire l’islam à la paix des braves et des croyants avec l’Etat juif. Les réalistes, que la forme révèle le fonds : en général, on va à Jérusalem pour exiger quelque chose d’Israël ; si l’on va dans une capitale islamique, c’est au contraire pour demander quelque chose à l’islam.
 
Obama est un mystère. Tout, dans son passé, est suspect. Tout, dans son environnement immédiat, y compris sa femme Michelle et le révérend Jeremiah Wright qui l’a converti au christianisme, suscite l’inquiétude. Presque tout, dans sa campagne, inspire la dénégation, le mépris, l’ironie. Mais le président élu Obama semble se situer au dessus de ces pesanteurs. Globalement, il a constitué autour de lui un cabinet centriste, sinon gentiment conservateur, aux antipodes de l’idéologie qu’il avait affiché jusqu’à l’élection. L’homme qui apparaissait naguère comme une colombe, un opposant absolu à la guerre contre le terrorisme, se révèle presque faucon. Gates, le patron présent et futur du Pentagone, vient de déclarer à Bahrein, devant les chefs d’Etat et de gouvernement du Golfe : « Ceux qui croient que les prochains mois offrent une occasion de mettre à l’épreuve la nouvelle administration américaine se trompent cruellement… Le nouveau président défendra résolument les intérêts de l’Amérique et de ses alliés dès le moment où il prendra ses fonctions, le 20 janvier ». Dans le langage officiel du Pentagone, Israël fait partie des « alliés » des Etats-Unis.
 
La théologie catholique parle des « grâces d’état » : ceux qui accèdent à certaines fonctions reçoivent une grâce spéciale afin de les remplir le mieux possible. C’est ce que Jean Anouilh a illustré dans sa pièce Beckett : homme-lige et même compagnon de débauche du roi d’Angleterre, Thomas Beckett devient, dès l’instant où il est nommé archevêque de Cantorbéry, le défenseur intransigeant des droits de l’Eglise, et ne reculera pas devant le martyre. La même notion existe dans le judaïsme : selon le Talmud, ceux qui sont promus à un rang politique ou social élevé bénéficient d’une rémission complète de leurs fautes passées, et donc d’une nouvelle « ligne de crédit » sur le plan moral et spirituel.
 
© Michel Gurfinkiel, 2008
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Dernière mise à jour, il y a 23 minutes