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Opinions

Géopolitique/ Le droit à l’identité

Géopolitique/ Le droit à l’identité
Etre soi, être entre soi : c’est sur ce désir que reposent les Etats, aujourd’hui comme hier.
 
La Belgique va probablement disparaître en tant qu’Etat. Au mieux, elle va se transformer en une confédération, sous la houlette symbolique d’un même roi : une simple « union personnelle », comme on disait autrefois. Au pire, ses deux principales composantes, la Flandre et la Wallonie, vont accéder l’une et l’autre à une pleine souveraineté. Ce divorce, qui semble inéluctable après trois ans de crise et l’impossibilité de mettre sur pied un gouvernement digne de ce nom, sera l’épilogue d’un long processus. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique constituait encore un Etat unitaire bilingue. Elle s’est ensuite transformée en Etat « régionalisé », puis en Etat fédéral. Ces compromis successifs n’ont pas satisfait les Flamands, qui ont sans cesse exigé de nouvelles concessions de leurs frères ennemis wallons. C’est désormais la concession ultime qui est en jeu : l’éclatement du pays.
 
La Belgique existe pourtant depuis dix siècles au moins. Ce fut un ensemble de principautés et de républiques urbaines au Moyen-Age, puis un véritable Etat sous le nom de Pays-Bas espagnols ou autrichiens. Elle a survécu à l’annexion française, de 1795 à 1814, à la domination hollandaise de 1814 à 1830. Elle a été au XIXe siècle et au début du XXe siècle, en dépit de sa petite taille, une puissance industrielle majeure, grâce à ses mines de charbon, et une puissance coloniale de premier plan, grâce à son empire congolais. Mais ce passé, pour considérable qu’il soit, ne suffit plus. L’identité nationale flamande l’emporte désormais, en Flandre, sur l’identité belge. Ce qui amène les Wallons à se replier eux aussi sur leur propre destin. Et ce qui suscite des difficultés aiguës là où les deux communautés s’interpénètrent : dans l’agglomération de Bruxelles.
 
L’éclatement de la Belgique n’est pas un cas isolé. Ni un archaïsme. Le « principe des nationalités », dont Napoléon, dans le Mémorial de Saint-Hélène, avait bouleversé l’Europe tout au long du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. Après une accalmie de trente ans, il est à nouveau à l’œuvre dans le Vieux Continent. La constitution espagnole de 1977 a permis aux Basques et aux Catalans d’accéder à une quasi indépendance. Diverses réformes ont assuré ou renforcé au même moment, au sein du Royaume-Uni, l’autonomie de l’Ecosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord. En 1979, le Jura, francophone et catholique, quittait le canton de Berne, germanophone et protestant, auquel il était rattaché depuis 1815 au sein de la Confédération helvétique, et devenait un canton de plein droit. Il y a eu ensuite, après la chute du rideau de fer, la dissolution de l’Union soviétique en 1991, l’indépendance retrouvée des trois Etats baltes, celle du Belarus, de l’Ukraine, de la Moldavie, le divorce à l’amiable entre Tchèques et Slovaques, en 1993, et enfin la longue désagrégation de la Yougoslavie, qui commence en 1992 avec l’indépendance slovène et s’achève à la fin des années 2000 avec les indépendances monténégrine et kosovare. Ces processus centripètes semblent devoir continuer : la Hongrie revendique à nouveau les territoires magyarophones que le traité de Trianon, en 1920, avait attribué à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Tchécoslovaquie ; et nombreux sont les Italiens du Nord qui songent à se séparer de ceux du Sud.
 
Il en va de même hors d’Europe. Le Québec, majoritairement francophone, a obtenu dès 1982 une très large autonomie au sein du Canada, majoritairement anglophone. Des régimes analogues ont été concédés aux territoires inuits, y compris le Nunavik, rattaché au Québec. Aux Etats-Unis, l’hypothèse d’une sécession d’un Ouest réhispanisé ou remexicanisé est prise au sérieux par de nombreux analystes. En Amérique latine, les fractures ethniques ou intercommunautaires se multiplient : Indiens contre non-Indiens en Bolivie, populations blanches contre populations indiennes, noires ou métissées au Venezuela…
 
En Asie et en Afrique, on prétend maintenir les frontières héritées de la colonisation européenne. Mais dans les faits, ce sont les « nationalités » qui peu à peu l’emportent. En 1947, après le départ des Britanniques, l’Empire des Indes s’est fractionné en quatre Etats, au prix de heurts violents entre les populations et d’exodes simultanés. L’un de ces nouveaux Etats, le Pakistan, s’est à son tour divisé en deux vingt-quatre ans plus tard, en 1971 : Pakistan proprement dit et Bangladesh. Un autre, l’Inde, a survécu en se dotant d’une constitution fédérale. Un troisième, la Birmanie, n’a jamais pu résorber des guérillas séparatistes dans un tiers au moins de son territoire. Le quatrième, le Sri-Lanka, a été confronté pendant vingt ans à l’insurrection d’une forte minorité tamoule.
 
Déjà amputée de la moitié de son ancien territoire européen, la Russie a du consentir, en 1991, à l’indépendance des anciennes républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale, et opter pour le fédéralisme, comme l’Inde, pour maintenir son autorité son autorité sur le reste de son domaine. Elle combat depuis près de vingt ans, au nord du Caucase, les indépendantistes tchétchènes ; ce qui ne l’empêche pas de soutenir, au sud de cette chaîne montagneuse, les Abkhazes et les Ossètes, qui se sont détachés de la Géorgie. La Chine fait face, sans merci, à la rébellion latente des Tibétains et des Ouigours, en attendant d’affronter des particularismes régionaux qui, stimulés par l’exemple des « Chines périphériques » - Taïwan, Hong-Kong, Macau - pourraient se muer en mouvement autonomistes. L’Indonésie a dû se retirer du Timor-Oriental et sera peut-être contrainte un jour d’abandonner l’Irian-Jaya. La Malaisie n’a pu soumettre Singapour. L’Afrique noire s’effrite, au gré des guerres tribales et ethniques. Le monde arabe, la Turquie et l’Iran ne parviennent pas à résorber les dissidences kurde, kabyle, négro-africaine.
 
Le souci de l’identité nationale, la volonté d’être soi et de se démarquer des autres, est donc un fait anthropologique ou géopolitique brut. C’est ainsi que les hommes vivent, et par ce moyen que les collectivités s’organisent, ou que les pouvoirs se dotent d’une légitimité. Cet instinct est si fort que, curieusement, la discrimination compte plus que le discriminant, le projet de séparation plus que les critères par lesquels on peut la mettre en œuvre.
 
A première vue, la querelle Flandre/Wallonie est d’ordre linguistique. Les Flamands parlent néerlandais, les Wallons français. Mais il y d’autres dimensions. Les Flamands sont conservateurs, catholiques, disciplinés. Les Wallons libéraux ou socialistes, libre-penseurs, contestataires. Les Flamands étaient naguère pauvres, ils sont devenus riches. Les Wallons, naguère riches, se sont appauvris. Pour compliquer un peu plus le paysage, les immigrés européens ou extra-européens ont souvent préféré s’identifier à la Belgique francophone, et donc rejoindre, de facto, le camp wallon.
 
Des communautés de même langue (anglais en Irlande, serbo-croate dans les Balkans, arabe au Proche-Orient, parler turc ou iranien en Asie mineure ou moyenne, ourdou/hindi en Asie du Sud) se séparent sur des prétextes de religion. Ou pour moins encore : une différence de « culture », de « style de vie », d’habitudes juridiques ou politiques. Ce sont des considérations de cet ordre, si minces soient-elles, qui ont amené autrefois l’Amérique à renier l’Angleterre et qui sous-tendent aujourd’hui l’indépendance de facto de Taïwan.
 
L’éthique consiste d’abord à admettre ces phénomènes et ensuite seulement à les aménager en fonction d’autres considérations, notamment la loi naturelle et le respect de la personne humaine. Les pays occidentaux ayant renoncé aux projets impériaux ou aux dominations coloniales, et reconnu le droit de leurs anciens sujets à l’identité, on ne saurait leur reprocher, aujourd’hui qu’ils sont déstabilisés par des problèmes démographiques inédits – chute de la natalité, immigration à grande échelle - de débattre soudain de leur propre identité, et de chercher à la préserver.
 
On ne saurait oublier non plus que l’une des justifications absolues d’Israël en tant qu’Etat est de protéger une identité particulière, celle du peuple juif, face à d’autres identités collectives, infiniment plus larges. Il y a quatorze millions de Juifs, dont six millions d’Israéliens. Mais quatre cents millions d’Arabes, dont six millions de Palestiniens. Les Arabes palestiniens ont le droit de ne pas être Israéliens. Mais les Israéliens ont celui de n’être ni Arabes ni autre chose qu’eux-mêmes. Ce que la plupart des Arabes, jusqu’à ce jour, ont du mal à accepter.
 
 
© Michel Gurfinkiel, 2010
1 commentaire
un discours démagogique avec une fin insolite
parler de belgique et du quebec pour justifier l'etat sioniste d'israel .
israel par la force des choses (belfour et usa) a cimenté son existance...existance qui au prix du sang palestinien est cimenté et bien sur un silence total des nations occidentales...
je ne parlerai pas de legitimité disrael en tant qu'etat..mais pourquoi ne pas légitimer la palestine en tant qu'etat souverain. pourquoi forcer le peuple palestinien a la misere et la précarité...pourquoi ne pas réspecter les accords internationnales et interdire la construction de colonies israeliennes...
les juifs ont toujours vecus en paix avec les arabes et cela depuis SALADIN..pourquoi maintenant cet acharnement a avilir ce peuple??
j'ai beaucoup d'amis juif qui sont du meme avis...l'ideologie sioniste doit disparaitre car elle est absurde et anti sémite...il nya qua lire theodore hertzel pour sen rendre compte.
Envoyé par Mohammed_014 - le Dimanche 5 Décembre 2010 à 09:58
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