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OpinionsDe Rubenstein à Bat Yeor![]() Quand un éditeur catholique français publie des livres exceptionnels sur l’islamisme et sur la menace iranienne…
C’est à vingt ans, en 1944, que Richard Rubenstein découvrit l’Holocauste. Il était étudiant au Hebrew Union College de Cincinnati, le séminaire rabbinique du judaïsme réformé américain. Dans cet établissement huppé, la règle voulait que les élèves prissent leur petit déjeuner en blazer et cravate. Des serviteurs noirs, gantés de blanc, versaient le café, le thé et le chocolat dans des tasses de porcelaine. En temps de paix, le silence eût été de rigueur. Mais c’était la guerre : on écoutait donc la radio. Un matin, il fut question, sur les ondes, de l’assassinat des Juifs en Europe. Jusque là, sur ordre de la Maison Blanche, peu d’informations avaient circulé à ce sujet. Mais quelques journalistes juifs avaient décidé de passer outre, et révélaient soudain à l’opinion, pour la première fois, les dimensions véritables de ce crime, et surtout qu’il se poursuivait, alors même que la victoire des Alliés ne faisait plus de doute. Rubenstein écoutait, médusé. Entre les rituels de table de l’Hebrew Union College et ces nouvelles, le contraste était trop abrupt.
Le sentiment d’irréalité qu’il éprouva ce jour-là, Rubenstein n’a jamais cessé de l’éprouver. Devenu rabbin réformé, il écrivit dans un essai publié une vingtaine d’années plus tard, en 1966, que « Dieu était mort à Auschwitz ». Le thème nietzschéen de la « mort de Dieu » était alors à la mode chez les théologiens chrétiens. En général, cet événement était présenté de façon positive : une certaine image de Dieu, reflet des angoisses humaines, s’effaçait, ce qui allait permettre l’émergence d’une religiosité nouvelle, « libérée », en particulier, des « archaïsmes bibliques » en matière de moeurs. Mais Rubenstein, en théologien juif, affirmait le contraire : un monde où le Dieu traditionnel, celui de la Bible, avait été « tué » à travers son peuple, ne pouvait que retourner au chaos et au néant. Ce n’était pas un hasard, selon lui, si l’arme atomique était apparue au lendemain de l’Holocauste.
Du judaïsme réformé, Rubenstein est passé par la suite à un judaïsme plus traditionnel, et d’une certaine forme de rabbinat à l’université. Mais il a poursuivi, à travers une œuvre considérable d’historien et de philosophe, la même réflexion sur l’Holocauste. L’un de ses derniers livres, Jihad et Génocide nucléaire, vient d’être publié en français par un éditeur d’inspiration catholique, Les Provinciales. C’est probablement, sur l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran, l’analyse la plus profonde publiée à ce jour. Rubenstein rappelle que le jihad, le commandement d’une « guerre sainte » islamique, a souvent tourné au génocide (du massacre général des Juifs d’Arabie, au VIIe siècle, à celui des Arméniens de l’Empire ottoman, au XXe). Il souligne que l’effort nucléaire actuel de l’Iran repose, en dernier ressort, sur le projet d’un second Holocauste, la destruction instantanée du pays et du peuple d’Israël. Enfin, il note que détruire Israël et les Juifs revient, dans l’islam extrémiste comme autrefois dans une certaine chrétienté ou la paganité, à rejeter le Dieu de la Bible. Il aborde aussi, de façon plus périphérique, l’étrange attitude d’une partie de l’Occident, qui refuse de regarder en face la menace islamiste actuelle, tant sous ses formes sunnite que chiite. On souhaiterait que chaque ministre et chaque député, en Europe et en France, prenne le temps de consulter cet ouvrage.
Les éditions des Provinciales publient au même moment un autre ouvrage capital, L’Europe et le Spectre du Califat, par la chercheuse britannique Bat Yeor. Dans la ligne d’un ouvrage plus ancien, Eurabia, l’auteur y retrace les conditions dans lesquelles un islam souvent extrémiste a été autorisé, sinon encouragé, à s’installer dans les pays occidentaux. Et relève à cet égard le rôle de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), une sorte d’Onu bis réservée aux pays musulmans, qui se présente comme un « califat collectif » : c’est à dire le coordinateur d’un jihad à la fois spirituel et temporel.
L’Europe et le Spectre du Califat a été l’objet d’une étrange affaire. Le 18 novembre, Bat Yeor devait présenter son livre à Paris, dans le cadre du Cape, un centre de discussion sur les affaires internationales réservé aux journalistes. Mais cette conférence a été annulée, ce qui n’arrive presque jamais dans cette institution : sur intervention directe de l’autorité de tutelle, le Quai d’Orsay. Les hauts fonctionnaires à l’origine d’une telle décision n’ont apparemment pas compris qu’en censurant Bat Yeor, ils validaient son argumentation, et confirmaient que l’islamisme dispose désormais de connivences au plus haut niveau dans les pays occidentaux. Notre consoeur Véronique Chemla donne tous les détails dans son blog (www.veroniquechemla.info).
© Michel Gurfinkiel, 2010. Ajouter votre commentaire !
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