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Liban : la chute programmée

13 Janvier 2011 - Pierre Lefebvre © Primo

Mise à jour 22 h : Le Liban connaît une nouvelle grave crise politique. Les dix ministres du Hezbollah et des partis alliés dans la coalition du 8-Mars ont claqué la porte du gouvernement d'union nationale, mercredi 12 janvier, pour protester contre la mise en place du tribunal de l'ONU sur la mort de Rafic Hariri (AFP, Reuters)

Des ministres du Hezbollah et de ses alliés vont démissionner du gouvernement libanais et provoquer sa chute. «Le communiqué de démission est écrit et sera prononcé à 16h30 (15h30, heure française)», a déclaré une source libanaise.

Onze ministres devraient démissionner, ce qui provoquera automatiquement la chute du gouvernement d'union nationale dirigé par Saad Hariri. Il faut comprendre cette action politique du Hezbollah comme une mesure préventive avant que ne tombe le couperet.

Le tribunal spécial international va rendre compte de ses décisions, ou du moins ne va pas tarder à le faire.

Bref, depuis deux mois, il se hâte lentement.

Car les ingérences viennent de toutes parts, depuis le mois de décembre. Premièrement de la France. Comme à son habitude, notre vieille et agonisante politique étrangère persiste dans son illusion. Elle croit qu’elle est encore issue d’une grande puissance.

Rien de moins vrai mais cela fait plaisir à dire et à entendre, surtout au plan intérieur.

Le filet se resserre autour du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri car le tribunal spécial devrait, selon toute logique, se prononcer pour l’implication, voire la responsabilité du mouvement islamique.

C’est du moins ce que laisse filtrer par petites touches depuis le mois d’octobre, des sources autorisées.

Le président de ce Tribunal Spécial international, le procureur canadien Daniel Bellemare cédera-t'il aux désideratas de Michèle Alliot-Marie, demandant l'impunité pour les coupables éventuels ? La question est subitement devenue accessoire, à l'instar de la demandeuse.

Il faut se rappeler que la création de ce Tribunal spécial a été fortement appuyée par un certain Chirac, du temps où il était président.

Dame, perdre un ami de vingt ans, le sieur Hariri, si généreux et qui a le bon goût de vous laisser habiter son somptueux appartement parisien, cela crée des liens.

Ces derniers mois, nous avons eu droit à toutes les circonvolutions, à toutes les compromissions des acteurs de ce drame prévisible.

Le Hezbollah a juré ses grands dieux qu’il se conformerait à la justice internationale tout en menaçant dans le même temps de couper la main de celui qui oserait l’attaquer.

Il a, comme prévu, accusé Israël successivement d’être le responsable de l’assassinat de Hariri, puis d’avoir infiltré ses réseaux de communications.

Hassan Fadlallah, un député du parti chiite qui préside la commission parlementaire des télécoms, a même précisé, en écho au grand chef Nasrallah, qu’Israël avait la haute main sur toutes les communications libanaises. SMS compris ?

Ce sera la faute d'Israël

Les juifs sont décidément insupportables. Ils brouillent les téléphones portables. Ils envoient des requins attaquer de paisibles touristes sur les côtes égyptiennes.

Experts dans la fabrication de drones, ils expédient tout de même par les airs des vautours au dessus des pays arabes pour les espionner au moyen de GPS.

Ce sont des espions. La preuve qu’ils ont l’espionnite dans le sang, quelques sites proches du Front national et des milieux révisionnistes relèvent les noms à consonance juive des cadres de Renault accusés d’espionnage au profit d’une puissance étrangère.

La vieille accusation de complot mondial n’est pas nouvelle. Le pire est qu’à force de répéter ce mensonge, il devient accepté et acceptable.

La Syrie a affirmé haut et fort que ce tribunal était une agression externe, un complot international. Cette grande démocratie a, elle aussi, l’habitude, de voir des complots partout, surtout lorsqu’elle peut en accuser Israël.

La prise de pouvoir du Hezbollah sur le Liban était officieuse. Bien entendu, elle était niée par la communauté internationale et notamment par la diplomatie française.

Ce ne sera pas un coup d’Etat à proprement parler. Mais le Liban officiellement aux mains du Hezbollah va devenir une réalité dont il faudra bien tenir compte.

Comme prévu, cette communauté internationale va faire mine de se tordre les mains de désespoir lorsqu’elle sera mise devant le fait accompli.

Comme prévu, les armes entrées au Liban par la Syrie vont être sorties des casemates et mises en place.

Comme prévu, l’armée française jurera –croix de bois, croix de fer- qu’elle n’a jamais rien vu passer.

Comme prévu, le Hezbollah et ses milices islamistes tireront sur Israël à partir de positions civiles.

Comme prévu, Israël, cette vaillante petite démocratie, se défendra.

Comme prévu, les 1500 pasdarans iraniens présents dans la vallée de la Beeka entreront en action aux cotés des 30.000 combattants du Hezbollah.

Comme prévu, le Hezbollah dépêchera sur le lieu des bombardements israéliens quelques sous-fifres chargés de guider les journalistes reporters des médias occidentaux afin qu’ils prennent des clichés sanguinolents et destinés à émouvoir le bonne conscience européenne.

Comme prévu, le Liban (comprendre le Hezbollah) demandera, comme Nasser en son temps, le retrait des troupes de l’ONU.

Comme prévu, la communauté internationale condamnera Israël pour sa « guerre d’agression » contre le pauvre Liban persécuté.

Comme prévu, au printemps prochain, Mahmoud Abbas profitera de l'isolement d'Israël sur la scène internationale pour annoncer la création de l'Etat de "Palestine" au sein des frontières de 1967 (Cinq pays d'Amérique du Sud viennent d'ailleurs de le reconnaître de manière anticipée).

Comme prévu, les islamistes égyptiens prendront le pouvoir en Egypte, ouvrant ainsi un troisième front.

Tout est prêt

Wafik Safa, grand patron militaire du parti islamiste, est en place.

Il est le responsable de la sécurité interne du Hezbollah et l’adjoint du général iranien Hossein Mahadavi. Il s’est installé au Sud-Liban pour coordonner l’action du Hezbollah avec Téhéran.

Il est aussi chargé de la coopération militaire avec les deux autres alliés libanais, la milice chrétienne du général Michel Aoun et les forces druzes de Walid Joumblatt.

Mais Israël a déjà prévu tout cela. Le 24 novembre dernier, Netanyahou a convoqué son cabinet de sécurité. Il y avait été évoqué la possibilité d’un coup d’Etat au Liban.

Et le voici. Selon Israël, toutes les mesures ont été prises pour parer à cette éventualité mais cela n'évite ni périls ni dangers.

La démission des ministres du Hezbollah ouvre la porte à une déflagration majeure au Moyen Orient. Les pays arabes en deviendraient lassants à force d’être prévisibles dans leur stratégie.

Comme prévu… disons plutôt, comme d’habitude !

Mais il y aura toujours des crétins nullissimes, en France et en Europe, qui ouvriront de grands yeux stupéfaits devant ce déchaînement de violence.

Les idéologues, hauts fonctionnaires du quai d’Orsay ou journalistes, antisionistes et/ou antisémites, eux, se frotteront les mains.

Stéphane Hessel, qui parlera à l'Ecole Normale Sup, pourra s'indigner, la conscience tranquille, dans ce temple du savoir.

La vieillesse est un naufrage, mais souvent, c'est l'entourage qui boit la tasse.

Lien : http://www.primo-info.eu/selection.php?numdoc=Ed-729850944

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