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OpinionsL’affaire Al-Dura rebondit avec le procès contre Clément Weill-Raynal![]() Ce mardi 8 février 2011 a eu lieu, de 14 à 23h, un procès épique en marge de l’affaire Al-Dura. Le 30 septembre 2000, le petit Mohamed Al-Dura et son père Jamal étaient pris sous des tirs croisés au carrefour de Netzarim, dans la bande de Gaza. Charles Enderlin en fera un des sujets phares du JT du soir sur France 2, mais sa version (“l’enfant a été tué par des tirs venant de la position israélienne”) est depuis sans cesse remise en question, y compris en justice. Nous avons été le premier média français non communautaire à interviewer Philippe Karsenty, tenant de la thèse de la mise en scène de cette fusillade. Aujourd’hui, c’est au tour du journaliste Clément Weill-Raynal d’être attaqué en diffamation, par Jamal Al-Dura, pour avoir interviewé un chirurgien israélien. Explications.
Peu de journalistes dans la salle sont venus écouter Clément Weill-Raynal qui est accusé de diffamation par Jamal Al-Dura. M. Weill-Raynal est chroniqueur judiciaire pour France Télévision depuis 25 ans, et il travaille depuis 20 ans à Actualité Juive. C’est pour une interview parue le 4 septembre 2008 dans cet hebdomadaire communautaire qu’il comparaît en première instance.
Il se présente à la barre tendu mais on le sent sûr de lui. Le plaignant, Jamal Al-Dura, est absent mais représenté par son avocat, et reproche à Clément Weill-Raynal des outrances lors d’une interview d’un chirurgien israélien, spécialisé dans la réparation de la main, le Dr David, qui est attaqué lui aussi pour diffamation, de même qu’Actualité Juive dont le directeur de publication, Serge Benattar, est représenté par son conseil.
Pendant une heure environ, Clément Weill-Raynal expliquera son parcours et les raisons qui l’ont amené à se rendre en Israël pour réaliser cette interview du Dr David. Il expliquera à la cour toutes les manipulations des images qu’il a pu constater lors de sa (déjà) longue carrière, que ce soit lors du conflit israélo-palestinien ou d’autres conflits. Il explique son cheminement dans l’affaire Al-Dura : d’abord la confiance totale dans la version de Charles Enderlin, puis le doute avec la tribune de Denis Jeambar en 2004, et enfin le basculement dans le doute total avec le visionnage des rushs lors du procès en appel de Philippe Karsenty, dans lequel celui-ci fut relaxé. Il convient d’ailleurs de noter que Philippe Karsenty, bien que n’étant ni accusé ni témoin dans cette affaire, mais juste membre du public, sera la référence obligatoire et quasi-permanente de ce procès.
Clément Weill-Raynal lâche notamment une petite bombe : Charles Enderlin l’a menacé, en lui disant explicitement qu’il aurait de gros ennuis s’il s’intéressait à l’affaire Al-Dura. “Il avait raison, ajoute-t-il ensuite, la preuve je suis en train de vous parler“.
Il liste les 8 points qui posent problème selon lui sur les rushs :
- 19 minutes de rushs seulement ont été révélés au lieu des 28 promis
- le caméraman n’a filmé que 50 secondes sur les 45 minutes qu’a duré la fusillade
- le père et le fils Al-Dura sont en place avant la fusillade, il n’y a pas de coup de feu pendant plus de 30 secondes, mais ils ne partent pas de leur position alors qu’il faut 6 secondes pour être à l’abri
- on constate une dizaine d’impacts de balles seulement
- la caméra se coupe et se rallume, le père et le fils ont disparu sans image d’évacuation d’ambulance
- la mise en scène des manifestants
- le fait qu’il n’y ait pas de sang
- la relaxe de Philippe Karsenty.
Il ajoute qu’il ne demande qu’à voir des éléments probants confirmant les propos d’Enderlin. Enderlin dit qu’il y a eu d’autres images, mais elles n’existent pas. Le caméraman palestinien, Talal Abu Rahme, est interdit de parole, et Enderlin explique dans son propre livre que le cameraman a suivi les consignes d’un général palestinien.
Dans ce cadre qu’il vient de poser de l’affaire Al-Dura, la blessure du père est le seul élément tangible qu’il reste, et c’est le cadre du procès du jour, avec évidemment des répercussions sur l’affaire Al-Dura de manière plus globale, affaire qui fut d’ailleurs le fil rouge de toutes les discussions à la barre.
Clément Weill-Raynal explique comment lui est venue l’idée d’interviewer le chirurgien israélien, le Dr David : c’était en lisant une interview d’Elie Barnavi dans Marianne. Celui-ci expliquait qu’il était de notoriété publique en Israël que les blessures de Jamal Al-Dura étaient antérieures à la fusillade. On apprend par Clément Weill-Raynal qu’il ne pouvait espérer interviewer Jamal Al Dura, car il est quasiment impossible pour un journaliste français de pénétrer dans la bande de Gaza, depuis qu’elle est aux mains du Hamas. La dernière fois que cela s’est produit, les journalistes ont été pris en otage pendant une semaine. Par contre il pouvait interviewer le chirurgien qui avait opéré en 1994 Jamal Al-Dura, ce qu’il fit.
C’est au chirurgien d’entrer en scène, et de donner sa version des faits. Le Dr David explique qu’une personne ayant reçu une balle à haute vélocité sur la veine fémorale ne peut que se vider de son sang en quelques minutes. Un avocat de la défense, Me Jacubowitcz, reconnaîtra dans sa plaidoirie finale que c’est le seul moment où il sort de son domaine de compétence. Pour le reste, le docteur qui est aussi chirurgien militaire, explique que les cicatrices de Jamal Al-Dura sont linéaires, or des balles auraient créé une explosion des tissus. Il aurait même dû perdre son bras, par amputation.
Hervé Deguine, journaliste, membre de RSF et du comité de rédaction de la Revue Médias, est le premier témoin à être appelé à la barre, par l’accusation. Il explique que l’affaire Al Dura a permis à la communauté juive, qui était alors victime d’antisémitisme entre 2000 et 2003, de trouver une protection, une explication. Il enchaîne les arguments de bons sens :
- si les images avaient été fausses, pourquoi l’Etat d’Israël n’a-t-il jamais porté plainte ?
- pourquoi faire une mise en scène pareille alors que toute la Cisjordanie s’embrasait ?
- les faits arrivent à des moments précis, pour des raisons précises, et il ajoute que c’est en qualité d’historien qu’il le dit
- il est très difficile de réaliser un bidonnage sans que cela se sache rapidement.
Il explique aussi sa propre enquête journalistique sur l’affaire Al-Dura, puisqu’il a été amené à suivre l’affaire pour la revue Médias, de Robert Ménard. Il rappelle que l’armée israélienne a commencé par reconnaître qu’elle était responsable de la mort du petit Mohamed. Il explique à son tour que les journalistes à Gaza sont tous palestiniens, les non-palestiniens étant kidnappés ou pris en otage. Mais à ses yeux ces journalistes sont courageux car il leur arrive de critiquer le Hamas. Pour lui il n’y a pas de doute, la version d’Enderlin et de son caméraman est la bonne, il n’y a pas de raison d’en douter. (aurions-nous trouvé notre débatteur, nous qui le cherchons depuis que Philippe Karsenty a accepté le débat devant notre caméra mais que tous ceux que nous avons contactés, des journalistes signataires de la pétition Enderlin, ont refusé ? Nous allons évidemment lui proposer ce débat)
Les questions des 4 avocats de la défense ne manquent pas d’arriver, en rafale. Oui, sa mission était bénévole pour la revue Médias, donc il a manqué de temps pour aller interviewer le caméraman ou Jamal Al-Dura. Non, il n’a pas assisté au procès Karsenty, car il y avait déjà trop de monde dans la salle, par contre il a vu la vidéo de Philippe Karsenty, et cela ne l’a pas convaincu.
Voilà déjà 4 heures que les débats ont commencé, et il reste encore 4 témoins à passer. Il semble que les débats devront se prolonger tard dans la soirée, voire la nuit.
Les accusés viennent à leur tour à la barre pour répondre aux questions des avocats. L’avocate du plaignant demande au Dr David de se prononcer sur une radio dont elle dit qu’elle est celle de Jamal Al-Dura, mais le Dr David répond que cette radio ne comporte pas de date, ni de nom, et qu’elle ne vaut donc rien. Premier camouflet sérieux de l’accusation.
En réponse à une question de l’accusation, Clément Weill-Raynal explique à la cour qu’il écrit dans Actualité Juive sous pseudonyme, souvent, pour éviter de mettre sa rédaction de France Télévisions dans l’embarras, vu qu’il travaille sur des sujets souvent sensibles. Toutefois il assume et dit ne pas se cacher derrière un pseudonyme, c’est plutôt par discrétion qu’il le fait, car nul dans sa rédaction n’ignore qu’il travaille également à Actualité Juive. Il évoquera d’ailleurs plus tard un article signé de son nom, paru en 2002, où il dit tout le bien qu’il pense de Charles Enderlin et de son livre Le rêve brisé.
5 heures après le début de l’audience, le témoin Richard Prasquier est appelé à la barre. Le Président du CRIF est pourtant à la veille du fameux dîner annuel qu’organise son association et qui réunit tout le gratin politico-médiatique, c’est donc un effort important qu’il consent en venant à la barre. Il fait d’abord régner un long silence, puis affirme qu’il n’a pas dormi pendant 3 nuits dans sa vie, et que l’une de ces 3 nuits était celle ayant suivi la diffusion du reportage sur la mort de Mohamed Al-Dura. Il ajoute que depuis qu’Israël existe, rien n’a entraîné autant de conséquences que ce reportage. A l’avocat du plaignant qui lui demande ce que pense le CRIF de cette affaire, Richard Prasquier affirme que le CRIF cherche la vérité, et n’a jamais procédé à des attaques personnelles. Une autre manière de dire que l’organisation n’a pas pris de position officielle, ni dans un sens, ni dans l’autre. C’est peut-être en effet le meilleur positionnement pour le moment, tant que la justice et la direction de France Télévision n’aura pas définitivement tranché.
C’est au tour de Marcel-Francis Kahn de venir à la barre, un témoin de l’accusation. M. Kahn est médecin, et affirme qu’il est impossible que la lésion se trouvant au niveau de la fesse ait été la conséquence d’une opération de 1994. Il se base sur des impressions de radios sur son imprimante, ce qui manque plutôt de sérieux, et quand les avocats de la défense lui demandent à qui est cette radio, l’avocat de Jamal Al Dura répond pour lui : “Il faut faire confiance à la partie adverse et ne pas systématiquement croire qu’on transmet des faux”. Argument qui convaincra difficilement le tribunal.
S’ensuit un échange fort intéressant entre le Dr David et le Dr Kahn, où l’on apprend notamment par le Dr David qu’une punition du Hamas pour les membres du Fatah qui ont collaboré avec Israël est une balle dans la fesse, ce qui pourrait expliquer la balle dans la fesse de Jamal Al Dura.
C’est au tour du dernier témoin de la défense, Luc Rosenzweig, de venir à la barre. Il a attendu son tour plus de 5 heures. Comme Clément Weill-Raynal, et comme Gilles-William Goldnadel, avant 2004, il ne mettait pas en doute les images de France 2. Le 30 juillet 2004 il avait trouvé un fixeur pour rencontrer Jamal Al Dura à Gaza. Il réussi à passer les barrages israéliens mais il fut bloqué à un barrage palestinien, prétextant que c’était trop dangereux pour lui d’aller au-delà. Il ajoute que Charles Enderlin avait dit à plusieurs reprises qu’il y aurait des expertises, mais il n’y en eut jamais.
La Présidente choisit ce moment pour l’interruption d’audience, avant les plaidoiries, qui dureront encore plusieurs heures. L’avocate du plaignant prendra une bonne heure, de même que Gille William-Goldnadel, quant à la procureure, et les deux autres avocats de la défense, ils se contenteront d’un quart d’heure à une demi-heure maximum chacun.
Comme de tradition, l’accusation commence. L’avocate affirme : les accusés ne débattent pas, ils affirment. Le Dr David a accepté de violer le secret profesionnel pour révéler les documents sur Jamal (ce sera réfuté par l’un des avocats du Dr David). Les accusés disent que l’enfant n’est pas mort (ce sera également vivement contredit par Me Jacubowitz). Actualité Juive ne parle jamais des centaines d’enfants palestiniens tués sous les balles israéliennes, ce qui démontre un parti pris évident. Ils n’ont pas d’éléments extérieurs aux images donc ils se sont focalisés sur les images, à outrance. Ils ont aboli le hasard, tout élément a un sens pour eux, s’inscrit dans un complot. Il n’est jamais arrivé que les palestiniens tirent sur leur propre peuple.
Le Dr Yehuda David les intéresse parce qu’il exprime un point de vue extérieur aux images. La question n’est pas de savoir si ce qui est dit est vrai, mais si c’est diffamatoire, puisque ce qui est vrai peut être diffamatoire, alors que ce qui est mensonger peut ne pas l’être.
Survient un grave incident de séance : l’avocate du plaignant attaque directement Me Goldnadel, affirmant qu’il est raciste, car il considère qu’un Palestinien est forcément un menteur parce qu’arabe. Me Goldnadel reprend du tac-au-tac : “C’est ce que je dis maître ?” Elle répond : “C’est moi qui ai ajouté “parce qu’arabe“”. Il conclut cet échange viril : “Faites attention à ce que vous dites maître, je dis que celui qui ment est un menteur, rien d’autre.”
Elle conclut sa plaidoirie d’une heure en affirmant que le Dr David ment.
La substitut du procureur est plus brève, en moins d’un quart d’heure elle aura terminé. Elle n’est pas là pour dire si les Al-Dura ont été victimes de balles et de quelles balles, mais pour parler de diffamation. Pour elle, il n’y a pas diffamation, même pas par voie d’insinuation. Clément Weill-Raynal avait selon elle le droit de poser les questions qu’il a posées, et le Dr David d’y répondre de la manière dont il y a répondu. Il s’agit d’un sujet international, sur lequel le grand public a le droit d’être informé.
Les 4 avocats de la défense entrent en scène, voici un résumé de leurs plaidoiries. L’avocate d’Actualité Juive pour commencer.
Pourquoi poursuivre Actualité Juive, qui tire à 15 000 exemplaires, et non le Monde, Marianne ou encore le Figaro, dans lesquels des propos similaires ont été tenus ?
Il est fait mention de l’arrêt de la Cour d’appel ayant relaxé Philippe Karsenty contre France Télévisions, or la cour d’appel va beaucoup plus loin que tout ce qui est considéré par la partie adverse comme complotiste, selon cette avocate. Enfin il est fait référence à l’avertissement de France 2, diffusé un peu plus tôt sur écran dans la salle d’audience : David Pujadas indiquait que la chaîne poursuivrait toute version contradictoire à la version de Charles Enderlin, ce qui est contraire au contradictoire et qui mène à la censure, qu’avait déplorée plus tôt Clément Weill-Raynal.
C’est au tour de Gille-William Goldnadel, qui plaidera un peu sur les blessures mais surtout sur l’affaire Al-Dura, et qui laissera une de ses confrères plaider plus en profondeur sur le périmètre plus restreint des blessures. Pour lui cette affaire Al-Dura est emblématique de l’esprit de caste des journalistes. Il mentionne abondamment la pétition signée en soutien à Charles Enderlin par plusieurs centaines de journalistes. Il fait à son tour un retour dans le temps : avant 2004, ceux qui voulaient mettre en cause le reportage de France 2 étaient dans l’indécence. Mais depuis nous savons que Charles Enderlin a menti en disant que c’était par humanisme qu’il ne montrait pas l’agonie de l’enfant, alors que les images de cette agonie n’existent pas.
La manipulation victimaire existe, la manipulation du faible au fort, par exemple des bosniaques ont envoyé une bombe sur une place bosniaque, contre leur propre peuple, dans un but politique. Et il conclut en rappelant que ce qui est reproché à son client, Clément Weill-Raynal, n’est qu’une interview, et non un article, ce qui en atténue la responsabilité pénale.
La troisième avocate se concentre quant à elle, de façon très précise et parfois rebutante pour les quelques personnes qui sont restées dans la salle après plus de 8h d’audience, sur les éléments techniques, la greffe des tendons à la main notamment. Mais c’est une partie essentielle du procès.
Enfin, Me Jacubowitz aura l’honneur et l’avantage de conclure cette folle journée, et il aura la riche idée de ne pas abuser de son temps de parole, qu’il réduira au contraire, pour nous épargner à tous une longueur supplémentaire à ce procès. Pour lui, cette affaire est l’illustration de la manipulation, et cette procédure est l’illustration même de la manipulation, puisque Jamal Al-Dura se fait passer pour la victime. M. Al-Dura, cloîtré à Gaza, reçoit Actualité Juive ? On voit bien, selon Me Jacubowitz, qu’il est manipulé.
Verdict le 29 mars 2011. Lien : http://www.enquete-debat.fr/ 1 commentaire
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confie-t-on la couverture , en France, du conflit israélo-arabe à un journaliste qui truque la réalité en faisant passer Israël au jt pour un pays monstrueux ?
Cet antisémitisme est bien plus dangereux que celui de Galiano !
Enfin: le jt va-t-il rétablir la vérité non seulement sur l'affaire Al Dura, sur la démarche condamnable de Charles Enderlin, mais aussi, établir la vérité sur la manière du hamas de manipuler systématiquement les médias
pour répandre une vision monstrueuse d'israël, comme une arme et une manière de conduire la guerre.
La France et les journalistes s'honnoreraient à prendre la propagande et la désinformation contre Israël,
pour ce qu'elles sont, au lieu de les présenter comme des infos fiables rendant compte de la réalité.