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Politique et Métapolitique

Politique et Métapolitique

Sarkozy a le pouvoir, et peut-être aussi la complicité des médias, mais pas le métapouvoir.

La métapolitique, c'est ce qui précède le politique, ou lui succède, ou l'entoure. C'est la réflexion, ou le rêve, qui nourrit l'action. C'est, aux côtés du pouvoir tout court, le pouvoir culturel, religieux, médiatique. Par elle-même, la métapolitique n'est rien. Mais sans elle, la politique est vaine. Rien de plus pitoyable sans doute, ou de plus dangereux, qu'un philosophe qui se prend pour un roi. Sinon un roi qui méprise les philosophes.

Les révolutions politiques qui réussissent sont celles qui ont déjà été accomplies sur un plan métapolitique. La monarchie française, la plus puissante d'Europe, est tombée en trois ans à peine : 1789-1792. Mais cela faisait cinquante ans au moins que le pays rêvait à une autre société, à un
autre régime : de L'Esprit des Lois, de Montesquieu, au Contrat social de Rousseau, en passant par les pamphlets de Voltaire et les pièces charmantes, mais ô combien subversives de Marivaux, où les valets se substituent sans cesse aux princes, et les esclaves aux maîtres. Tout était prêt dans les têtes. Il suffisait de passer à l'acte.

En quelques semaines à peine, de novembre 1917 à janvier 1918, Lénine installe en Russie une dictature implacable, meurtrière, qui durera plus de quatre-vingts ans. Mais cela faisait des décennies, depuis Blanqui et les nihilistes, que l'extrême-gauche européenne rêvait à ce Grand Soir, s'y préparait, s'organisait. Une fois le pouvoir pris, c'est-à-dire quelques points stratégiques saisis à Pétrograd, comme les casernes, les dépôts de chemins de fer et les centraux téléphoniques, il suffisait d'appliquer le programme.

Hitler accède au pouvoir par la voie légale en janvier 1933. Il lui faut quelques jours à peine pour liquider la République de Weimar, envoyer les opposants dans des camps de concentration, exclure et spolier les Juifs ; deux ans seulement pour dénoncer le traité de Versailles ;  cinq pour annexer l'Autriche et démembrer la Tchécoslovaquie ; six pour jeter une nouvelle armée allemande à la conquête de l'Europe et mettre en œuvre la Shoah. Cela n'aurait pas été possible si la moitié au moins de l'Allemagne n'avait pas été culturellement nazie depuis Wagner au moins. Il suffisait d'aller jusqu'au bout du fantasme.

Les révolutions démocratiques, douces, valident, elles aussi, notre loi. En 1933, l'année même où Hitler s'empare de l'Allemagne, Franklin Delano Roosevelt devient président des Etats-Unis. Pour sortir d'une crise économique qui ne cesse de s'emplifier depuis 1929, il lance le New Deal, un ensemble de mesures volontaristes qui vont à l'encontre du libéralisme d'Adam Smith, la doctrine économique traditionnelle du pays. Mais qui s'inscrivent bel et bien dans une contre-tradition dite « populiste ». Et qui, accessoirement, bénéficient du soutien, culturellement important, d'une gauche américaine issue à la fois du protestantisme libéral et du judaïsme.
Roosevelt sera réélu trois fois.

En 1958, Charles de Gaulle fonde la Ve République. Un homme d'exception pour un régime d'exception. Mais ce régime – République présidentielle plus énarchie généralisée  - survit à son fondateur. C'est qu'il avait été avait été préparé depuis 1870 par les disciples d'Ernest Renan, tant de gauche que de droite, puis les non-conformistes de l'entre-deux-guerres qui, successivement, rallièrent le Front populaire, Vichy, la Résistance.

En 1979, Margaret Thatcher devient premier ministre de Grande-Bretagne. Elle restaure le libéralisme smithien, après trente-cinq ans de libéral-socialisme de plus en plus calamiteux. Cela passe par des réformes dures, comme la quasi-abolition du droit de grève. Sans difficulté. Parce que culturellement, métapolitiquement, les Britanniques sont prêts à l'accepter. Même chose aux Etats-Unis, où Ronald Reagan met fin à partir de 1981 aux restes, désormais inopérants, du New Deal.

Et aujourd'hui ? Aux Etats-Unis, l'échec de l'administration George W. Bush, qui était a priori l'une des mieux intentionnées et des plus réalistes de l'histoire américaine, s'explique en grande partie par la domination de ses adversaires, gauche, extrême-gauche et paléo-droite, sur le plan métapolitique. Israël, qui incarne sur bien des plans un  conservatisme démocratique moderne, est métapolitiquement et donc politiquement kidnappé par une gauche invraisemblablement archaïque.

Quant à la France… qui ne sent que le drame de Nicolas Sarkozy est au fond de n'avoir personne pour formuler et calibrer la rupture qu'il a promise à ses concitoyens. Il a le pouvoir, et peut-être aussi la complicité des médias, mais pas le métapouvoir.

(c) Michel Gurfinkiel, 2007

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Dernière mise à jour, il y a 4 minutes