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La deuxième guerre du Liban et l’improvisation

3 Février 2008 - David Bentata

Les médias interviewent des personnalités qui veulent bien commenter le rapport définitif de la Commission Winograd relatif à la Deuxième Guerre du Liban. Des Ministres viennent et encensent Ehoud Olmert, le Chef du Gouvernement qui a été sauvé de conclusions personnelles ‘meurtrières’, grâce à la décision de la Haute Cour de Justice infectée de gauchisme aigu; par exemple Zéév Boïm, qui a été promu par Olmert, le soutient… aveuglément : « Olmert a pleinement ressenti sa responsabilité et s’est employé à réparer avec rigueur et précision les erreurs commises, sur la base du rapport préliminaire de la Commission Winograd. »

De quoi est-il question ? Son intention est-elle relative à l’armée qui, pendant des années ne s’est pas préparée à la guerre face à un ennemi de l’extérieur ? Ou au fait que les magasins étaient vides ? Ou à la logistique qui suit normalement les combattants et n’existait pas ? Même l’eau manquait !… Il est vrai, il est possible de surmonter ces erreurs matérielles assez facilement.

Mais les conséquences de décisions erronées, qui ont entraîné de lourds échecs, peuvent-ils être réparées ? Non, mais Olmert a appris et a acquit de l’expérience ! Si un cas différent se présente, en quoi cette expérience lui servira ? Il fera d’autres erreurs graves et il sera davantage expérimenté ! Mais jusqu’à quand ce jeu se poursuivra-t-il ?

Olmert a prouvé son niveau bas quand :

1 - Il a fixé des objectifs à la guerre dont aucun ne fut atteint :

- libération des deux soldats enlevés, Ehoud Gildwasser et Eldad Réguév (un an et demi après les évènements aucune nouvelle d’eux n’est parvenue !)

- cessez le feu absolu et prise de possession de la frontière par l’armée libanaise (en fait Hizballah s’est réinstallé en bordure)

- annulation de la menace des fusées et obus de Katioucha sur les habitants israéliens (Hizballah s’est largement renforcé depuis Août 2006).

2 – Il déclencha la guerre sachant parfaitement qu’il serait incapable de définir une tactique. Comme le général Avigdor Klein le dit : la raison de base de l’échec est liée au fait qu’Olmert n’a transmis à l’armée aucun ordre clair.

3 – Il déclencha la guerre contre une organisation terroriste, Hizballah, au lieu de lancer un ultimatum au Liban : ‘Dans les 72 heures à venir [par exemple] vous devez restituer les deux soldats enlevés’. Non seulement il y aurait eu un espoir de les récupérer immédiatement, mais encore Olmert se serait accordé le temps de prendre conseil et de décider sur le genre de guerre et l’armée aurait pu se préparer. De plus une protestation à l’O.N.U n’aurait-elle pas dû être adressée sans retard ?

4 – Winograd a couvert la décision d’Olmert de lancer une attaque terrestre 60 heures avant l’arrêt des combats. En fait c’est après une semaine à dix jours après le début de la guerre que Tsahal aurait dû lancer cette attaque (selon le général Yoram Yaïr) : face à 8000 terroristes de Hizballah, Olmert a différé la décision de les éliminer.

5 – Pourquoi Olmert et Tsipi Livni, Ministre des affaires étrangères, acceptèrent la décision n°1701 dont les articles 5 et 6 sont scandaleux ? Ces deux articles présentent le Liban comme la victime que le monde doit soutenir en tant qu’Etat, sur les plans financier et humanitaire… alors qu’elle est responsable de la présence de l’organisation terroriste qui a enlevé deux soldats israéliens et en a tué deux autres.

Pourquoi Olmert a commis de telles erreurs ?

En Israël, règne une état d’esprit très préjudiciable, que l’on peut résumer ainsi : si quelqu’un veut exécuter un travail, remplir une fonction,… pourquoi pas ? Peu importent sa préparation et sa compétence ! Il se préparera tout en remplissant sa fonction !

En quelque sorte règne une mentalité d’improvisation considérée comme légitime !

Quand un musicien de renom improvise sur un thème, quand un soldat aguerri improvise une action qui surprend l’ennemi et l’élimine,… il s’agit d’improvisations basées sur un savoir et une expérience nécessaires dans des situations de tension dans lesquelles les décisions doivent être rapides et dénuées d’erreur.

Que se passe-t-il dans les hautes sphères de la politique ? L’improvisation règne, mais cette improvisation ne ressemble en rien à l’improvisation décrite précédemment : les décisions découlent de l’imagination de personnalités qui ne se base ni sur le savoir ni sur l’expérience.

Ariel Sharon a élevé Olmert, qui retournait à la politique après des années et qui a été élu à la 32^ème place sur la liste du Licoud, au rang de vice Premier Ministre. Sa principale qualification était qu’il était compromis dans l’affaire de l’île grecque avec Sharon et son fils Gilad. La gauche a réussi à dévier l’action de Sharon et de son gouvernement vers une politique gauchiste extrémiste par des affaires judiciaires: Sharon décidait alors de l’exécution du plan Mitsna, le désengagement, et sacrifiait ainsi le destin de l’Etat. Il nommait Dan Haloutz, général d’aviation, Chef des Armées : il était prêt à prendre la responsabilité de l’exécution du désengagement. L’armée fut préparée intensivement à la guerre contre les Juifs : 10000 Juifs, religieux en général, qu’il lui fallait détruire du point de vue spirituel et financier. La guerre contre un éventuel ennemi extérieur fut oubliée ! Et dans le cas où elle éclaterait Haloutz ne pouvait qu’improviser. Quand Olmert hérita de la fonction de Sharon, Haloutz, dans sa fonction lui convenait : il avait acquis de l’expérience dans sa guerre contre 10000 Juifs, il pourrait affronter facilement 70000/250000 Juifs destinés à être expulsés lors du ‘regroupement’. Olmert ne vit aucun empêchement de nommer comme Ministre de la Défense Amir Pérètz, président du syndicat ouvrier !

Pour une guerre contre des Juifs, lui aussi convenait fort bien. Avec tout son culot (houtzpa), Pérètz exigea le poste : il pouvait improviser comme tout autre !

Les personnalités des hautes sphères veulent ignorer le sens de spécialistes, de préparation à une fonction, d’expérience, d’aptitude à une fonction. Ce qui semble évident pour toutes sortes de fonctions proportionnellement subalternes comme médecin, avocat, ingénieur, psychologue sociologue,… paraît superflu dans les fonctions politiques les plus élevées ! Une telle mentalité conduit vers la catastrophe et doit être changée :

- deux ou trois des partis (en fait il ne devrait exister en Israël que deux partis), qui ont des chances de se voir attribuer la fonction de Premier Ministre, devraient préparer des personnalités depuis l’âge de 25/30 ans et les filtrer pour que, à l’âge de 50 ans environ, ils puissent remplir cette fonction avec compétence. Ceci est vrai également pour les postes de ministres. Des personnalités comme les généraux et anciens Chefs des Armées, ne peuvent commencer une nouvelle carrière à l’âge de 45/50 ans quand ils sont libérés de l’armée. Leur caractère et leurs réactions resteront toujours ceux d’officiers. Presque tous les généraux, inscrits au parti de l’Avoda de façon systématique (signe de la façon dont sont faites les nominations !), qui ont été nommés dans des fonctions très élevées, ont échoué : Rabin, Ehoud Barak, Mitsna, Bar lev, Motta Gour, Vilnaï,… la réputation qu’ils ont acquise en tant que militaires ne garantit pas leur réussite dans la politique. Bien au contraire ! L’exemple de Sharon est caractéristique : en 1973 il quittait l’armée et entrait dans la politique. Il remplit des fonctions nombreuses en tant que ministre. En 2001, il fut élu Chef du Gouvernement et en 2004 il décida d’effectuer le désengagement. Après 31 ans de vie politique, il retrouva son caractère de général (Bulldozer) et agit avec brutalité à l’égard de 10000 Juifs qu’il expulsa de leurs habitations et de leur travail en huit jours. Après deux ans et demi une grande partie n’a pas retrouvé sa stabilité ! C’est un crime !

En résumé Olmert et son équipe de ministres, corrompus, sont arrivés à leur place sans être expérimentés et il est scandaleux qu’ils apprennent leur rôle et acquièrent leur expérience en remplissant leur fonction. L’analyse des ordres qu’Olmert a transmis à l’armée prouve qu’il ne possède pas de compétence et de don dans cette fonction et il n’est pas concevable que dans la prochaine confrontation (peut-être demain se produira-t-elle ?) il soit à son poste. D’autres preuves sont là prouvant qu’ils n’ont rien appris : réagissent-ils convenablement, après un an et demi de l’échec de la Deuxième Guerre du Liban ? Examinons quelques cas :

- Olmert a-t-il pris une décision valable à propos du bombardement permanent auquel sont soumis Sdérot et les environs ? Pourquoi la Ministre des Affaires Etrangères n’a-t-elle pas déposé journellement une plainte à l’O.N.U et n’a-t-elle pas déclaré qu’Israël ne se sentirait plus responsable de la fourniture des besoins essentiels si le Hamas persistait ?

- Quand, à Gaza, les responsables du Hamas décidèrent de détruire le mur d’acier, construit par Israël à la frontière Egypte-Bande de Gaza et que les habitants par centaines de milliers se précipitèrent sur El Arich, pourquoi Israël n’a-t-elle pas profité pour proclamer que après un mois [par exemple] elle se déchargerait de toutes ses obligations envers ce territoire au profit de l’Egypte et du monde? Pourquoi devrait-elle fournir hydrocarbures, eau, électricité… nourriture, médicaments alors qu’elle reçoit des Kassams en guise de remerciements ? Chacun aurait compris ! Par manque de réaction, nous avons donné le temps à Moubarak de rejeter toute responsabilité des habitants de Gaza !

- A Hébron, le gouvernement continue à découvrir sa haine des Juifs religieux, amants de leur terre: alors qu’il s’inquiète du chauffage des habitants de Gaza, il laisse dans la Beit Shalom, propriété juive, les familles geler. Il est couvert : il leur est interdit de monter des fenêtres par la Cour Suprême de Justice qui renvoie sa décision dans trois mois !

- …

La Cour Suprême de Justice a limité les pouvoirs de la Commission Winograd qui n’a pu obliger Olmert de démissionner ; cependant elle l’a critiqué sévèrement et chacun comprend que si Pérètz et Haloutz ont démissionné, Olmert se devait de les imiter.

Mais personne n’a posé la question suivante : Quelle fut la part de Shimon Pérès, vice Premier Ministre, dans toutes les décisions ? Il n’y a pas d’homme politique plus expérimenté que lui en Israël et peut-être dans le monde ! Il n’y a pas de personnalité susceptible de prendre des décisions meilleures que lui ! Pourquoi n’a-t-il pas rempli son devoir et s’est-il tu ?

Parions qu’il ne s’est pas opposé à la guerre, bien qu’il savait que Tsahal s’était relâché pendant les dernières années et que les officiers supérieurs ne se signalaient pas par leur valeur (il savait sur quelle base les promotions se faisaient !). Parions qu’il prévoyait qu’Israël ne vaincrait pas et que ne pas vaincre constitue un échec grave.

Alors quel fut son plan savant ?

Il est interdit à Israël de vaincre comme dans la Guerre des Six Jours, Israël a perdu sa force de dissuasion et en aucune façon il lui faut récupérer sa réputation. Israël doit négocier avec ses ennemis sur une base d’égalité : pas de vainqueur, pas de vaincu. Les négociations doivent arriver au retour d’Israël aux frontières d’Aushwitz de 1967 (suivant l’expression d’Aba Even), y compris à Jérusalem…

Nous devons exiger que le Président Shimon Pérès soit interrogé sur son activité pendant la guerre du Liban pour découvrir sa part de responsabilité dans l’échec subi pendant cette guerre. D’autre part il y a à mettre à jour son activité qui a permis à Olmert de se maintenir au pouvoir depuis un an et demi (il continuera à rester au pouvoir grâce à la décision d’Ehoud Barak, du 3-2-2008 de ne pas démissionner.

Ehoud Barak n’aurait-il pas été convaincu par Pérès ?). Est-ce parce qu’il est prêt à exécuter, avec Abou Mazen, le plan de règlement du conflit, antisioniste, antijuif et anti-israélien, qui ne résistera pas à l’épreuve du temps?

David Bentata

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