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OpinionsLes Bné Menaché : un enjeu politico-religieux![]() Les Bné Menaché : un enjeu politico-religieux
En plus des quelques milliers de Juifs répartis sur le continent indien, un groupe spécifique se réclame aujourd’hui du judaïsme : les « Bné Menaché », reconnus comme étant l’une des dix tribus perdues d’Israël. Portrait d’une communauté religieuse sioniste à l’heure de l’après Goush Katif :
Les 60 ans de l’Etat d’Israël auront marqué un tournant : le tournant de la maturité peut-être. Ceux qui s’attendaient à des célébrations hors normes auront été déçus : juste ce qu’il faut de flûtes et de trompettes pour ne pas décevoir les visiteurs. A Jérusalem, l’ambiance était même nettement moins enthousiaste que les années précédentes : les jeunes sionistes religieux en kippas tricotées et tsisit, qui d’ordinaire donnent le ton aux célébrations sionistes, étaient cette année à peine visibles : il faut dire que le démantèlement des implantations du Goush Katif et l’attentat du Mercaz HaRav ont porté un coup fatal à l’idéalisme religieux sioniste, qui faisait déjà de moins en moins d’adeptes.
Le retour des tribus perdues d’Israël redonne vie à un sionisme religieux désenchanté
Mais gare à ceux qui feraient du sionisme religieux un anachronisme avant l’heure : avec le retour des tribus perdues d’Israël, ou en tous cas de ceux qui s’en réclament, il est clair que le sionisme religieux n’est pas mort. Ce panache nouveau nous vient des coins les plus improbables de la planète. Les Bné Menaché, issus de la jungle indienne, en sont un exemple frappant. Linguistiquement, ils appartiennent au groupe tibéto-birman.
C’est le rabbin Eliyahu Avichail qui a le premier révélé l’existence de cette « tribu perdue » dont l’ancêtre Manmassé ne serait autre que Menaché, fils de Joseph. Eliyahu Avichail, qui a créé en 1975 l’organisation Amishav (« mon peuple revient ») a consacré sa vie à la recherche des tribus perdues et s’est particulièrement enthousiasmé de la découverte des Bné Menaché, dont les origines juives ne font pour lui aucun doute.
S’ils ne pratiquent le judaïsme que depuis quelques décennies (ils étaient avant cela animistes, puis chrétiens), les « Bné Menaché » affirment en effet être revenus à la religion de leurs ancêtres, se défendant d’avoir adopté une « nouvelle » religion. Ils relatent l’errance de leur tribu à travers la Perse, l’Afghanistan, le Tibet et la Chine, avant leur installation dans les Etats montagneux de Manipur et de Mizoram, au nord-est de l’Inde.
Ces « enfants de Manmassé » seraient en tout un million et demi d’âmes. Convertis au christianisme par les missionnaires britanniques dans les années 1850s, ils ont toutefois conservé une tradition orale et des chants qui rappellent clairement l’histoire juive et les récits bibliques, selon le rabbin David Mamou, chargé par la Rabbanouted’enquêter sur place sur le judaïsme des Bné Menaché. A l’issue de l’enquête, des juges rabbiniques dépêchés par le grand rabbin sépharade Shlomo Amar l’ont accompagné et confirmé l’identification du groupe au Bné Menaché.
Le talith pour aller à la chasse au tigre
David Mamou remarque que si les idoles sont omniprésentes en Inde, elles sont totalement absentes des villages des Bné Menaché. Le rabbin Avichail estime pour sa part que les Bné Menaché vivent « comme des non juifs ayant des coutumes juives ». Il évoque l’existence d’un récit correspondant à la « Haggadah de Pessah’ » qui narre la sortie d’Egypte. S’ajoute à cette coutume le port de ce qui ressemble de près à un « talith », utilisé pour aller à la chasse au Tigre : le talith aurait la vertu de rendre les chasseurs plus forts.
Le rabbin Mamou insiste sur l’ouverture d’esprit qu’il est nécessaire d’adopter face aux tribus perdues d’Israël, rappelant que les Bné Menaché ont quitté le judaïsme à l’époque des Prophètes, avant la destruction du premier Temple : toutes les régulations découlant de la destruction du second Temple, ciment du judaïsme orthodoxe, leur sont donc inconnues. Mamou souligne qu’il s’agit d’une « rupture de 2700 ans » et admire l’humilité des Bné Menaché, désireux d’accepter la « halakha », telle que transcrite dans le « Choulkhane aroukh » afin de (ré)intégrer le peuple juif sur sa terre.
Le songe de Challianthanga
Tout a commencé en 1953, avec « le songe » du guide de la tribu, Challianthanga, qui voit son peuple retourner à Sion : ce songe donne naissance à un sous-groupe de 10 000 Bné Menaché, qui adopte les coutumes juives, notamment les lois alimentaires de la cachroute, le shabbath et la circoncision des nouveaux-nés. Des synagogues apparaissent dès les années 1970 et les premiers contacts avec l’Etat d’Israël s’établissent dans les années 1980. Les premiers Bné Menaché à faire leur « aliyah » arrivent à la fin des années 1990, munis d’un visa de touriste, et suivent en Israël un processus de conversion classique d’un an au Makhon Meir de Jérusalem, yechivah sioniste religieuse. Leur intégration à la société israélienne est considérée comme globalement réussie.
Comme beaucoup de « Olim », ces Bné Menaché sont religieux, sionistes, idéalistes, et n’hésitent pas en outre à s’installer dans les implantations de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, pris en main par le comité Yecha, qui s’occupe de la gestion des implantations, et par Shavé Israël, organisation issue d’Amishav, qui recherche les tribus perdues d'Israël à travers le monde.
Ces deux organisations, appuyées par les autorités rabbiniques du pays, accueillent ces nouveaux arrivants à bras ouverts (ou presque, vu qu’il leur est quand même demandé de se convertir) dès 1990 : voici en effet une communauté conciliante, partageant les idéaux des pionniers des « ychouvim » et désireuse de suivre les commandements hilkhatiques : c’est le profil politico-religieux idéal. Lors du démantèlement des implantations du Goush Katif, en 2005, on découvre ainsi un pourcentage non négligeable de Bné Menaché parmi ces « colons », en fait le groupe le plus important de « Olim ».
Michael Freund, fondateur de Shavé Israël, estime qu’aujourd’hui, les tribus perdues sont la chance d’Israël face à la démographie galopante des Palestiniens. Le principal argument des partisans des deux Etats est en effet que d’ici 2050, la population palestinienne devrait être majoritaire, menaçant la judéité de l’Etat d’Israël. Pour Michael Freud, les tribus perdues promettent la victoire de la guerre démographique et renforcent la présence juive en Cisjordanie.
Les autorités israéliennes et indiennes créent l’impasse
La gente politique israélienne laïque ne voit toutefois pas la situation du même oeil : entre en scène, en 2003, le ministre de l’Intérieur Abraham Poraz, du parti anti-religieux Shinouï ; il met un terme à l’opération engagée de retour de la tribu de Menaché, sur la base de deux arguments de taille : les autorités indiennes se plaignent de l’ingérence israélienne sur leur territoire : les activités missionnaires sont interdites par la loi, et les rabbins sont priés de quitter les lieux. De plus, rien ne prouve que cette tribu descende vraiment des Bné Menaché, les arguments avancés étant assez fantaisistes au yeux des ces laïcs purs et durs. Sceptique, Poraz soupçonne en outre ces nouveaux immigrants de profiter de la situation pour fuir la pauvreté de leur pays d’origine.
Si l’on peut comprendre que Poraz mette en doute l’identité des Bné Menaché (mais les origines ethniques importent-elles, au fond, plus que l’allégeance voulue ?), on accepte moins qu’il doute de leur sincérité : voilà qui prouve que le ministre ne connaît pas ceux dont il parle, et qui est plus révélateur de son propre cynisme que des sentiments des intéressés : les Bné Menaché sont profondément heurtés par les soupçons d’opportunisme qui pèsent sur eux, d’autant plus que certains appartenaient à la classe privilégiée dans leur pays d’origine.
8000 à 9000 Bné Menaché se trouvent donc actuellement dans l’impasse : ils ne peuvent bénéficier de la loi du retour s’ils ne sont pas juifs (ce qui signifie dans leur cas convertis), mais ne peuvent se convertir chez eux, vu que la présence des rabbins « missionnaires » y est illégale. Ces rabbins ne baissent toutefois pas les bras, et poursuivent les conversions dans la discrétion : « Des émissaires de Shavé Israël ont fondé deux centres éducatifs au Mizoram, dans lesquels les Bné Menaché apprennent l'hébreu et la tradition juive et se familiarisent avec la vie en Israël », rapporte David Geller pour Aroutz 7. Shavé Israël a en outre fait traduire en mizo quatre des cinq livres du Pentateuque ainsi que le Livre de prières pour faciliter l’accès de cette communauté à son héritage revendiqué.
La politique actuelle est le retour à l’immigration au compte goutte, sans doute plus facile à gérer pour l’Etat d’Israël : les Bné Menaché arrivent individuellement en tant que touristes, suivent un processus de conversion en Israël et demandent après coup à bénéficier de la loi du retour et à acquérir la nationalité israélienne. Les autorités rabbiniques orthodoxes du pays étant devenues plus réceptives aux intérêts nationaux, aux drames humains et problèmes religieux (mariages mixtes) générés par la difficulté des conversions au judaïsme, le processus est actuellement facilité.
Les tribus perdues et l’avenir d’Israël
Si l’Etat d’Israël se doit d’accueillir ceux qui souhaitent sincèrement se joindre à l’aventure sioniste, on peut toutefois se demander, à l’occasion des soixante ans d’Israël, s’il faut continuer à chercher la solution au problème israélo-palestinien en dehors des frontières d’Israël : le renforcement démographique résout-il le problème d’une population palestinienne hostile et présente sur cette terre depuis avant 48 ? L’enjeu est-il uniquement démographique ?
Alors que le processus de paix stagne et que l’idée d’un Etat binational resurgit chez les intellectuels arabes (et certains intellectuels juifs), il est temps de poser les vraies questions dont aussi celle d’une identité israélienne à laquelle tous les Israéliens, toutes religions et ethnies confondues, pourraient s’identifier.
Nathalie Szerman © Israël Magazine 2 commentaires
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Dernière mise à jour, il y a 59 minutes
Jacques,
le paradoxe vient du fait tous les juifs ne seraient pas les bienvenus
en effet les juifs de race negro africaine seraient victimes de restriction d'entrée
certainement à cause de la couleur de leur peau
je crois que eux aussi sont une chance incroyable pour Israel
meme s'ils ne sont pas blancs justement cela permettrais de lutter contre l'antisémitisme des négro africains
je sais de quoi je parle je suis une négro africaine
en effet bon nombre de noirs ne connaissent pas leurs existences
pour eux les juifs ce sont les alliés des oppresseurs blancs
c'est ce que les nationalistes arabes leur montrent
les arabes sont les amis des négro africains
aujourd'hui moi je sais que les juifs et les négro africains sont fait pour s'entendre
ces deux peuples ont tant de choses en commun
alors ne soyez pas racistes Israel a assez d'ennemis comme cela n'en fabriquez pas d'autres en son propre sein
ne donnez pas raison aux ennemis d'Israel qui racontent des horreurs sur le peuple juif
je refuse d'y croire