Politique Israël

Le traditionnel rally en mémoire de Rabin ne fait rien pour promouvoir les idées de la gauche.

Au-delà de toutes les difficultés, objections et débats qu’elle doit surmonter, la traditionnelle manifestation à la mémoire d’Yitzhak Rabin est confrontée à un terrible paradoxe : plus elle est grande et remplie de succès dans la bouche de ses organisateurs, plus elle est en réalité creuse et plus elle expose les faiblesses de la gauche israélienne, qui n’existe au final plus que dans le dictionnaire.

Dans ce même dictionnaire, la manifestation sur la place Rabin répond à la définition suivante : un show public supportant le commandement « tu ne tueras point ». C’est en effet une question publique importante, mais sans plus. Cette manifestation n’est rien de plus qu’une cérémonie remplie de slogans sans grandes significations épousant des valeurs évidentes dans lesquelles chaque personne de bon sens se reconnaitra, une sorte de cérémonie officielle comme on en trouve dans les écoles. Il n’est pas étonnant que des « faucons de la droite » comme le Ministre de l’éducation Gideon Sa’ar y assistent.

S’il existe quelque chose qu’on puisse nommer « l’héritage de Rabin » (une question digne de considération vu que Rabin était un leader politique éminent qui, à un âge tardif de sa vie, a signé des accords de paix, mais qui n’a jamais vraiment épousé une idéologie originale). Par conséquent, un rassemblement en sa mémoire n’est pas forcement le lieu pour représenter « l’héritage de la paix, et son prix à payer ».

C’est d’ailleurs ce que la droite israélienne peut aujourd’hui exprimer : le camp de la gauche ne fait aujourd’hui rien, n’a à son actif aucune réalisation et n’existe pas vraiment. Par conséquent, la gauche ne peut plus s’occuper que de rassemblements dans lesquels on verse quelques larmes, parce que plus rien d’autre que cela n’existe.

Ces rassemblements éplorés ne servent qu’à masquer l’inaction de la « nouvelle gauche », ce camp qui vote en faveur de Kadima et qui ne parvient pas à voir l’étrangeté de cette situation. C’est une situation embarrassante dans laquelle la conscience politique est lavée par les larmes.

Des mots d’ordres courageux sont nécessaires.

Donc bonjour à toi, nouveau gauchiste. Tu veux te rendre à la place Rabin et te retrouver avec toute sorte de gens aux idéaux différents ? Il n’y a rien de mal avec cela, et si cela t’aide à te sentir mieux, surtout fais-le, par tous les moyens. Seulement, n’essayes pas de te convaincre, et encore moins de tenter de me convaincre, qu’en faisant cela tu feras la promotion d’un style diplomatique social ou économique particulier.

Votre lutte, en supposant que vous êtes vraiment intéressé à la mener, est menée en d’autres lieux et a d’autres objectifs. Il n’y a rien de nouveau ici : une fin de la « colonisation », les droits de l’homme, l’égalité et la justice sociale. C’est tristement amusant de vous voir chercher des solutions sur la place Rabin.

Dans les années à venir, afin que le rassemblement à la mémoire de Rabin ai plus de poids qu’un simple défilé de Scouts, vous feriez bien de ne pas le dédier qu’à Rabin, l’homme, mais surtout au dernier tournant qu’il a pris. Le chemin de la paix. En effet, le rallye devrait émettre des slogans biens plus courageux que ceux qu’on y entend aujourd’hui. Moins de participants se retrouveront dans les messages, mais la valeur de cette manifestation augmentera étonnement.

Alors seulement, peut-être, il sera possible de faire quelque chose pour l’avenir, plutôt que de simplement pleurnicher sur ce qui est arrivé dans le passé.