Politique Israël

Suite à des négociations qui se sont étendues jusqu'aux petites heures de la nuit, le Likoud a accepté de nommer Ayelet Shaked (Bayit Yéhoudi) comme la nouvelle ministre de la justice.

Shalom Shlomo, un confident de Naftali Bennett (chef de Bayit Yéhoudi), a rencontré mardi soir le procureur David Shimron, qui représente le Likoud dans les négociations de coalition. Les partis doivent encore travailler sur des désaccords sur les domaines de compétence des ministres et sur l'adhésion d'un ministre supplémentaire de Bayit Yéhoudi dans le cabinet sécuritaire et diplomatique.

La nomination de Shaked est considérée comme un coup politique important et pourrait ouvrir la voie à un changement historique dans la politique israélienne. Le système judiciaire en Israël est considéré comme le plus important bastion gouvernemental des élites de la gauche, et leur activisme a entravé les tentatives de la droite d'effectivement diriger Israël depuis des décennies.

Shaked a mené les tentatives de la droite de freiner l'activisme judiciaire, et la gauche a exprimé son émotion ces derniers jours face à la possibilité qu'elle devienne ministre de la justice.

Si Bayit Yéhoudi n'avait pas reçu ce portefeuille, il était prévu d'aller au Likoud. Le Likoud a lui aussi des députés qui ont une approche similaire à celle de Shaked en ce qui concerne le système judiciaire. Au premier rang de ceux-ci sont les députés Yariv Levin et Zeev Elkin, qui auraient également été vus avec appréhension par les élites de la gauche si ils avaient été nommés à ce poste.

Toutefois, le Likoud contient également des éléments "pro judiciaires", le plus notable d'entre eux étant Benny Begin. Le premier ministre a placé Begin sur la liste du Likoud comme un appointement personnel, dans un geste qui a été considéré comme reflétant son aversion pour une confrontation directe avec le système judiciaire. Shaked ne répond pas directement politiquement à Netanyahou, et il sera beaucoup plus difficile pour lui de la contrôler qu'un homme du Likoud.

Suite à l'annonce lundi faite par Avigdor Lieberman que son parti Israël Beitenou ne fera pas partie de la coalition, le Likoud est devenu dépendant de Bayit Yéhoudi et de ses 8 sièges pour former une courte majorité de 61 sièges. Bennett a saisi l'occasion et annoncé que si Shaked n'était pas nommée ministre de la justice, Bayit Yéhoudi refuserait de rejoindre le gouvernement. Si cela s'était produit, Benyamin Netanyahou n'aurait pas été en mesure de présenter une coalition majoritaire au président Réouven Rivlin.

La date limite pour que Netanyahou pressente au président une coalition de 61 sièges est minuit ce soir (entre mercredi et jeudi). Si il ne le fait pas, le président pourrait se retourner vers Yitzhak Herzog (travailliste) pour former une coalition.

Après que Bennett ait annoncé son ultimatum concernant Shaked, Yariv Oppenheimer, chef de l'organisation d'extrême gauche "La Paix Maintenant" a tweeté : "Shaked comme ministre de la justice c'est comme placer une idole dans le Temple. Pas moins."

Le député travailliste Nachman Shai a également condamné le geste, en disant que "donner à Ayelet Shaked le portefeuille de la justice est comme donner les services de pompiers à un pyromane."