Politique Israël

L'ancien commissaire de police Roni Alsheikh a critiqué la soi-disant "loi Ben Gvir", qui permettra au ministre désigné de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, de prendre des décisions concernant la politique d'application de la loi par la police israélienne.

"La direction que prend Ben Gvir est un énorme danger pour la sécurité personnelle de l'État d'Israël. Il croit qu'il réussira, je veux lui dire quelque chose de nouveau : il ne comprend pas comment le faire", a déclaré Alsheikh dans une interview au journal Yediot Aharonot, qui sera publiée dans son intégralité vendredi.

Alsheikh a déclaré que si les accords entre Netanyahou et Ben Gvir avaient eu lieu pendant son mandat, il n'aurait pas accepté de rester en fonction.

"Si cette chose (loi Ben Gvir) devait se concrétiser [pendant mon mandat], j'aurais démissionné. Je n'accepterais pas d'être commissaire d'un parti politique. Je sais ce que dit la loi et le danger est très simple. Je peux garantir qu'il obtiendra le résultat inverse de ce qu'il recherche en matière de sécurité personnelle. J'essaie d'être pragmatique et non politique, car Ben Gvir ne m'intéresse pas."

Alsheikh a raconté la seule fois où il s'est entretenu avec Ben Gvir, en disant : "Je suis de droite, mais évidemment je n'ai pas voté pour lui. J'ai échangé peut-être une phrase avec lui. Quand j'ai terminé mon mandat, il m'a dit : ' Vous avez eu l'occasion d'avoir un mandat merveilleux et vous l'avez raté. Il voulait dire que je n'étais pas un commissaire qui mettait en œuvre son idéologie."

"Je suis préoccupé par le sort de l'État d'Israël", a déclaré l'ancien commissaire, qui a également été chef adjoint de l'Agence de sécurité israélienne (Shin Bet). "J'élève des petits-enfants ici, je veux qu'ils aillent au centre commercial et conduisent les routes en paix, et cela va être affecté. Lorsque le système d'application de la loi est soumis à une ingérence politique extérieure, alors ma confiance et la confiance de beaucoup des citoyens de l'État d'Israël chutera de façon spectaculaire, et quand elle chutera, nous serons dans l'anarchie ici."

Alsheikh a expliqué ce qu'il considère comme dangereux dans la vision de Ben Gvir. "Je veux que le public sache que lorsque l'application de la loi est entre les mains d'un parti politique, le résultat sera plus de violence et moins de sécurité personnelle, mais cette fois à une échelle différente. Et puis des milices indépendantes apparaîtront que personne n'a autorisées, et ils commenceront à surveiller. Et quand ils commenceront à tirer sur ceux qu'ils soupçonnent d'être des criminels, nous verrons ce qui se passera avec la police. C'est là que nous allons."

A la question de savoir si l'agenda politique de Ben Gvir envers le secteur arabe se reflétera dans le travail de la police, Alsheikh a répondu : "Il n'y a pas besoin d'agenda politique, le citoyen arabe chez lui a juste besoin d'écouter la voix de son politiciens, nos politiciens. La question est qu'est-ce qu'il comprend ? Si vous êtes venu l'aider - alors vous attendez de lui qu'il témoigne, qu'il ne démonte pas la caméra après un meurtre, qu'il ne nettoie pas la scène du crime. Qu'il coopère. Parce qu'au final, si la scène a été nettoyée et que les sacs à dos sont ramassés et que la caméra est démontée, alors la police est moins efficace."

À propos de la promesse de Ben Gvir de réduire la criminalité dans le sud, l'ancien commissaire a déclaré : "Très bien. Maintenant, disons que je suis un Bédouin dans le Néguev en ce moment. Qu'est-ce que le Bédouin comprend ? Que la police vienne le servir ou le combattre ? Est-il possible de lutter contre le crime - et non le terrorisme - sans la coopération de la population là où le crime se déroule ? Si vous annoncez que vous leur expliquerez qui est le patron, cela signifie que vous ne venez pas au service de la population du Néguev, mais que vous la marquez comme un combat contre lequel il faut lutter. Il n'y a pas d'autre façon de l'interpréter."