English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Israël : infos Société

La mosaïque des Chrétiens d'Orient

Récemment frappés par le tragique attentat d'Alexandrie ?21 morts et 90
blessés, les coptes d'Egypte et de la diaspora fêtent Noël le 7 janvier. Ce
jour est aussi celui de Noël pour les chrétiens orthodoxes de Jérusalem, de
Russie, de Serbie, de Géorgie et d'Ukraine qui, comme les coptes, n'ont jamais
admis le nouveau calendrier introduit en 1582 par le pape Grégoire XIII
(calendrier grégorien, aujourd'hui presque partout en usage) et ont gardé le
calendrier julien (remontant à Jules César). D'autres Eglises orthodoxes fêtent
cependant Noël le 25 décembre selon le calendrier grégorien. Il s'agit de
celles qui relèvent du patriarcat de Constantinople, de Grèce, de Roumanie, de
Bulgarie, puis des orthodoxes du Proche-Orient (Alexandrie, Antioche).

Les chrétiens d'Orient sont très divisés par l'histoire, la géographie, les
rites et les langues. L'Orient compte d'abord les trois Eglises orthodoxes dites
«pré-chalcédoniennes»: les coptes (7 millions) , les arméniens (5 millions),
les syriaques (800.000). Ces Eglises «monophysites» n'avaient pas approuvé les
conclusions du concile de Chalcédoine de 451 sur la nature à la fois divine et
humaine de Jésus-Christ.

Des divergences doctrinales qui se sont estompées à l'époque
moderne, à la faveur des rapprochements ?cuméniques. Il faut distinguer ces orthodoxes «pré-chalcédoniens»
des grecs orthodoxes du Proche-Orient, des orthodoxes de Russie, de Grèce ou de
Constantinople, qui sont le fruit d'un schisme plus tardif, le grand schisme
qui a séparé, en 1054, Rome (Occident latin) et Constantinople (Orient grec ou
byzantin). Schisme qui perdure en dépit de la levée des anathèmes dans les
années 1960 et d'un dialogue en dents de scie entre les orthodoxes et les
chrétiens occidentaux, catholiques et protestants.

Les trois Eglises orthodoxes dites
«pré-chalcédoniennes»

Les coptes sont la principale Eglise orthodoxe «pré-chalcédonienne»
et la plus grosse minorité chrétienne ?7 millions' du Proche-Orient. Leur nom
vient d'une déformation du grec aeguptos,
égyptien). Parce qu'ils avaient rompu
avec la chrétienté de Byzance (au concile de Chalcédoine) et étaient soumis aux
persécutions, ils ont accueilli les Arabes en libérateurs, qui leur ont donné
ce nom de coptes (qubt en arabe).

Les coptes sont très identifiés à l'histoire et à la culture égyptiennes et
déplorent d'autant plus aujourd'hui d'être traités comme des citoyens de
seconde zone et d'être devenus la cible des islamistes. Leur patriarche actuel, dit
patriarche d'Alexandrie, est le «pape» Chenouda III. Les coptes vivent en
Egypte ?où l'attentat récent a montré leur vulnérabilité face à un islam qui se
radicalise' et dans les diasporas égyptiennes d'Amérique (du Nord et du Sud),
d'Europe et d'Australie. Une minorité s'est séparée des coptes orthodoxes pour
rejoindre les catholiques de Rome, tout en gardant leur rite. On les appelle
les coptes catholiques ?environ 250.000, qui subissent les mêmes persécutions.

Les arméniens sont, par le nombre, la deuxième Eglise orthodoxe
«pré-chalcédonienne», présents surtout en Arménie, mais aussi au Proche-Orient
(Liban, Syrie). L'Eglise arménienne jouit d'un prestige particulier. Elle est
la première communauté chrétienne de l'histoire à s'être organisée en Eglise
nationale (au tout début du IVe siècle), sous l'inspiration de Saint-Grégoire
l'Illuminateur, d'où son nom d'Eglise «grégorienne». Elle a suivi la rupture
monophysite du Ve siècle pour des raisons d'indépendance culturelle autant que
religieuse. Les arméniens sont regroupés autour des patriarcats (appelés
«catholicossats») d'Etchmiadzine en Arménie et de Cilicie au Liban (Antelias).
Cette Eglise compte aussi sa minorité catholique.

Eglise de Kayseri en Arménie en novembre 2009. REUTERS.

Les Eglises orthodoxes de rite grec (byzantin)

En dehors de ces Eglises nationales pré-chalcédoniennes, il faut compter
avec les Eglises orthodoxes de rite grec (byzantin), selon la définition
du schisme du XIe siècle entre Rome et Constantinople. On appelle leurs fidèles
les grecs orthodoxes. Ils sont regroupés autour des centres antiques du
christianisme, appelés patriarcats,
déployés au Proche-Orient et en Afrique: Antioche, Jérusalem, Alexandrie. Le patriarcat d'Antioche, dont la langue courante
est l'arabe, mais le rite grec, compte une douzaine de diocèses en Syrie, au
Liban, en Iran, en Irak, dans la péninsule arabique et au Koweït.

Depuis la fondation de la «Jeunesse orthodoxe», dans les années 1940, les
grecs-orthodoxes ont joué un grand rôle dans les pays arabes. Aujourd'hui
encore, ils ont une bonne relation de dialogue avec l'islam. Mais eux aussi, en
raison des conflits proche-orientaux, de la situation économique et
sécuritaire, ont beaucoup souffert et émigré en Amérique et en Australie. Le
patriarche orthodoxe d'Antioche, Ignace IV Hazim, est un Arabe résidant à Damas.

Le patriarcat de Jérusalem compte
des fidèles dans la Terre sainte, en Israël, en Jordanie et dans les
territoires palestiniens. Il a un droit de regard sur l'Eglise du Mont-Sinaï en
Egypte qui abrite le fameux monastère de Sainte-Catherine. Sa hiérarchie
continue à être dominée par les Grecs, alors que les fidèles sont très
majoritairement arabes, d'où de fréquents conflits. Son patriarche réside dans
la ville de Jérusalem, où le nombre de chrétiens, tous rites confondus, est passé
de 50.000 dans les années 1950 à moins de 10.000 aujourd'hui. A Bethléem, on ne
compte plus que 15% de chrétiens contre 62% en 1990.

Le patriarcat d'Alexandrie comprend
une quinzaine de diocèses représentant les minorités de fidèles grecs d'Egypte
(à distinguer des fidèles de rite copte) et de Lybie, ainsi que des communautés
d'Afrique noire (Soudan, Ethiopie, Cameroun, etc). L'expansion missionnaire de
cette Eglise d'Alexandrie s'explique par l'attrait des populations africaines
pour le rite byzantin et par le souvenir négatif des vagues missionnaires et
colonisatrices venues d'Occident. Le siège du patriarche, Theodore II, est à
Alexandrie.

Dans ce panorama des Eglises d'Orient, il faut faire un sort à part aux
maronites, aux melkites et aux chaldéens.

Les catholiques maronites

Ils sont les héritiers des chrétiens qui ont
suivi au Liban, vers la fin du IVe siècle, le moine ermite Maron, mort en
410. Fidèles au pape et à Rome, leur histoire est prestigieuse. Face à
l'invasion musulmane, la «Montagne» libanaise est devenue le symbole de leur
résistance. Les maronites comptent dans l'histoire du pays du Cèdre jusqu'à la
guerre civile récente. L'une des voix les plus fortes du Liban indépendant est
celle du cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, patriarche maronite d'Antioche et de
tout l'Orient, qui réside à Bkerke, près de Beyrouth. Les maronites sont
environ 1 million au Liban et en diaspora.

Les catholiques melkites

Cette fraction de chrétiens du patriarcat d'Antioche restée fidèle
à Rome après le schisme de 1054 avec Constantinople vit en Syrie et au Liban, à côté des maronites. Les chrétiens du Liban
(maronites et melkites) ne sont plus que 1,5 million dans le pays, sur 4,5
millions d'habitants. Une importante diaspora libanaise s'est constituée en
Europe (55.000 en France), aux Etats-Unis, en Amérique du Nord et du Sud, en
Australie. Elle compterait 6 millions d'âmes, dont 2 aux Etats-Unis. Si le
président de la République du Liban est toujours un chrétien (une tradition
remontant à 1943), le pouvoir réel est désormais aux mains des musulmans
sunnites et chiites.   

Les catholiques chaldéens d'Irak

Leur nom vient de la
Chaldée antique (Babylone, Bagdad). L'Eglise assyrienne (chaldéenne) avait fait
sécession avec le reste de la chrétienté de Byzance dès le concile d'Ephèse en
431, divisé par le patriarche Nestorius, qui plaidait pour une nature séparée ?
divine et humaine ? du Christ. Cette Eglise assyrienne indépendante est à
l'origine d'une extension missionnaire jusqu'en Inde qui compte aujourd'hui une
minorité chrétienne de 3% d'habitants. Depuis appelée «chaldéenne», une fraction
de cette Eglise assyrienne a rejoint Rome à partir du XVIe siècle: c'est
l'Eglise catholique chaldéenne, encore majoritaire en Irak, où ses fidèles ne sont
toutefois plus que 500.000 environ (3% de la population irakienne), beaucoup
ayant fui les deux guerres d'Irak.

Messe à Amman pour les victimes de l'attentat de Bagdad en octobre 2010. REUTERS/Ali Jarekji

Il faudrait encore citer les chrétiens de rite latin (catholiques), dont la
principale figure est le patriarche latin de Jérusalem, et la variété des
affiliations protestantes présentes aussi en Orient. Au delà de ces
spécificités confessionnelles et rituelles ? qui peuvent paraître archaïques,
mais sont, pour ces minorités, autant de moyens d'affirmer leur enracinement,
la plupart des patriarches et évêques orientaux encouragent leurs fidèles à
rester au pays, à militer pour la démocratie, la paix, le développement et à
cohabiter avec les musulmans. Ces minorités jouent un rôle d'équilibre dans une
région menacée par la montée des violences et des extrémismes religieux, dans
des pays épuisés par la guerre et les désastres économiques.

Henri Tincq

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 16 minutes