English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Israël : infos Société

Jean Paul II béatifié à la vitesse de la lumière

La procédure n'a pas traîné. Six ans et un mois seulement après sa mort le
2 avril 2005, le pape Jean Paul II sera béatifié à Rome le 1er mai
2011. Le décret validant le miracle attribué à Karol Wojtyla et mettant fin à son procès de
béatification, a été signé le 14 janvier par Benoît XVI. Jamais, de toute
l'histoire de l'Eglise, une béatification n'avait été aussi prompte. Jean Paul
II fait même mieux que Mère Teresa qu'il avait lui-même béatifiée six ans et deux
mois après la mort de la religieuse de Calcutta en 1997. La vitesse avec
laquelle la «cause» de Karol Wojtyla a été traitée en dit long sur sa
popularité intacte et son rayonnement. A personnalité exceptionnelle,
procédure  exceptionnelle, commente-t-on
à Rome. Cette béatification devrait être unanimement saluée chez les
catholiques et surtout en Pologne.

Dès le jour de ses obsèques sur la place Saint-Pierre à Rome, des
banderoles «santo subito» («saint
tout de suite») étaient sorties des rangs des fidèles, rappelant l'antique
tradition des sanctifications plébiscitaires. Dans les semaines qui ont suivi,
la presse italienne débordait aussi de récits de miracles attribués à Jean Paul
II. Son secrétaire privé, Stanislas Dziwisz, aujourd'hui archevêque de
Cracovie, racontait lui-même la guérison d'un milliardaire américain juif qui
avait assisté à la messe du pape à Castelgandolfo, sa villégiature d'été.

Une agonie insupportable

Benoît XVI, pourtant féru de discipline dogmatique, avait cédé à la
pression populaire et, le 13 mai 2005, quarante-deux jours seulement après la
mort de son prédécesseur, avait décidé d'ouvrir sa cause de béatification. Or,
selon la règle de l'Eglise, un délai de cinq ans après le décès de l'aspirant à
la sainteté doit être respecté pour laisser retomber l'émotion populaire. Pour
Jean Paul II, l'Eglise violait sa propre tradition.   

L'ensemble du procès a ensuite progressé dans des conditions de rapidité
parfois suspecte, contrastant avec la lenteur de certains dossiers empilés à la
congrégation de la cause des saints à Rome. La première étape est l'examen de
l'«héroïcité des vertus» du futur bienheureux: on examine sa réputation de
sainteté et la manière dont il a vécu sa foi chrétienne, sans jugement sur la
dimension politique de son ?uvre (d'où la confusion qui s'est installée à
propos du projet de béatification de Pie XII). L'enquête sur Karol Wojtyla a
été diligentée d'abord en Pologne, puis à Rome et, dès décembre 2009, Benoît
XVI signait le décret reconnaissant l'«héroïcité des vertus» du pape polonais.

Restait à trouver un miracle, condition nécessaire pour une béatification.
Une canonisation exige un deuxième miracle. Le sort est tombé sur une
religieuse française malade, S'ur Marie Simon-Pierre, 49 ans, dont la «guérison»
fut foudroyante. Elle appartient à la congrégation des Petites s'urs des maternités
catholiques. Comme Jean Paul II, elle était atteinte d'une maladie de Parkinson
diagnostiquée en 2001: raideurs, impotence. Sage-femme dans une clinique près
d'Aix-en-Provence, elle ne pouvait plus se servir de ses mains.

L'agonie télévisée de Jean Paul II lui devenait
insupportable. Elle y devinait son propre avenir: fauteuil roulant et
paralysie finale.  Le 2 juin 2005, deux
mois jour pour jour après la mort du pape, elle donnait sa démission à sa
supérieure, qui lui demanda alors d'écrire sur un papier le nom de Jean Paul
II. S'ur Marie Simon-Pierre s'exécute: «J'ai
écrit en le suppliant, mais c'était illisible.» Le soir même, elle entend
une voix intérieure qui lui demande de reprendre son stylo. Et là, miracle, son
écriture redevient lisible. A 4 heures du matin, elle se lève d'un bond et
fonce à la chapelle: «Mon corps n'était
plus le même. Mon bras s'est remis à marcher. Ma main gauche ne tremblait plus.
Mon stylo courait sur le papier», expliquait-elle en 2007 à quelques journalistes.
Au petit-déjeuner, ses difficultés d'élocution disparaissaient devant ses s'urs
extasiées.

1.300 béatifications en vingt-six ans

Dès le lendemain, la jeune parkinsonienne arrêtait
tous ses traitements et médicaments et reprenait ses accouchements. Elle exerce
depuis à la maternité Sainte-Félicité à Paris. Dès la nouvelle de cette «guérison inexpliquée», un dossier
parvenait à Rome, qui se mettait aussitôt à mobiliser des juges et des experts,
des neurologues et des psychiatres. Pour Marie Simon-Pierre, le doute n'est pas
permis: Jean Paul II l'a «guérie» pour qu'elle puisse poursuivre sa mission de
faire naître des enfants. Double miracle donc: la guérison et la défense de la
vie dont ce pape fut l'avocat intraitable.

On comprend mieux pourquoi Mgr Slawomir Oder, le
«postulateur» polonais de la cause de Karol Wojtyla, a porté son choix du
miracle sur la religieuse française. Et, après trois ans d'enquête, confirmée
par les commissions de médecins et de théologiens qui ont approuvé la sentence
de façon unanime, sa guérison a été estimée, en décembre 2010, «scientifiquement inexplicable» par le
professeur Patrizio Polisca, président de l'instance compétente à la
congrégation de la cause des saints et médecin particulier de Benoît XVI.

Dès lors, plus rien ne pouvait arrêter la machine permettant
à Jean Paul II d'être béatifié dans des temps records.

Lui-même avait établi des records: plus de 1.300 béatifications
en vingt-six ans de règne et 482 canonisations. Jamais l'ascenseur pour le Ciel
n'avait aussi souvent et aussi promptement fonctionné que sous Jean Paul II,
désireux de proposer au monde des modèles de sainteté. Jean-Paul II ratifiait
des cultes déjà très populaires comme celui du dévot prêtre italien, Padre Pio,
ou d'une icône mondiale de la charité comme Mère Teresa.

D'autres choix furent plus contestés: Jose Maria
Escriva de Balaguer, fondateur espagnol de l'Opus Dei, canonisé seulement après
27 ans d'enquête; Edith Stein, juive allemande convertie, devenue carmélite et
assassinée en 1942 à Auschwitz, dont la béatification en 1987 avait suscité de
vives réactions dans la communauté juive. Une Thérèse de Lisieux (1873-1897)
est devenue sainte 28 ans seulement après sa mort, alors que Jeanne d'Arc
(1412-1431), patronne de la France, avait dû attendre cinq siècles avant de figurer
au calendrier des saints.

Henri Tincq

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 29 minutes