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Israël : infos Société

Pourquoi parle-t-on de printemps des peuples arabes'

«Printemps égyptien», «printemps arabe», «printemps des peuples arabes»... à force d'entendre
ces expressions printanières fleurir
dans la presse, on en oublierait presque que les révoltes populaires du monde
arabe se déroulent en plein hiver. L'agitation a commencé toute fin décembre en
Tunisie, en janvier pour l'Egypte, en février en Libye et au Bahreïn.

Alors pourquoi
utiliser cette expression pour parler des soulèvements dans ces pays' Les
journalistes et les hommes politiques, comme Nicolas Sarkozy quand il parle de «printemps des peuples arabes»
au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) le 9
février 2011, ont-ils oublié que le printemps commence le 21 mars' Font-ils des
parallèles historiques ou se sentent-ils simplement pousser des bourgeons
lyriques'

Un cliché
politique et journalistique

Ce n'est pas la
première fois que l'expression éclot dans l'espace public. En février 2005,
George W. Bush avait qualifié de «printemps arabe» les premières
élections en Irak et les manifestations au Liban. Pour le président américain, dont la promotion de la
démocratie représentait l'axe principal de la politique étrangère, c'était une
manière de s'associer au souffle de ces événements.

Les médias
s'étaient alors saisis de cette expression lyrique; ils se sont empressés de
faire de même début 2011. Les journalistes avouent: ils se reconnaissent
coupables du crime de cliché. Le «printemps
des peuples» est devenu une expression
journalistique un peu facile, ressortie dès qu'il y a un signe de soulèvement
populaire à connotation démocratique (et si possible, en début d'année, dans
l'hémisphère nord).

Petites fleurs et
grandes espérances

Les journalistes
l'emploient d'abord pour son côté métaphorique. Vincent Hugeux couvrait les
événements en Egypte pour L'Express. Dans un article, il évoque le «grand nettoyage» du «printemps égyptien» sur la place Tahrir
au lendemain du départ de Hosni Moubarak.  

«C'est
une image simple qui me paraît directement compréhensible pour les lecteurs,
explique le grand reporter. Je l'ai
choisie parce que quand on était place Tahrir, il y avait vraiment quelque
chose de l'ordre de l'éveil.»

Même écho du côté de Pierre Haski, cofondateur de Rue89, qui a lui aussi utilisé
l'expression à plusieurs reprises:

«Dans
l'esprit du lecteur, le printemps évoque le renouveau. C'est ce qui se passe en
Egypte et en Tunisie, c'est un printemps abstrait, peu importe qu'on soit en
février.»

Michel Colomès s'amuse également de ce «printemps en hiver» dans Le Point.

Les symboles,
peut-être convenus, mais intelligible par tous, du printemps, de l'éclosion, du
réveil (de la nature et des consciences), des petites fleurs et des oiseaux qui
chantent, de la vie qui renaît après un long hiver, de l'espoir, apparaissent
dès l'Antiquité, avec Lucrèce, le philosophe et poète épicurien, qui célébrait
dans Hymne à Vénus la
déesse qui symbolise le printemps. Dans ce poème, le printemps renferme les
notions de fécondité, de paix tranquille, mais aussi de
libération.

Ainsi, l'élan
vers la liberté des sociétés arabes après une période de pesanteur politique
sera appelée «printemps». Les
journalistes y accolent l'expression «des
peuples», car ce sont les citoyens et non l'appareil d'Etat qui se
réveillent. Par souci de compréhension ?et aussi par esprit grégaire', journalistes
et hommes politiques veulent se fixer sur une même terminologie pour qualifier
cet événement.

Le printemps des
peuples de 1848

Mais pour Akram
Belkaid, journaliste notamment pour SlateAfrique, l'expression a beau être une «facilité journalistique», elle n'en
demeure pas moins «acceptable»
puisque qu'elle fait allusion à des événements historiques:

«L'expression fait référence au ?printemps des peuples' de 1848, à des
valeurs universelles, comme celles de la Révolution française de 1789
auxquelles nous, arabes, avons aussi droit d'accéder. On se révolte pour notre
dignité, on chasse un tyran, cela dépasse les nationalités.»

Petit rappel des
faits. En 1848, une série de révoltes populaires éclatent en Europe. En
février 1848, à Paris, les libéraux se soulèvent contre le roi Louis-Philippe;
après quelques semaines de révolution, il abdique et un gouvernement provisoire
républicain est instauré. Il donnera naissance à la IIe République.

A l'image des
Français, les nationalistes libéraux de Varsovie, Prague,
Vienne, Berlin ou encore Budapest, se révoltent contre les empires austro-hongrois
et russe dans le but de créer des Etats-nation. L'histoire retiendra ces
événements comme le «printemps des
peuples».

Les révoltes
arabes y sont comparées par des historiens pour
trois raisons. Tout d'abord, dans l'Europe de 1848 comme dans le monde arabe de
2011, des peuples souffrant de conditions politiques et sociales insupportables
se révoltent contre un régime car il y a «une aspiration à la liberté», «une volonté identique
de se réapproprier une liberté individuelle», dit l'historien
Benjamin Stora.

De plus, une
révolte semble à chaque fois en provoquer une autre dans un pays voisin, c'est
la loi des séries ?ou, pour employer une expression de la Guerre Froide
également resservie, un «effet domino». De
la même manière, les métaphores climatiques reviennent souvent dans l'histoire
de la Guerre Froide, avec, par exemple, une expression comme le «dégel».

Enfin,
2011 comme 1848 sont des
révoltes de la faim, comme l'analyse
Philippe Chalmin, historien à l'université Paris-Dauphine.

Peu importe si les
révolutionnaires de 1848 qui agissaient poussés par des aspirations socialistes
sont de très lointains ancêtres avec l'état d'esprit des révolutionnaires
arabes. Les quelques similitudes feront le travail: y compris les tentations
non démocratiques qui traversent les pouvoirs en place.

«Nous nous sommes dit que l'expression convenait, notamment car en 1848, le
?printemps des peuples' n'a pas débouché sur une démocratie en France - où
Bonaparte a fait un coup d'Etat, ajoute Gaïzz Minassian,
chef d'édition de la chaîne Idées du Monde.fr.
De même, l'issue des révoltes actuelles est incertaine: en ce moment les armées
sont très présentes en Egypte et en Tunisie.»

Printemps de
Prague, de Budapest, de Pékin, etc

Et même si le
public a oublié ses cours d'histoire, la réutilisation fréquente de ces
expressions permet de les rapprocher d'événements plus récents.

Pierre Haski admet que «1848 (?) n'est pas ce à quoi (il) voulai(t)
faire référence» ?une position partagée
par Vincent Hugeux. L'expression «printemps de» a en effet été réutilisée sans
strictement faire référence aux saisons officielles.

Pendant la Guerre Froide, on a
parlé de «printemps de Budapest», lorsque des
militants hongrois ont lancé en octobre 1956
une révolte contre les Russes et pour un socialisme modéré.

De même, de
février à août 1968, les Tchécoslovaques se sont révoltés pour obtenir des
libertés individuelles et pour un «socialisme à visage humain»: c'est le
Printemps de Prague (bien plus présent dans les esprits actuel que le printemps
des peuples de 1848).  

On parlera encore
de «Printemps de Pékin»
avec la révolte étudiante qui a abouti au massacre de la place Tiananmen et
lors des différentes révoltes populaires qui ont précipité le démantèlement
populaire de l'URSS.

Le «printemps
politique» en vient à uniquement qualifier des élans populaires spontanés et inattendus qui tendent vers
des valeurs considérées comme positives, comme la liberté (et plus
particulièrement les libertés individuelles) et la démocratie.

Pourtant, la
métaphore des saisons pour parler de politique semble inappropriée. La saison symbolise
l'éternel retour, un phénomène absolument pas inattendu et sur lequel l'homme
n'a pas de prise.

Or, comme l'écrivait Raymond Aron, «l'histoire
est libre et imprévisible comme l'homme lui-même»: les révolutions du monde
arabe ont surgi brutalement.

Toujours mieux que
«révolution de jasmin»

L'appellation
«printemps des peuples» vaut toujours mieux que les noms floraux ou
folkloriques qui sont donnés habituellement aux révoltes (lire à ce sujet
l'article de Slate Révolution ou garden party').
Quelques
semaines après les événements, les journalistes font leur mea culpa. Appeler «révolution du jasmin» les
manifestations en Tunisie alors que la répression du régime de Ben Ali a fait
plusieurs morts paraît déplacé. De même, les Egyptiens refusent également d'appeler «révolution
du lotus» le soulèvement qui a fait fuir Hosni Moubarak et qui a coûté la
vie à plusieurs d'entre eux.

Nina Montané 

L'explication remercie Gaïzz Minassian, chef d'édition de la chaîne Idées
du Monde, Pierre Haski, rédacteur en chef de Rue 89, Vincent Hugeux, grand
reporter à l'Express, Akram Belkaid, journaliste indépendant, Dominique Colas,
historien spécialiste de l'Europe centrale, Yves Santamaria, historien (IEP de
Grenoble), Laurence Hansen-Love, professeur de philosophie au lycées Buffault
et Jules Ferry, et Jean Véronis, linguiste et professeur à l'université de
Provence.

Vous vous posez une question sur l'actualité? Envoyez un mail à explication @ slate.fr.

 

7 commentaires
Ou sont les responsables des droit de l HOMME, Pourtant se sont des arabes qui son tuer. On dirait que ses arabes la ! il sont une sang différant que les palestiniens. A j oubliai c est des arabes qui tue des arabes mais si c est Israël qui tu un arabe alors la ! vous avez tous les pays d Europe qui pleure, qui nous traite de criminel. Ou est! La belge, ou est le sud africains qui a condamne Israël de crime de guerre. On voit très bien que toutes ses Organisations que ca soit ONU, Droit des Hommes, sont vraiment anti-Israël. Ils le montrent.
Envoyé par Moshe_012 - le Mardi 22 Février 2011 à 18:26
une aproche du contenu de cet article non feconde voire sterile pour ne pas dire de la qualifier d'hypocrite.....reveillez vous svp et souhaitez la bienvenue aux nouvelles democraties qui auront des roles objectifs certainement mais pour reussir il faudrait instaurer la laicite en Israel comme pourrait vs l'expliquer mr benjamin stora l'algerien sefarade.....ouvrez vos coeurs et evitez ces comportements certainement les peuples vs aimeront
Envoyé par Mounir_005 - le Mercredi 23 Février 2011 à 16:30
Les arabes ne savent pas ce qu'est le printemps Moshe .Connais-tu le dicton qui dit:" La seul fois qu'on a donné une rose à un âne pour la sentir, il l'a mangé".
Envoyé par Saoud - le Mercredi 23 Février 2011 à 19:44
Va mounir Rigole
Envoyé par Elie_010 - le Mercredi 23 Février 2011 à 20:29
@ Elie_010 Rigole
Envoyé par Julie_009 - le Mercredi 23 Février 2011 à 21:33
Le compte de ce membre a été suspendu.
Envoyé par Aleksander - le Mercredi 23 Février 2011 à 23:15
C'est vrai que, sans remonter jusqu'à l'ouvrage le plus vendu et le plus réimprimé du XIXè siècle ( " La France juive " , d'Edouard Drumont ), le " Dictionnaire de la Vie politique française, d'Henry Coston , ne s'est pas mal vendu.

Quant à ,l' " antrisme " ( sic ) - alias l'entrisme, du verbe " entrer " - il ne concerne pas que ces " contrées " arabes. Par exemple, certains " entreurs " ont fait une belle carrière : le trotskyste Lionel Jospin a failli devenir Président de la République. Autre " entreur " , le trotskyste Edwy Plénel avait réussi à contrôler " Le Monde " .
Envoyé par Edmond_002 - le Mercredi 23 Février 2011 à 23:30
Membre Juif.org





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