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Israël : infos Société

Non, le multiculturalisme français n'est pas un échec

Au début du XXe siècle, certains
Américains se sentent exclus de la société à cause de leurs origines. C'est particulièrement
vrai pour les Américains d'origine allemande: à l'époque, l'opinion veut qu'ils
soient incapables de s'intégrer, leur culture d'origine étant «trop éloignée»
de la culture américaine. En 2011, cela paraît tout à fait ridicule, mais à l'époque
les German-Americans sont
vraiment discriminés, pointés du doigt et leur culture d'origine est regardée
avec mépris par les Wasp (Anglo-saxons blancs protestants, la classe dominante).

Des intellectuels d'origine allemande vont
alors théoriser que l'identité américaine est le résultat de toutes ces
identités, chacun pouvant s'approprier ce que bon lui semble. Ce qui constitue
l'identité américaine n'est pas uniquement l'héritage anglais ou hollandais,
mais le mélange particulier de toutes les cultures, chacun apportant sa pierre
à l'édifice commun. Politiquement, ils avancent l'idée que chacun devrait
pouvoir participer au fonctionnement de la Cité, et que les minorités sont
l'expression de la diversité du peuple.

La force de la diversité

En d'autres termes, la diversité américaine
n'est pas un danger pour la société, l'économie et la démocratie; c'est
une force. Chacun apporte le meilleur de sa culture d'origine, se sert du
meilleur de la culture des autres, et la culture commune est le résultat de ces
améliorations individuelles et collectives.

Le multiculturalisme américain est une
évidence, et en plus il marche: malgré la désindustrialisation, la corruption,
la confiscation du politique par les très riches et la violence des inégalités,
les États-Unis restent un géant économique et culturel. Une grande partie de
cette richesse est due à cette impressionnante capacité à gérer les
différences.

En Europe, le pays sociologiquement le
plus multiculturel est, de loin, la France. Peu de pays ont réussi à faire
vivre en bonne intelligence des gens d'origines aussi diverses que les Bretons,
les Corses, les Juifs russes, les Alsaciens, les Pieds-Noirs, les Africains,
les Basques, les Italiens, les Algériens, les Poitevins, les Bourguignons ou
les Arméniens. Je ne vais pas tous les nommer: toutes les familles françaises
sont issues de ces mélanges à des degrés divers, et cela ne choque personne.
Chacun a eu la possibilité d'amener ses gènes, sa musique, sa cuisine, ses
idées et même sa religion, c'est ce qui fait que, relativement à notre taille,
nous restons un pays influent. La France est d'autant plus excitante et
créative qu'elle a réussi à laisser les gens se mélanger à leur manière avec
qui ils veulent. C'est loin d'être toujours le cas ailleurs.

Tout le monde trouve que l'histoire
d'Ernest Renan sur la Nation comme désir de vivre ensemble sur un territoire
donné est devenu ringard, mais je trouve que c'est un concept très fort, et qui
marche, plus que jamais. La plupart des pays européens sont en train de
réaliser que la seule façon d'intégrer tous les habitants de façon harmonieuse
reste le modèle français d'intégration. Une nation qui n'est pas fondée
uniquement sur le sang ou l'appartenance ethnique, mais sur une pratique
collective, est sujette à moins de tensions.

Le contre-exemple néerlandais

Pour le formuler autrement: le
multiculturalisme à la française ou l'américaine est le moyen le plus efficace
de gérer la diversité.

Il existe une troisième voie. Autre pays
européen estampillé «multiculturel», les Pays-Bas. Le terme «multiculturalisme» a été importé des États-Unis mais n'a jamais couvert l'idée de creuset à
l'américaine, où chacun apporte un peu de sa culture d'origine pour mieux se
fondre dans une culture collective. Au contraire: l'assimilation par mariage
est encore largement impensable, et la culture nationale est largement associée
à un seul groupe ethnique. La société néerlandaise a réussi à survivre aux
conflits entre religieux et laïques du début du XXe siècle en se divisant en
piliers afin d'éviter la guerre civile. C'est ce qu'on appelle le
compartimentage (verzuiling).

Alors qu'en France les laïcs ont gagné
contre la puissante Église catholique et ont imposé la laïcité telle qu'on la
connaît, aux Pays-Bas aucun des quatre groupes principaux (socialistes,
catholiques, protestants et libéraux) n'a eu la force de dominer les autres. Le
pouvoir politique a donc été partagé équitablement, ainsi que la plupart des
lieux de pouvoir et des prérogatives étatiques (santé, éducation, médias,
partis politiques, etc.). Chacun est resté dans sa communauté, et les tensions
sont restées gérables.

Le pays s'est ensuite fortement
sécularisé, à tel point que les chrétiens se sont retrouvés en minorité à
partir des années 1970. L'idée d'un multiculturalisme néerlandais a été lancée
par ces mêmes chrétiens: cela permettait certes de gérer les travailleurs
marocains et turcs qui venaient construire le pays, mais aussi de revendiquer
pour eux-mêmes une grande part du pouvoir, largement supérieure à leur assise
réelle dans la société. Puisque la société néerlandaise est multiculturelle, il
faut respecter ses différentes composantes, en particulier les chrétiens. On a
donné de l'argent aux migrants, pour qu'ils construisent des mosquées et y
restent, et surtout qu'ils ne se syndiquent pas ni ne s'investissent en
politique. Tout le monde était content ainsi.

Dans la réalité, donc, la société
néerlandaise n'a jamais été multiculturelle. En tous cas pas au sens originel,
et certainement pas au sens français du terme. Il y a eu cohabitation entre
plusieurs groupes religieux et ethniques, mais la culture nationale et les lieux
de pouvoir ont toujours été dominés par les élites hollandaises
traditionnelles, surtout protestantes d'ailleurs. Il ne serait venu à l'idée de
personne de réellement faire de la place pour les Turcs et les Marocains. Le
multiculturalisme néerlandais ressemble plus à une forme douce d'apartheid qu'à
un creuset, avec plusieurs catégories de citoyens dont le degré de
participation à la culture ou à la politique est déterminé par leur origine
ethnique ou religieuse.

Ce modèle a d'ailleurs été remis en
question depuis une dizaine d'années. On a reproché à la gauche et aux
«multiculti's» d'être naïfs, de sous-estimer l'échec de l'intégration des Turcs
et des Marocains (regroupés sous le terme de «musulmans»), et d'avoir honte de
la langue et de la culture néerlandaises. C'est vrai qu'on n'a jamais trop
demandé aux Turcs ou aux Marocains de maîtriser la langue et de participer à la
vie de la cité, et qu'eux-mêmes ont vite renoncé à faire de l'entrisme. 

Dans les faits, ce constat d'échec a
surtout servi à humilier les migrants et récolter les voix des Néerlandais des
classes inférieures qui se sont empressées de voter pour Pim Fortuyn ou Geert
Wilders. Les mesures d'intégration prises par les différents gouvernements de droite
ont surtout eu pour effet d'humilier des groupes déjà fragilisés par le chômage
et les discriminations. La société batave (samenleving
en néerlandais, littéralement le «vivre ensemble») n'a nullement profité de
cette politique musclée et bruyante, pour la simple raison que l'intégration ne
se décrète pas, elle se vit au quotidien.

Monsieur le Président...

Présenter le «multiculturalisme»
néerlandais comme un échec est une grossière erreur: non seulement la vieille
élite blanche masculine protestante hollandaise n'a jamais partagé le pouvoir
ni ouvert la culture nationale aux minorités, mais elle a même énormément
ralenti le processus naturel d'intégration des différents groupes et cultures
par ses actions. Par contre dire que l'apartheid à la hollandaise est un échec,
c'est une évidence. Les apartheids sont à terme tous condamnés, où qu'ils
soient.

En France, si on cherche bien à
comprendre en quoi «le multiculturalisme à la française est un échec» selon les mots
de Nicolas Sarkozy, on trouve que le plus gros problème est le monoculturalisme
de la classe dominante. Alors que la société française a brillamment intégré
tous les Français, créant de fait une culture diverse, inspirée et excitante,
nos amis des partis gouvernementaux ont surtout cherché à diviser
artificiellement les Français en fonction de leur couleur de peau, leur
religion ou leur classe sociale.

S'il advenait à Nicolas Sarkozy de me
lire, voilà ce que j'ai à lui dire:

«Non, Monsieur le Président, le
multiculturalisme n'est pas un échec en France. C'est un succès que beaucoup
nous envient. Vous êtes vous-même un produit de ce multiculturalisme et vous
devriez en être particulièrement fier. Vous semblez ne pas avoir compris que la
nation française est par essence multiculturelle. Par vos mots et vos actions,
vous mettez en danger cette faculté à vivre ensemble. Au lieu de dire que le
multiculturalisme français est un échec, vous devriez admettre que vous n'avez
pas encore réussi à apprécier la diversité du Peuple français ou que vous
n'avez pas encore trouvé comment l'utiliser pour être réélu. Je trouve indigne
du Président de tous les Français de rejeter ainsi une tradition multiséculaire
qui est l'essence même de notre nation: nous sommes Français avec nos
différences, et au-delà de nos différences.»

Laurent Chambon

1 commentaire
Laurent Cambon vous vous trompez, Si par le passé la France a réussi a intégrer des populations étrangères c'est parce qu'elles étaient proches culturellement des Français, Italiens Espagnols, Portugais sont des latins catholiques, polonais, Belges , Allemands et juifs de tous pays sont également très proches. Par ailleurs ces populations étaient bien moins nombreuses et les courants migratoires se son étales sur de nombreuses années.Enfin les générations suivantes se sont assimilées, on ne peut pas vraiment parler de multiculturalisme.
Aujourd'hui les immigres sont originaires du Maghreb et d'afrique, leur culture est tres différente et leur religion essentiellement musulmane renforce leur particularisme. Leur nombre etant extremement important il leur est impossible de s'integrer et la societe se communautarise avec le rejet des uns et des autres.En consequence le multiculturalisme est un echec et il faut etre dans sa bulle pour ne pas le voir
Envoyé par Frank Samuel - le Mardi 5 Avril 2011 à 09:15
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 10 minutes